Double Face | YANDERE DAZAI

Chapitre 25 - Le poison d'affection

Les jours s'écoulèrent atrocement après cet échec...

Shinju les voyait défiler face à elle comme des images qu'on lui affichait pour l'instruire. En effet, chaque jour, elle assistait aux éloges, aux craintes et aux discours de Dazai, sans pouvoir résister ni y échapper. Elle songeait pourtant souvent à retenter la fuite... mais avait bien trop peur à l'idée que l'autre ne décide de la dissuader plus sévèrement. Il agissait avec une sournoiserie effrayante, esquissant ses plus beaux sourires et ses gestes charmeurs, mais si jamais elle voulait s'éloigner de lui pour de bon, il sortirait ses meilleurs plans... cela juste dans le but de la garder avec lui.

Il était arrivé à un stade inquiétant et Shinju savait qu'elle devait rester sur ses gardes. Le début de leur relation s'était annoncée comme un peu compliqué au vu de sa possessivité, mais à présent elle était sûre plus que jamais qu'il n'était pas juste question de ça... il était complètement obsédé par elle ! Tout cela était venu au fur et à mesure, s'aggravant au fil du temps.

Elle ne devait pas l'abandonner, et il lui répétait qu'il mourrait de chagrin si elle le faisait. Celle-ci dysfonctionnait totalement, en raison de l'amour encore présent dans son cœur et l'obsession bien trop grave qui étouffait le tout. Elle n'arrivait en plus de ça, toujours pas à se remettre de ce qu'elle avait vu cette nuit-là, le cadavre d'Akira se baladait dans son esprit et la surprenait dans des visions incontrôlables. Non, elle ne devait pas rester ici, et encore moins avec un criminel aussi cruel et sans pitié que Dazai ! Le soir, dans son sommeil léger, son cerveau lui criait de s'en sortir, de le dénoncer, de fuir à nouveau, sauf que Shinju savait à quel point ça serait dangereux. L'homme prévoyait tout, avait de l'avance à chaque fois... elle ne lui arrivait pas à la cheville de côté-là.

La jeune ne comptait plus les multiples craquages dus à la pression, les traumas et le stress ancré en elle qui l'accablaient. Dazai venait toujours dans ces pires moments pour la combler de tendresse et lui répéter qu'il était là pour elle, qu'ils étaient fait pour vivre et mourir ensemble. Il s'arrangeait aussi pour glisser ces idées suicidaires dans d'autres instants, évoquant la poésie qui se dissimulait sous cet acte de mettre fin à ses jours. La femme, ne pouvait rien répondre à cela connaissant la nature de son amant, mais c'était bien lourd.

Elle-même sentait ces premières vraies idées noires s'instaurer...

Alors, elle laissait Dazai la briser, la cajoler, appréciant la moindre attention, si sensible à l'heure qu'il était. Il adaptait la jeune à son amour à lui, tordant son cœur en douceur, torturant son esprit à petit feu et cela en répétant ces mots éternels : Je t'aime.

Une nuit, Shinju se réveilla, comme un cadavre qui sortirait de sa tombe. Elle s'extirpa lentement, rampant presque sur les draps froissés jusqu'à toucher le sol de ses pieds. Dans le noir, la jeune n'eut pas besoin de chercher à l'aveugle la porte, elle connaissait par cœur cet endroit, l'habitude d'y loger sans aucun doute. Une vie répétitive entre ces murs gorgés de sang, le sol tapi de poison et l'air rempli de la senteur d'amour émanant du deuxième habitant des lieux.

La chambre passée, elle traversa ensuite le corridor en quête de la grande fenêtre du salon. Elle ressentait plus que jamais le besoin de respirer la froideur pure de la nuit et n'arrivait plus à dormir. En arrivant à destination, elle ouvrit la fenêtre et inspira profondément. Un silence tristement pesant écrasait le corps frêle de Shinju. Dans ce faible froid dépourvu de lumière, face à la nuit, elle réfléchissait, à sa vie jusqu'ici. Elle savait qu'elle n'était pas heureuse, qu'elle ne l'avait jamais été, avant et après avoir rencontré Dazai. Un amour fort qui l'attirait, mais c'était tellement nocif, une confiance qui était fragile, au point de l'endormir de force pour qu'elle ne se fasse pas draguer par un autre, tuer des innocents et manquer de l'éliminer elle aussi dans un accident bien concocté. Résultat, elle avait changée pour lui, s'était isolée pour lui... mais jusqu'où pourrait-elle aller pour lui ? Elle l'aimait et ne comprenait pas ses gestes, bien qu'il n'était en aucun cas violent, il était doux, aimant et terriblement dévoué. Au fond, elle se demandait bien de quoi elle se plaignait. Elle-même ne savait plus, sa vie défilait juste comme ça... en continu. Et cela depuis des jours et des jours après ce meurtre atroce.