Chapitre 23 - Décision difficile

28 8 2
                                    

Il les a tué.

Kenzo est mort, Akira est mort...

Elle n'avait jamais souhaité malheur à aucun des deux, même si l'écrivain lui avait causé beaucoup de tord. Son propre ami avec qui elle s'entendait bien, un innocent... Dazai y était allé de sang-froid et ce fait nouait sa gorge. Shinju n'aurait jamais pensé qu'il serait capable d'une telle chose et encore moins qu'elle se retrouve face à ça. Elle qui avait cauchemardé plus tôt, s'était inquiétée d'une potentielle obsession morbide, voilà que tout devenait réalité. C'était plus clair mais bien pire que tout ce dont elle avait pu ressentir par le passé. Shinju vivait déjà avec la culpabilité d'un suicide sur ses épaules, et à présent ces deux autres morts la hantaient. Elle savait que Dazai avait agi à cause de son amour, et indirectement elle s'en voulait. Il était fou d'elle et leur rencontre avait déclenché ce cercle funeste, mêlant jalousie, paranoïa et même meurtre.

C'est de ma faute. Parce qu'il m'aime...

Elle sentait le reste de son corps anéanti par ce poids douloureux, écartelée entre l'amour réel qu'elle avait pour lui et cet acte impardonnable. Shinju sentait maintenant une peur plus affirmée vis-à-vis de lui et n'arrivait plus à comprendre, elle voulait le fuir, même s'il lui assurait qu'il ne la toucherait jamais. Pourquoi aimait-elle encore cet homme ? Il l'avait brisé, accaparé, manipulé... cajolé, aimé, choyé. Elle n'en pouvait plus, et se trouvait si idiote d'avoir été si malléable entre ses mains, elle était juste faible – comme ce qu'on lui avait toujours dit -.

Ce soir, elle avait dû rester près de lui, ayant encore peur qu'il ne décide de commettre autre chose, tenant à sa vie. Au fond, elle voulait de lui malheureusement et avait accepté ce souhait. Dazai instaurait sans cesse cette impression indispensable qu'elle comptait pour quelqu'un, abandonnée par trop de personnes et en ça elle ne pouvait rien y faire. 

Elle demeurait avec lui, qui dormait dans un sommeil profond, tandis que le corps encore sanglant d'Akira harcelait Shinju. Impossible de dormir et sa tête réfléchissait sans cesse au début de sa rencontre, la relation, les signes qui s'étaient présentés et le carnage. Elle bougeait en suffoquant, tiraillée par ses idées noires, le sang, Kenzo et le sourire effrayant de son amant. Ce dernier sommeillait et son visage paisible donnait pourtant l'impression d'un ange assoupi, ce qui ne manquait pas d'attendrir légèrement la jeune. Elle pleurait en voyant ses si beaux traits en se demandant bien si ce n'était pas juste un cauchemar qu'elle vivait. Pourquoi lui ? Pourquoi fallait-il que son amour le rende aussi sanguinaire ? Et pourquoi elle ?

Je me hais. Bon sang, oui je me déteste ! Elle pensa avec rage et tristesse tout en laissant des larmes déborder de ses yeux plissés de douleur. Le venin était déjà ancré dans leur relation et il était trop tard pour espérer encore un soulagement, que Dazai apaise sa folie, le mal était fait. Shinju pleurait de devoir sans doute le quitter et elle pleurait aussi de toutes les blessures qu'elle avait reçu de sa part. Elle qui l'avait aimé sincèrement, voilà qu'elle recevait toutes ses plaies d'amour. Dazai ne pouvait pas l'aimer s'il avait fait tout ça, il prétendait être le seul à ne jamais la blesser... Shinju était ruinée. Elle aurait voulu le nier et que ce ne soit pas vrai, mais les agissements de l'homme l'impactaient à la racine de sa personnalité, la rendant anxieuse jusqu'à même se sentir anormalement épuisée. Maintenant qu'elle avait découvert ce cadavre, elle était traumatisée et Dieu savait qu'elle ne s'en remettrait jamais. À cause de lui, toujours.

Elle étouffait dans ses pleurs, aussi elle décida de se lever du lit pour respirer. Elle traversa la chambre et partit s'asseoir dans le couloir sombre sans s'arrêter de déverser ses flots de peine immense. Elle ne savait plus quoi faire ni décider, mais sentait le danger imminent la guetter. Son esprit réalisait enfin la dangerosité, c'était tard et c'est ce qui l'écœurait, sa lenteur à saisir les choses. Dazai avait besoin d'elle tout le temps et ça partait si loin. Les moments où il parlait de sa nécessité car il mourrait sans elle, les autres qui ne comptaient pas, les somnifères... ces paroles et gestes frappaient en boucle dans sa tête assommée de fatigue et d'angoisse.

Double Face | YANDERE DAZAIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant