Rayan et moi restons assis sous le cerisier en fleurs, le silence entre nous est confortable, presque apaisant. Je sens son regard sur moi, mais je n'ose pas le croiser. Finalement, je prends une profonde inspiration et je me décide à parler.
- Tu sais, depuis que tout a commencé, je me sens comme si j'étais dans un mauvais rêve, dis-je d'une voix tremblante. Et je ne sais pas comment me réveiller.
Rayan hoche la tête, son expression est pleine de compassion.
- Je comprends, dit-il. Mais parfois, les rêves peuvent changer. Ils peuvent devenir quelque chose de beau, même si on ne s'y attend pas.
Je souris légèrement, encouragée par ses mots. "Peut-être que tu as raison. Peut-être que c'est le moment de changer de rêve."
Nous parlons pendant des heures, de tout et de rien, comme si nous étions les seuls au monde. Rayan partage des histoires de sa propre vie, des moments difficiles qu'il a surmontés, et je me sens moins seule. Il y a une force tranquille en lui qui me donne de l'espoir.
Alors que le soleil commence à décliner, teintant le ciel de nuances de rose et d'orange, je me rends compte que je ne veux pas que ce moment se termine. Je regarde Rayan et, pour la première fois, je vois un ami potentiel, quelqu'un qui pourrait vraiment comprendre ce que je traverse. Sachant que la seule amie que j'avais eu auparavant était Cécile.
- Tu veux aller prendre un verre quelque part ? propose-t-il soudainement.
Je hoche la tête, surprise mais heureuse de l'invitation.
Nous nous levons, laissant derrière nous le banc sous le cerisier. Je jette un dernier regard à l'arbre en fleurs, symbole de renouveau et de beauté éphémère.
La douceur du crépuscule enveloppe le parc, et avec Rayan à mes côtés, je sens un frisson d'anticipation. Nous marchons côte à côte, nos pas synchronisés, vers le petit café qui se trouve au coin de la rue. L'enseigne lumineuse du café brille comme un phare, promettant chaleur et réconfort.
En entrant, le tintement de la cloche de la porte nous accueille, et l'arôme du café fraîchement moulu nous enveloppe. Rayan choisit une table près de la fenêtre, où la lumière tamisée crée une atmosphère intime. Nous commandons deux chocolats chauds, et alors que nous attendons, je me surprends à parler librement, partageant des détails de ma vie que je n'avais jamais osé confier auparavant, sauf sur mon harcèlement. Et si il se moquait de moi ? Ne plus me parler ? Me détester ? J'aurais trop, honte ?
Rayan écoute attentivement, hochant la tête de temps en temps, ses yeux ne quittant jamais les miens. Lorsque nos boissons arrivent, la vapeur s'élève en volutes, comme pour emporter avec elle une partie de mon fardeau.
- Tu sais, commence Rayan après une pause, ne cache pas tes douleurs ou tes blessures au fond de ton coeur. N'ai pas honte, tu peux tout me dire, tu sais ?
Je contemple ma tasse, les mots de Rayan résonnant en moi : "N'ai pas honte, tu peux tout me dire." Je souris contente d'avoir trouver quelqu'un a qui me confier.
Rayan me rend mon sourire, et dans le reflet de la fenêtre, je vois notre reflet, deux silhouettes réunies par le destin.
Le chocolat chaud réchauffe mes mains et mon cœur, et je réalise que cette soirée pourrait bien être le début d'une nouvelle amitié. Avec Rayan, je me sens en sécurité, comprise, et surtout, j'ai l'impression d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui voit au-delà de la tempête de ma vie.
Nous restons au café jusqu'à ce que les étoiles commencent à parsemer le ciel, et lorsque nous sortons, le monde semble un peu moins intimidant. Rayan me raccompagne jusqu'à chez ma tante.
- A bientôt ! m'exclamais-je.
- A bientôt, Jenna.
Il me sourit une dernière fois et s'éloigne, et je reste là, le regardant partir. Peut-être que demain, je l'appellerai.
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ALONE (tome 1)
De Todo"Je me fais harceler depuis la 6e, et le pire dans tout ça, c'est que tout le monde s'en fiche ! Et après, tout le monde se plaint des suicides des jeunes de mon âge. Mais si vous étiez là, vous auriez pu les sauver ! Si le harcèlement n'existait pa...