2. Jérémy

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Je me tournai vers Jenn et vis son expression, sur laquelle il était lisible qu'elle attendait réellement une réponse. Son regard d'un bleu abyssal pétillait d'excitation et son sourire trahissait une certaine impatience. Le bar était bruyant, rempli de conversations variées, de rires et de musique de soirée. L'éternelle lumière tamisée du Parisien créait une ambiance presque intime, malgré le monde présent. La musique en arrière-plan semblait se fondre avec le murmure des conversations, créant une atmosphère de détente. Jenn, vêtue telle une bombe atomique, avait mis en avant sa silhouette élancée et se tenait à présent droite, les mains légèrement agitées par l'excitation. Je regardai dans la direction qu'elle montrait un peu plus tôt et vit en effet un beau jeune homme d'environ un mètre quatre-vingts, beaucoup comme un dieu. Il avait les yeux et les cheveux bruns, et semblait à peine plus âgé que nous. Il portait une chemise légèrement déboutonnée et un jean qui soulignait sa silhouette athlétique. Sa mâchoire carrée et son sourire en coin lui donnaient un air à la fois séduisant et mystérieux. Les yeux de Jenn pétillaient. Je savais ce que voulait dire ce regard. Elle jouait nerveusement avec une mèche de ses longs cheveux blonds d'une main et avec la Chupa Chups rouge de l'autre.

- Mon Dieu Liv, c'est qui ça ? Il est pas mal du tout, le bonhomme.

- Je ne sais pas qui c'est, les gars ont dû le rencontrer dans le bar le temps que tu te prépares, soupirai-je.

Jenn roula des yeux avec un faux air d'exaspération, ses lèvres formant un sourire malicieux. Elle se pencha légèrement vers moi, comme si elle partageait un secret précieux.

- Dans ce cas, il faut que tu fasses sa connaissance. Tente ta chance, tu ne peux pas vivre seule toute ta vie.

- Non, tu sais très bien qu'après ce qu'il s'est passé avec Jérémy, ça ne m'intéresse pas. Ça ne m'a même jamais intéressée de forcer le destin. Vas-y toi.

- Mais ça fait six mois, Liv ! Moi, tu sais très bien que je préfère les belles demoiselles, le genre à rien n'avoir entre les jambes. Et puis je ne peux pas, il faut que je reste concentrée sur les études.

- Et pas moi peut-être ? dis-je en levant les yeux au ciel et en la bousculant.

Jérémy m'avait blessée profondément, et cette douleur était encore présente, mais je ne pouvais pas rester enfermée dans le passé. Jenn avait raison. Il était peut-être temps pour moi de laisser d'autres personnes entrer dans ma vie, même si je ne savais pas si je m'en sentais réellement prête et que je n'osais pas donner raison à ma meilleure amie sur ce point.

Jenn sourit de toutes ses dents, ses yeux brillants d'espoir et d'encouragement, et me donna une petite tape sur l'épaule. Je levai les yeux au ciel et me dirigeai vers le bar où se trouvaient mes trois amis ainsi que le mystérieux inconnu. En m'approchant, je remarquai qu'il semblait perdu dans ses pensées, fixant son verre avec intensité. Ses cheveux bruns mi-longs cachaient son visage.

Le bar était décoré de boiseries sombres et de luminaires vintage, créant une ambiance nostalgique de la France des années 60. Les murs étaient ornés de photographies en noir et blanc de la ville, ajoutant une touche artistique à l'ensemble. Mes amis étaient assis à une table haute, riant et discutant avec animation. Leurs visages familiers étaient un réconfort dans ce lieu rempli d'inconnus.

...

Jérémy avait été mon petit ami durant deux années. Il était aussi le meilleur ami de Jenn. Ils s'étaient rencontrés au lycée, Jenn me l'avait présenté pendant une soirée et le courant était passé très rapidement entre nous. Il avait ce calme naturel et cette manière bien à lui qui me rendait folle de paraître décontracté dans ses vêtements habillés et ses costumes. Trois mois plus tard, nous étions ensemble. Par la suite, je n'avais jamais été aussi heureuse, j'avais rencontré l'homme idéal sans même l'avoir jamais cherché. Il m'apportait tout ce dont je n'avais même pas conscience d'avoir besoin. Sa présence était apaisante, il avait cette capacité unique à me faire sentir en sécurité et aimée. Il était doux, généreux, soucieux de ma santé physique et mentale, m'aidait pour beaucoup de choses et surtout, il me comprenait et m'accompagnait dans les moments les plus difficiles. Ayant un problème de perception des émotions, je pouvais soit être totalement inexpressive, soit exploser sans rien percevoir. Jusque là, c'était quelque chose qui effrayait, les gens m'évitaient quand mes réactions ne leur convenaient pas, mais lui restait. Il avait cette patience infinie qui me touchait profondément. Quand il voyait que je ne comprenais pas mes propres réactions, une émotion ou un sentiment, il m'expliquait calmement ou, selon la situation, attendait que je me calme et choisissait le moment propice pour m'en reparler et me faire prendre conscience de ce qu'il s'était passé. C'était comme s'il avait un manuel secret sur la façon de gérer mes crises émotionnelles. Parfois, il arrivait qu'il ait du mal à suivre, qu'il oublie que je ne percevais pas ce que je ressentais et qu'il hausse la voix contre moi, mais avec le recul, je le comprenais.

Sans états d'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant