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Je descends les escaliers de l'immeuble où vit Remy. Chaque secousse provoquée par la descente d'une marche semble être un coup de marteau sur mon cœur déjà meurtri. Mes pieds frappent les marches avec une précipitation toujours plus désespérée, presque anarchique, comme si le simple fait de rester en mouvement pouvait empêcher les émotions d'éclater à nouveau. Les murs étroits du couloir, peints d'un blanc sale, semblent se refermer sur moi, rétrécissant mon espace vital à chaque seconde. Les battements frénétiques de mon cœur résonnent dans mes oreilles, une pulsation sourde et oppressante qui se mêle au bruit sec de mes semelles sur le béton froid.
Lorsque j'atteins enfin le hall, je sens mes forces me quitter d'un coup, comme si le simple fait d'avoir quitté l'appartement de Remy m'avait privé de toute énergie. Haletante, je me recroqueville dans un coin, espérant être à l'abri des regards curieux, le dos pressé contre le mur gris rugueux. Mes genoux sont ramenés contre ma poitrine, et je m'agrippe à mes jambes comme à une bouée de sauvetage, cherchant désespérément un ancrage dans cette tempête intérieure. Je plante mes ongles, griffe, à défaut de n'avoir rien d'autre que ma peau à déchirer. Je n'ai pas conscience de ce que je fais sur le moment. Je n'ai pas mal et ne sens pas la peau qui s'arrache et se stocke sous mes ongles longs. En fait, je n'ai pas conscience de grand chose, à l'intérieur de ma tête, il y a à la fois le vide et un débordement incompréhensible.
Je me déteste.
Un étrange mal de ventre s'insinue en moi, probablement une peur viscérale, irrationnelle, qui me paralyse. Sortir dans la rue, affronter le monde extérieur dans cet état... c'est impensable. Je suis piégée ici, coincée entre quatre murs, avec pour seule compagnie cette chose qui me ronge de l'intérieur. L'air me manque, mes poumons se resserrent, et chaque respiration devient un combat. Je hoquète, la gorge serrée, le souffle court, comme si l'oxygène refusait de pénétrer mes poumons. C'est une sensation étouffante, une oppression qui me donne l'impression d'étouffer sous le poids invisible de mes propres émotions. Je devrais m 'allonger ou me redresser pour respirer mais je suis dans l'incapacité de changer de position, de déplier mes jambes. Ce serait comme m'exposer à un danger invisible.
Dans un élan de désespoir, je porte les mains à mes cheveux, les tirant violemment, comme si cette douleur physique pouvait m'ancrer dans la réalité, m'éloigner de ce tourbillon qui menace de m'engloutir. Mais elle n'est pas assez forte. Les mèches s'emmêlent entre mes doigts, je n'y prête pas attention. Je me balance d'avant en arrière, un mouvement presque inconscient, instinctif, comme un enfant cherchant à se calmer. Ce balancement, c'est la seule chose qui me relie encore à la réalité, la seule chose qui m'empêche de sombrer totalement.
Pourquoi ? Pourquoi je suis dans cet état ?
La question tourne en boucle dans ma tête, comme un mantra, mais je suis incapable d'y trouver une réponse. Les larmes commencent à couler, brûlantes, sur mes joues. Elles tracent des sillons humides sur ma peau, laissant une sensation de froid au contact de l'air. Chaque larme est une preuve de mon impuissance, de mon incapacité à contrôler ce qui se passe en moi. Je me déteste pour cela. Cette colère, cette rage qui m'a submergée, me semble maintenant si démesurée, si hors de propos. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, pourquoi je me sens si débordée, si incapable de m'arrêter avant d'exploser. Les émotions se mélangent en moi dans un chaos inextricable, et je suis impuissante face à cette tempête intérieure qui menace de tout détruire sur son passage.
Je me déteste.
Les larmes continuent de couler, mais je n'arrive pas à en comprendre la cause. Est-ce la colère, la frustration, la honte ? Peut-être un mélange de tout cela, une tempête d'émotions qui se déchaîne en moi, incontrôlable. Mes muscles sont tendus, crispés, comme si mon corps tout entier était prêt à devenir une carapace pour renfermer toutes ces choses en moi. L'impuissance me submerge, une vague noire qui me paralyse. Je suis incapable de bouger autrement qu'en me balançant d'avant en arrière, ce geste répétitif, hypnotique. Une petite partie de moi se raccroche à ce geste, à ce mouvement. Il est mon dernier lien avec la réalité, le dernier fil ténu qui me relie encore à un semblant de contrôle. Tant que je peux me balancer ainsi, tout n'est pas perdu. C'est ce que je me répète sans cesse, une litanie intérieure qui tente d'apaiser la tempête qui fait rage en moi.
Je me déteste. Je voudrais disparaître, m'effacer, me fondre dans les ombres pour échapper à cette chose.
Mes muscles se détendent enfin, mais au lieu du soulagement, c'est une nouvelle vague de larmes qui déferle sur moi. Les pleurs, incontrôlables, secouent mon corps tout entier, chaque sanglot résonnant dans le silence oppressant du hall. C'est comme si toute la tension accumulée dans mes muscles se libérait soudainement, inondant mon esprit d'une douleur crue, brutale. Je lève la tête, cherchant désespérément à respirer, à expirer cet air qui me brûle les poumons. Mais chaque inspiration semble se coincer dans ma gorge, un nœud étouffant que je n'arrive pas à défaire.
Je me déteste.
Et c'est à ce moment-là que je le vois. Il est là, dans les escaliers, sa silhouette se découpant dans la pénombre. Le temps semble s'arrêter, suspendu dans un instant de pur cauchemar. Mon cœur rate un battement, et une nouvelle vague de panique me submerge. Depuis combien de temps est-il là ? Ses yeux, clairs comme des miroirs, me fixent avec une intensité qui me transperce. C'est comme s'il pouvait voir à travers moi, lire chacune de mes pensées, déchiffrer chaque émotion qui se débat en moi. Son regard, ce regard perçant qui semble sonder les tréfonds de mon âme, me pétrifie. Il y a quelque chose dans ses yeux, quelque chose que je ne parviens pas à comprendre, mais qui me donne l'impression d'être mise à nue, exposée dans toute ma vulnérabilité. Une vague de chaleur monte à mes joues. Mon visage est une toile de rougeur, brûlante sous l'effet de ce regard impitoyable. Il me regarde, immobile, et je suis incapable de détourner les yeux, incapable de fuir.
Un léger sourire s'étire sur ses lèvres, un sourire que je ne parviens pas à déchiffrer. Est-ce de la moquerie ? De la pitié ? Ou autre chose encore, quelque chose de plus insidieux ? Ce sourire, mince comme une lame, semble se jouer de moi, et je sens une nouvelle crampe me saisir l'estomac. Pourquoi sourit-il ainsi ? Pourquoi me regarde-t-il avec cette expression énigmatique, comme s'il savait quelque chose que j'ignore, comme s'il détenait un secret qui lui donne un pouvoir sur moi ? Puis, sans un mot, sans même un signe, il se retourne et remonte les escaliers, me laissant seule, dans ce coin sombre du hall. Cette absence de réaction, ce silence, sont plus insupportables que n'importe quelle parole. C'est comme si ma douleur, ma détresse, n'avait aucune importance pour lui, comme si je n'étais qu'un simple spectateur dans ce théâtre absurde qu'est notre relation. Et à la fois j'aurais aimé que jamais il ne me voie dans cet état.
Je le déteste.
Je le déteste avec une intensité qui me surprend moi-même. Être beau ne devrait pas lui faire croire qu'il est au-dessus de tout le monde. Sa beauté, son calme, sa maîtrise de lui-même... tout cela ne fait que souligner mon propre désordre, ma propre incapacité à me contrôler.
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Hello la choupissonnerie !
Alors ? Vous en avez pensé quoi ?
Ce chapitre a été à la fois dur à écrire et j'y ai pris beaucoup de plaisir. Je me suis forcée à revivre ce genre de situation en mémoire et me suis laissée porter pour tenter de reconstituer au mieux la scène. J'espère que c'est réussi... 🫣
On se retrouve samedi prochain 13h00 ou vous abandonnez déjà ?
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Sans états d'âme
RomanceOlivia a quitté la France pour faire ses études aux Etats-Unis. Lorsqu'elle se voit dans l'obligation de travailler avec le seul mec solitaire, inexpressif et impénétrable de sa promo, elle remet en question tout de son plus lourd fardeau. Elle qui...