Chapitre 7 - Lynia

22 3 2
                                    

Lynia courut jusqu'au puits, qui se situait au verger. Elle remplit un grand seau et le versa sur l'herbe sèche qui avait commencé à brûler. Par chance, le feu avait à peine touché l'arbre. Elle l'éteignit assez rapidement. Depuis la naissance de ses sœurs, c'était ainsi. Elle mettait feu à l'endroit sur lequel elle se trouvait. Elle ne le contrôlait pas et ne pouvait prévoir quand cela allait arriver. Elle le voyait comme une malédiction. Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Elle cueillait une fleur, et hop ! Elle partait immédiatement en fumée. Heureusement, cela ne lui était jamais arrivé lorsqu'elle grimpait aux arbres. À huit ans, elle s'était réveillée avec un incendie dans sa chambre et des brûlures sur les bras, dont elle portait toujours les marques. Personne ne savait comment c'était possible. Ses parents avaient tout essayé pour l'arrêter, en vain. Pendant six mois, elle avait dû porter en permanence des énormes tenues ignifugées, et vivre isolée pour ne pas déranger sa famille. Ils avaient fini par abandonner cette idée car ce n'était pas pratique.

L'adolescente soupira. Comme si elle n'avait déjà pas assez de problèmes... Elle rejoignit Ellia, qui sanglotait, assise devant leur demeure.

« On va jamais la retrouver !

— Mais si, ne t'inquiète pas, je suis sûre qu'elle n'est pas loin. Nous allons rapidement la retrouver. »

Elle se leva et courut à travers le jardin, en appelant sa sœur. Elle refit le tour plusieurs fois et inspecta la maison de fond en comble, persuadée que sa cadette n'était pas hors de la propriété. Elle monta dans sa cabane, pour avoir une meilleure vue d'ensemble. Elle ne vit personne. La jeune fille grimpa donc dans un autre arbre, plus haut, mais n'eut pas plus de succès. Elle redescendit donc et marcha dans le jardin, avec l'espoir que sa sœur jaillisse d'un buisson, ou autre et dise "Coucou !".

Moins de deux heures plus tard, alors qu'elle faisait un énième tour de jardin, elle entendit du bruit derrière elle. L'adolescente se retourna aussitôt. Une jeune fille d'environ son âge descendait d'un arbre, tenant Erann dans ses bras. Elle était jolie, avec de longs cheveux châtains, un bandeau vert pomme un peu déchiré sur le front, des yeux entièrement émeraude, des habits de fougères qui contrastaient un peu avec sa peau pâle. C'était assurément une dryade. Erann s'exclama d'une voix joyeuse, pointant la dryade du doigt :

« Elle est trop gentille, elle ! Elle m'a sauvée de la mort !

— Comment ça ? s'enquit Lynia, étonnée.

— Bah, je me suis coincée dans l'arbre et je pouvais plus redescendre. J'allais mourir de la faimine !

— Famine, la reprit son aînée.

— Oui, c'est ce que j'ai dit !

— Et donc, pourquoi tu étais "coincée", dans cet arbre ? lui demanda sa sœur, qui commençait à s'inquiéter.

— En fait, je voulais m'entraîner et je suis montée à un arbre.

— Lequel ? la coupa la jeune fille.

— Je vais te montrer ! répondit sa cadette. Viens ! Toi aussi, ma sauveuse et sa renarde !

Les deux adolescentes suivirent Erann. Elle leur indiqua un arbre proche du mur d'enceinte, qui était à peine dix mètres plus loin de l'endroit où elles se trouvaient.

— Et donc, je suis montée, ça allait, et puis j'étais en haut. Après j'ai voulu aller sur un arbre à côté mais il était trop loin, et quand j'ai voulu redescendre, une branche a cassé sur mon poids.

— Sous.

— Oui. J'ai réussi à aller sur une autre branche. Et je pouvais plus redescendre normalement. Du coup, j'ai pleuré.

Les Élus de Florusine [T1 - Séparations]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant