Chapitre 8 - Nolem

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Nolem se planta devant ses parents, un air de défi dans les yeux. Son père annonça d’une traite :

« Tu es banni de Raniol.

L’adolescent hocha la tête.

— Ce n’est pas nous qui te bannissons, c’est ta tante, ajouta sa mère.

Il ouvrit sa bouche, puis la referma.

— Il va t’emmener jusqu’à la frontière avec Méonos, reprit son père en désignant un domestique qui se trouvait à l’entrée de la pièce. Dépêche-toi.

Le jeune garçon suivit donc le valet en question qui le fit monter dans un autœuf. Il s’assit sur la banquette et personne ne parla durant le trajet. Nolem ne savait pas exactement où ils allaient. Il était soulagé, en réalité, car il s’attendait à pire. Sa tante aurait pu lui faire subir une humiliation transmise ensuite dans les médias, ou le bannir d’Estamire. Mais non, elle l’a seulement banni de Raniol. Il s’en fichait un peu car ainsi il était sûr qu’il ne reverrait pas la sœur de son père.

L’autœuf le déposa quelque temps plus tard à l’entrée de Méonos. L’adolescent était à présent seul. Ne sachant que faire, il commença à marcher dans la ville. Il remarqua que certaines personnes le regardaient bizarrement, certaines même crachaient devant lui. Le jeune elfe comprit très vite pourquoi. Des affiches le représentant étaient entreposées un peu partout. Il était écrit : "BANNI" en grosses lettres rouges. Finalement, sa tante ne l’avait pas uniquement banni de Raniol. Elle l’avait aussi signalé à toute la population d’Estamire. Il serra les dents. Il ne s’était pas préparé à cette éventualité.

Il traversa la ville d’un pas rapide et en sortit. Méonos étant une région montagneuse, il irait donc dans un petit village à flanc de colline.

Il en atteignit un dans l’après-midi. Il était minuscule et comportait quelques dizaines de maisons. L’adolescent décida d’y rester. Il mangeait comme il pouvait, en prenant dans les arbres fruitiers alentours et pour dormir, il se couchait à même le sol, dans un pré. Ce n’était pas très confortable, et il se réveillait mouillé à cause de la rosée. Mais ce mode de vie simple lui plaisait. Cela faisait maintenant trois jours qu’il faisait ainsi. À cette période de l’année, il faisait bon, même chaud à certaines heures. Nolem songeait à l’automne, qui allait arriver dans un peu plus de deux mois. Le froid arriverait, et ce serait plus dur. Il faut que je me crée un abri, se dit-il. Il se rendit donc un peu plus haut, afin trouver des branches pour une cabane. La montagne était verdoyante et pleine de grands arbres. Il commença à ramasser des branches quand il vit une petite grotte à sa gauche. Il lâcha le bois qu’il portait pour aller à l’intérieur. Elle était vide et assez petite. Le sol, à l’intérieur, était recouvert de sable. Je vais plutôt m’installer ici, fit-il intérieurement. Il se créa un matelas de feuillage, et creusa un trou dans le sable pour y entreposer les pommes qu’il avait cueillies ce matin-là. Satisfait, il alla s’abreuver à la petite fontaine du village.

Quelques jours passèrent. Il se sentait bien dans sa nouvelle demeure, même si ce n’était pas très luxueux. Il fabriqua une porte comme il put avec du bois et une ficelle trouvée par terre dans le village. Chaque jour, il descendait et s’asseyait sur un banc, puis regardait les habitants vaquer à leurs occupations. L’adolescent commençait à bien connaître, de vue du moins, toutes ces personnes. Il n’osait pas aller leur parler, car même si ici il n’avait remarqué qu’une seule affiche, il ne voulait pas que les autres sachent qu’il était un ancien noble, le neveu de Loinar-Lleya en plus. Si les habitants venaient à le savoir, ils le détesteraient sûrement. Il faisait partie de la famille de la plus horrible dirigeante qu’Estamire ait jamais connu, alors pour eux il était pareil qu’elle. Ils réagiraient sans doute de la même façon.

Les Élus de Florusine [T1 - Séparations]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant