Les Élus de Florusine [T1 - Séparations]

Chapitre 13 - Révélation

Alors que le trépas les menaçait, les adolescents ne paraissaient pas préoccupés. Itomaé, le sourire aux lèvres, attendait tranquillement que Grywen fasse ce qu'il avait à faire. Le silence s'était installé, même le vent s'était tu. Aucun animal ne faisait craquer les feuilles, aucun oiseau ne chantait. Un silence qui aurait pu être angoissant, mais que la demi-dryade trouvait apaisant. Elle sentait sur sa peau l'air estival, encore chaud à cette époque de l'année, presque le début de l'automne. L'homme qui avait juré de les tuer fit pousser une branche de houx dans sa main, et la modela de sorte que les feuilles possèdent des pics plus imposants, et surtout, mortels. Pas très propre, songea la demi-dryade. Elle s'imaginait déjà la forêt éclaboussée du sang de ses amis et d'elle-même. Rapidement, elle dénoua le bandeau vert attaché dans ses cheveux et le laissa glisser derrière elle, pour Ernim. Elle regarda une dernière fois la forêt, son lieu de vie, là où elle avait grandi. Leur ennemi brandit son arme et l'abattit. C'est la fin... Adieu, Ernim. Grywen fut stoppé dans son geste à quelques centimètres du cœur de l'Élue. Du lierre enserrait son cou et envahissait sur ses bras. Le souffle coupé, il se retourna.

« Ne bouge plus, ordonna une voix féminine. Sauf si tu veux mourir.

La jeune fille aux yeux d'émeraude rejeta ses cheveux en arrière et éclata de rire. Des ronces coupèrent net les entraves des Élus. L'adolescente se rua en direction de l'endroit d'où venaient le lierre et les ronces. Elle sauta dans les bras d'une fille de sa taille, qui avait des cheveux noirs tressés avec du lierre, de jolies fossettes et les yeux émeraudes si caractéristiques des dryades. Sur ses joues coulaient des larmes de bonheur.

— Oh, Enolel !

— À temps, hein !

— Je suis tellement désolée d'être partie comme ça ! J'ai souvent pensé à toi, tu m'as tellement manqué !

— Toi aussi ! Je me demandais où tu étais partie !

— Je suis vraiment, vraiment désolée !

— C'est pas grave, t'es revenue maintenant ! Tu me présentes ?

— Il vaut mieux s'assurer que Grywen ne peut plus bouger, non ? C'était pas crédible quand tu as dit que tu allais le tuer s'il bougeait, il n'y a que lui comme dryade qui en serait capable !

— Oui, tu as raison. Mais je savais pas quoi dire, c'était plutôt stylé comme phrase, tu ne trouves pas ? Et non, c'est bon, Sylphir s'en charge déjà !

Sylphir était le frère d'Enolel. Il portait les mêmes cheveux noirs que sa sœur, mais était plus âgé qu'elle de trois ans.

— Je te présente Nolem, Lynia et Talaoh. Et voici Enolel, ma meilleure amie, ajouta-t-elle à l'adresse de ses amis.

— Bonjour ! claironna l'Élue du feu, pour qui le moment si intense qui venait d'avoir lieu appartenait maintenant au passé. Merci beaucoup de nous avoir sauvés !

— Vous avez vraiment pas eu de chance de tomber sur Grywen. On est pas tous comme ça, vous inquiétez pas !

— Oui, c'est sûr, soupira Itomaé en rattachant son bandeau. Daléane et Falend vont bien ?

— Oui, mais ils n'ont pas compris pourquoi tu étais partie. Ils étaient très inquiets au début, mais ils se rassurent en se disant que tu vas bien autre part. Et d'ailleurs, tu peux me raconter ce qu'il s'est passé depuis que tu es partie ?

— Plein de choses !

Elle lui résuma tout ce qui était arrivé durant l'été.

— Ah oui, quand même ! Si je comprends bien, tu devrais être capable de maîtriser les plantes, enfin, l'élément terre quand tu seras entraînée ? T'as tellement de chance ! Je te l'avais toujours dit, que tu étais spéciale !