la légende des pierres sacrificielles

Chapitre 8

 - Je crois que je vais passer la meilleure nuit de ma vie, lança Angoon en analysant la pièce dans laquelle ils se trouvaient.

De nouveau et comme dans toutes les salles qu'ils avaient vues jusqu'à présent, une immense fenêtre éclairait la pièce, assistée par des bougies et des lucioles qui volaient silencieusement. Çà et là des petits meubles en bois et en tissu raffiné lui donnait un aspect chic et confortable. De chaque côté de la pièce, des escaliers longeaient les murs et menaient à deux mezzanines où se trouvaient deux lits immensément grands recouverts de draps de soie confortable.

- C'est vrai qu'en dehors des circonstances, je serais bien restée plusieurs jours ici, acquiesça Aysia en observant d'un regard admirateur chacun des moindres recoins de la pièce.

- Je prends cette chambre ! s'exclama Angoon en s'élançant comme un enfant dans les escaliers.

Aysia le regarda monter avec un entrain surdimensionné, et retint un petit rire.

- Parfois je me demande quel âge tu as dans ta tête, pouffa la jeune fille.

- Dites donc ! On respecte ses aînés, jeune fille, répliqua le garçon d'un ton faussement hautain.

- Ouais, c'est ça. Soit dit en passant, tu imites vachement bien les elfes, dit-elle ne faisant qu'en rajouter au fou-rire de son coéquipier.

Peu de temps après, Aysia monta à son tour découvrir son lit et ne put, elle aussi, s'empêcher de s'y jeter sans aucune retenue. Le matelas, ainsi que les draps étaient si doux que la jeune fille croyait avoir atterrit au beau milieu d'un nuage. Elle laissa s'échapper un soupir de satisfaction.

- Alors, qui est la gamine maintenant ? s'exclama Angoon depuis l'autre côté de la pièce.

La jeune fille ne prit pas la peine de répondre, elle était tellement captivée par la beauté de l'endroit. Les elfes vivaient certainement dans l'endroit le plus magique de tout le royaume, et ce qu'ils en avaient fait était absolument magnifique.

Pendant un moment elle oublia presque tous ce qui la tourmentait, tant ce qui se trouvait autour d'elle l'incitait à se détendre. Mais son angoisse revenait toujours à l'assaut, toujours plus forte et difficile à contenir. Des centaines de questions tourbillonnaient jour et nuit dans sa tête, l'empêchant de reprendre de l'énergie. Qu'allait-il se passer s'ils échouaient ? se demandait-elle souvent. Elle avait beau y réfléchir, elle ne savait pas. Après tout, les elfes avaient raison. Ils n'étaient que deux adolescents qui ne s'étaient jamais battus et qui ne savaient rien de la triste réalité de leur monde.

- Tu crois qu'ils vont nous apporter à manger ou bien nous laisser à notre triste sort ? demanda soudain Angoon sortant la jeune fille de ses pensées.

- Je ne sais pas, répondit sa coéquipière machinalement.

Le jeune homme se releva sur un coude pour tenter d'apercevoir le visage de sa coéquipière.

- Ça ne va pas ? interrogea le garçon qui remarqua le ton inhabituel de la voix de la jeune fille.

- Si, si... répondit-elle sans grande conviction.

Après un moment d'hésitation Angoon se lança :

- Je crois que je sais ce qui t'angoisse. Je pense que je me pose exactement la même question. Qu'est-ce qu'il va se passer si on n'y arrive pas ? demanda le jeune homme comme s'il lisait dans ses pensées.

Un lourd silence, qui ne fit que conforter Angoon dans son idée, s'installa dans la pièce. Les pas du jeune homme retentirent alors tandis qu'il rejoignait sa coéquipière. En une fraction de seconde, il était à genoux au pied du lit de la jeune fille. Aysia se retourna pour lui faire face. Ils étaient si proches qu'elle sentit sa respiration dans son cou et les yeux du jeune homme rivés dans les siens.