la légende des pierres sacrificielles

Chapitre 15

 - Comment est-ce possible que cette ville soit aussi animée avec tout ce qu'il se passe ? demanda Aysia à son ami tandis qu'ils se baladaient dans une ruelle à l'écart du brouhaha perpétuel. Tous les villages que nous avons visités jusque-là étaient ravagés par les monstres. C'est étrange, non ? Pourtant on a bien vu quelques dragons rôder depuis l'Effondrement et pas un seul ne ici.

Le jeune homme haussa indifféremment les épaules. Il avait peut-être une petite idée mais si celle-ci s'avérait vrai, il ne valait mieux pas la lui dire.

- Ce sont les mages, bien sûr, répondit une voix derrière eux.

Les deux adolescents se retournèrent dans un sursaut pour faire face à une vieille femme qui tenait debout grâce à une canne en bois.

- Qu'avez-vous dit ? demanda Aysia confuse.

Angoon se passa une main sur le visage, désespéré. Il craignait le pire. Même si elle semblait avoir oublié ses motivations de départ, si on lui révélait qu'elle était si près du palais royal...

- Rien, elle n'a rien dit. Tu vois bien qu'elle est vieille, si ça se trouve elle est complètement folle, chuchota Angoon en tentant d'attirer son amie loin de cette femme.

- Je suis peut-être vieille, mais je ne suis pas folle ! réprimanda la dame en s'approchant encore plus.

Pendant un instant elle ne parla pas et regarda les deux adolescents des pieds à la tête avant de reprendre.

- Peu après l'Effondrement, le roi a convié tous les mages blancs du royaume à venir au palais afin qu'ensemble ils créent une barrière magique semblable à celle qui nous protégeait autour du palais et de la cité d'Elderlade. Depuis, les mages se relaient jour et nuit pour la maintenir et assurer la sécurité du roi et de la capitale du royaume. Nombreux sont les villageois qui tentent d'y entrer en espérant bénéficier de la protection de la barrière. Vous êtes de sacré veinard !

Les deux adolescents regardèrent la vieille femme avec de grands yeux étonnés.

- Comment vous... ? demanda Angoon.

- Je vous ai vu quand vous avez débarqué avec votre énorme charrette. Il faut dire que vous n'êtes pas passés inaperçu.

Il y eu un long moment de silence pendant lequel Angoon crut qu'ils allaient y échapper, mais hélas il était trop tard. Aysia n'était pas si naïve, elle avait compris.

- Vous avez bien dit que le roi voulait protéger la cité et le palais royal ? demanda Aysia comme pour confirmer son idée.

- C'est cela, confirma la vieille femme.

- Ça veut dire que le palais ne doit pas être très loin d'ici, chuchota la jeune fille pour elle-même.

- Exact.

Cette nouvelle fut l'effet d'une explosion dans la tête de la jeune fille. D'un coup, c'était comme si elle oubliait tout ce qu'Edmun lui avait confié. Il ne restait plus que cette rage profonde qu'elle avait nourrit durant toutes ces années envers le roi. Elle revit alors l'image de ses parents. Cet homme avait gâché sa vie et celle de sa petite sœur. Il ne méritait pas de pouvoir régner sur tout un royaume comme si de rien n'était. Il paierait pour ce qu'il avait fait.

- Où est-il ? demanda-t-elle brusquement.

- Aysia... je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, tenta Angoon.

- Lâche-moi ! cria presque Aysia. Où est le palais ?!

La vieille dame prit alors conscience qu'elle avait commis une erreur en révélant tout cela à la jeune fille. Mais surprise par cette soudaine agressivité, elle pointa d'un doigt tremblant la direction du palais.