la légende des pierres sacrificielles

Chapitre 1

4 ans plus tard

« Les baies orange sont les meilleures d'entre toutes. Quelques-unes suffisent à te rassasier et elles sont pleines de bonnes vitamines. »

Sa mère lui répétait cette phrase chaque fois qu'elle l'emmenait en forêt pour en cueillir. Mais désormais elle n'était plus là pour la guider, ni pour lui montrer ce qui était bon ou mauvais, elle devait se débrouiller seule, et ne surtout pas se tromper. Les baies se ressemblaient toutes, pour certaines, une seule suffirait à les tuer.

Depuis quatre ans Aysia s'efforçait de s'occuper de sa petite sœur du mieux qu'elle le pouvait. Mais elle n'était pas faite pour ça, elle n'était pas prête. Pas si tôt. Malgré tout ça, tous ces évènements qui les avaient contraintes à vivre dans la forêt, la jeune fille s'efforçait d'apporter à sa petite sœur l'éducation que ses parents lui avaient transmise à elle. C'est ainsi que, chaque matin, à l'aube, avant que Kaly ne se réveille, elle arpentait la forêt de long en large dans l'espoir de trouver d'autres de ces fruits miraculeux. Et comme chaque matin, elle se remémorait chacun des conseils de sa mère, c'était grâce à ceux-ci que la jeune fille avait trouvé la force et les moyens de s'en sortir. Mais la nostalgie refaisait bien trop souvent surface. Fréquemment elle se demandait si elle parviendrait à offrir à Kaly un semblant de vie normale. C'était trop tard pour elle, mais elle avait encore l'espoir de donner à sa petite sœur une enfance joyeuse. Sans avoir sans cesse peur d'être poursuivies par tout un régiment de soldats près à tout pour un vulgaire collier. Elle s'était souvent demandée ces dernières années, pourquoi il leur était si précieux. Ce n'était qu'un objet de famille que son père lui avait transmis, rien de plus. Enfin, c'est surtout ce qu'elle se disait pour se rassurer. Il y avait forcément autre chose. Quelque chose de plus important. Son père lui avait dit de protéger ce collier, coûte que coûte, il devait avoir une certaine valeur. Sinon, jamais il ne lui aurait fait prendre autant de risque. Elle trouverait. Elle se l'était jurée. Un jour, elle réussirait à résoudre le mystère qui résidait autour de ce pendentif. Mais pour l'heure elle devait surtout trouver de quoi se nourrir.

Soudain, un changement dans le paysage attira son attention et la sortit de ces pensées. Le feuillage à la cime des arbres se faisait moins dense, la forêt était plus lumineuse et une odeur de terre humide flottait dans l'air. C'était bon signe, elle s'en rapprochait.

Quelques mètres plus loin, Aysia aperçut un buisson aux couleurs originales qui retint son attention. Ses longues feuilles bleues lagon étaient caractéristiques de ces fourrés qui recueillaient ces baies aux vertus miraculeuses. La jeune fille s'approcha alors et les cueillit une à une pour en remplir ses poches. Rapide et discrète, la jeune fille s'élança sur le chemin du retour en prenant garde de n'être vue par personne, bien qu'il n'y ait pas grand monde dans cette immense forêt.

Tandis qu'elle courait à pleine vitesse au milieu de ces paysages qui changeaient du tout au tout en quelques secondes, elle repéra non loin d'elle l'arbre aux branches massives qui lui permettrait de rejoindre sa cachette. Lorsqu'elle se retrouva à son pied, elle inspecta la forêt autour d'elle. Personne à l'horizon. Aysia s'élança alors sur la première branche, puis sauta entre chacune d'elle pour enfin distinguer l'entrée de sa grotte. Avec une agilité sans faille, elle se balança pour atteindre l'ultime branche, qui était recouverte d'une mousse humide et glissante. Elle faillit déraper, mais se rattrapa de justesse avant de perdre l'équilibre. L'entrée de la grotte se trouvait à quelques mètres de vide seulement désormais, mais avec la mousse sous ses pieds, la tâche s'avérait plus difficile que d'habitude. La jeune fille tâta le terrain et mis toute sa concentration dans son saut. Elle donna une puissante impulsion pour s'élancer mais son pied droit glissa déséquilibrant son bondissement. Aysia réussit tout de même à se retenir sur les coudes au bord de la falaise, mais son corps qui pendait dans le vide l'empêchait de remonter.