Chapitre 19

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Aloïssa, la jeune garde missionnée par le roi pour guider Aysia et ses compagnons dans leur quête s'imprégna de son rôle à merveille. Elle les guida jusqu'à l'escalier qui les mèneraient jusqu'au sous-sol du palais. La descente leur parut durer une éternité et les marches étroites et glissante menaçaient de les faire tomber à tout moment. L'atmosphère humide et poisseuse rendait l'odeur nauséabonde qui s'échappait des galeries encore plus insupportables.

Les quatre compagnons qui n'en étaient pas vraiment habitué portèrent une main à leur bouche pour tenter d'étouffer les odeurs.

- D'où vient cette odeur, c'est absolument insupportable ? se plaignit Angoon.

- C'est endroit est un souterrain, il n'est pas emprunté très souvent, alors de mauvaises odeurs s'installent au fil du temps. Et puis ils sont très vieux. Ils ont été creusés en même temps que le palais a été construit, informa Aloïssa.

Malgré tout ils ne ralentissaient pas le rythme, sous aucun prétexte. Le temps pressait, il ne pouvait pas se permettre de s'arrêter.

Après un temps qui leur parut interminable l'escalier déboucha enfin sur une immense pièce circulaire. Les murs taillés à même la terre laissaient celle-ci apparente, éclairés par la faible lueur de leurs torches. Tout autour d'eux s'élevait désormais des dizaines de porte donnant sur d'autres couloirs sombres.

- Eh bien, ça en fait de portes, dites donc, comment faites vous pour vous repérer dan un endroit pareil ? demanda Angoon stupéfait, vous ne devez pas y aller tout les quatre matins en plus.

La jeune garde sourit et regarda le jeune homme pourtant très sérieux.

- Pose-t-il toujours autant de questions ? demanda-t-elle pour le charrier.

- Toujours, confirma Aysia en donnant un coup de coude à son ami qui grogna.

- Avant d'être acceptée à un poste aussi haut placé, nous avons de nombreuses formations, reprit Aloïssa plus sérieuse, et pour une poignée d'entre nous, nous avons la chance de pouvoir circuler en ces lieux et d'en connaître la carte sur le bout des doigts.

- Une chance en effet, murmura Angoon avec une grimace.

La jeune femme se tourna vers ses nouveaux compagnons de voyage et les regarda un à un, en essayant de capter leur attention.

- Prêts ? demanda-t-elle après un moment.

Tous acquiescèrent gravement et, sans plus attendre, Aloïssa se dirigea droit vers l'une des portes au fond de l'immense pièce. Elle eut d'abord du mal à ouvrir celle-ci et dû forcer, le bois avait dû faire gonfler avec l'humidité et le temps. Dans un bruit sec la porte céda finalement et laissa pénétrer un courant d'air glacé qui fit frissonner les aventuriers qui se trouvaient face à l'ouverture.

Le couloir qui se dressa devant eux était affreusement étroit, et la lumière de leur torche n'éclairait pas à plus de quelques mètres.

- Eh bien... qu'est-ce qu'on attend, allons-y ! s'écria Angoon avec une fausse motivation.

- Suivez-moi, indiqua Aloïssa en prenant à nouveau la tête du groupe.

Les deux adolescents s'entreregardèrent d'un regard soucieux. Pour une fois Angoon prit son courage à deux main, bomba le torse et emboita le pas de la guerrière. Aysia secoua la tête d'exaspération et laissa échapper un léger sourire avant de le suivre à son tour, Toakoo sur les talons. Tsaarik et Edmun les suivirent de près mais les deux hommes devaient presque avancer de biais afin de pouvoir passer dans ce passage étroit.

Seulement quelques minutes après qu'ils aient passé la première porte Angoon ne put s'empêcher de demander :

- Dites, il y a combien de kilomètres, là-dessous ?

- Beaucoup, répondit simplement la jeune femme devant lui, nous devons être sûre d'arriver assez loin du palais pour être en sécurité.

Le jeune homme laissa échapper un léger râle mais se retint tout de même de tout commentaire.

~

Ils ne marchaient pas depuis très longtemps mais cela leur paraissait durer des heures. L'obscurité constante brouillait tout leur repère si bien que le temps semblait s'allonger. Aucun d'eux n'était en capacité de dire depuis combien de temps ils naviguaient dans ces souterrains. Par moment le tunnel s'élargissait et leur permettait de marcher à deux côté à côte mais souvent le tunnel était bien trop étroit et renforçait cette sensation d'angoisse constante et le poids qui pesait sur eux. Consciente que la marche devenait épuisante pour tous, Aloïssa proposa une halte afin de reprendre un peu d'énergie.

- Pendant combien de temps pensez-vous que nous devons encore marcher ? demanda Edmun coupant l'herbe sous le pied d'Angoon.

- A ce rythme là, je dirais que nous en avons encore pour plusieurs heures, avoua la jeune femme sous les grognements de ses nouveaux coéquipiers.

Le découragement s'abattit bien vite sur tous les membres du groupe, même les plus robuste se trouvait éreintés, pourtant chacun garda bien sa peine pour lui, même Angoon.

Mais leur fatigue fut bientôt effacée lorsqu'un tremblement de terre retentit à quelques kilomètres hauts dessus d'eux. La secousse ne tarda pas à les atteindre et des morceaux de terres et de pierres tombèrent du plafond s'écrasant à leurs pieds provocant un écho tous le long du tunnel. Un grand silence suivit l'explosion. Tous restaient immobiles comme si une autre explosion allait retentir d'une minute à l'autre. Mais rien n'y fit, ne restait plus qu'un calme presque encore plus angoissant. Le calme après la tempête. Ou plutôt avant. Après quelques instants, ils s'entreregardèrent le regard fiévreux.

- Il a réussi, souffla Aysia.

- Peut-être que c'est la même chose que cette nuit, il veut peut-être simplement attirer l'attention sur la barrière magique, tenta timidement Angoon pour rassurer les troupes.

- Nous devons repartir tout de suite, ordonna Aloïssa sans plus attendre.

Ils récupérèrent chacun leur sac et repartirent au pas de course. Ils ne gardèrent pas ce rythme très longtemps, la fatigue et l'essoufflement les poussa à ralentir. Mais les explosions et les tremblements avaient repris de plus belle et se faisaient de plus en plus fréquents les poussant à avancer sans trop trainer.

Si leur théorie était vraie et que Golrick avait bel et bien réussit à détruire la protection autour du palais ce n'était plus qu'une question de jour, voire d'heure avant que celui-ci ne tombe aux mains de l'héritier déchu.

Le frère du roi imposerait alors son règne de terreur, comme il l'avait fait jadis avant d'être rattrapé par les conséquences ses actes. Mais désormais il était trop puissant pour que qui que ce soi ne puisse le détrôner. Il ne fallait surtout pas qu'il arrive au pouvoir.

~

- Je ne sais pas vous, mais j'ai horriblement faim, lança Aloïssa dans une tentative désespérée de détendre l'atmosphère.

Le visage d'Angoon sembla s'éclairer d'une lumière nouvelle, sous les rires de ses compagnons.

- Moi aussi ! Je meurs de faim ! s'écria Angoon content que quelqu'un l'ait suggéré à sa place.

- Vous avez raison, renchérit Edmun, nous avons bien mérités une petite pause.

Chacun mangea sans se faire prier sa ration du midi dans un silence presque religieux. Peu à peu l'énergie les regagna et ils reprirent rapidement leur chemin. En marchant Aysia songea à ce qu'il se passerait si Golrick venait à trouver le passage qu'elle et ses compagnons empruntaient en ce moment. Un poids sembla faire pression sur sa poitrine si bien qu'elle secoua vigoureusement la tête afin de chasser toutes ses idées noires.

Pendant de nombreuses heures encore ils progressèrent dans ces tunnels qui paraissaient s'allonger au fur et à mesure qu'ils avançaient.

Les tremblements et les explosions semblaient moins fréquents, ou alors les entendaient-ils simplement moins. Ce qui n'était pas plus mal. Ils s'éloignaient du palais à un bon rythme.

la légende des pierres sacrificiellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant