𝚂𝚊𝚕𝚞𝚝 𝚍'𝙰𝚖𝚘𝚞𝚛 ᵃʳᵘᵃⁿᶦ

1 🎶 De la musique et de la fumée

Depuis quelque temps, Annie a l'habitude des hypocrites.

Les gens qui la critiquent derrière son dos, ceux qui la regardent avec une fausse pitié, le paquet de cigarettes qu'elle tient dans la main qui indique expressément que fumer tue mais que malgré ça, le vendeur lui a souhaité une bonne consommation...

Bon, sur ce dernier point, c'est elle qui a choisi de se mettre à la clope. De toute façon, c'est un des derniers plaisirs qui lui reste. Du moins, c'est ce qu'elle pense.

Mais par contre, dans la crème de la crème de ce qu'il y a de plus hypocrites sur cette Terre, rien ne peut égaler les ex-copains d'Annie. Eux, ils sont imbattables.

Pourtant, la voilà en train de relire les messages qu'elle et son dernier ex en date se sont envoyés. Histoire de bien retourner le couteau dans la plaie, probablement... En fait, la jeune fille ne saurait dire pourquoi elle s'inflige une telle chose. Peut-être parce qu'elle n'a rien de mieux à faire ? Ou alors c'est juste son spleen habituel qui a repris le dessus, et quoi de mieux que de repenser à un de ses exs pour avoir encore plus le moral dans les chaussettes !

-Une logique t'as peur, marmonne-t-elle alors que de la fumée s'échappe de sa bouche et de ses narines.

Dans sa chambre avec la fenêtre préalablement ouverte, son téléphone en main et une cigarette allumée de l'autre, Annie fait défiler les conversations qu'elle a eues avec Frock Foster. La chanson Rehab d'Amy Winehouse résonne dans sa petite enceinte. Un classique, surtout qu'Amy Winehouse est une des artistes préférées d'Annie. Elle se trouve pas mal de similitudes avec la défunte chanteuse, ce qui est assez inquiétant vu que cette chanteuse en question n'a pas eu la vie la plus joyeuse qui soit et qui, en plus, est morte à l'âge de vingt-sept ans.

Peut-être que c'est pour ça qu'elle compte parmi les artistes préférées d'Annie. Vie tragique, mort tragique, mais héritage immense. Pour cette dernière partie, la jeune fille aurait bien aimé en dire autant pour elle-même. A moins d'avoir une grande carrière de pianiste, bien sûr.

Parce que, bon... Ce serait malhonnête de sa part de dire que la clope est le dernier plaisir qui lui reste. Le piano peut être un excellent échappatoire. Laisser ses doigts courir sur le clavier alors que la mélodie qu'elle joue est en raccord avec ses émotions constitue une bonne thérapie.

Annie joue du piano depuis qu'elle est toute petite. Mais lorsque sa mère est morte, il y a quelques années, qu'elle s'y est complètement réfugiée. La jeune fille a trouvé en la musique une sorte de remplacement maternel. Que ce soit pour en jouer ou pour en écouter, Annie Leonhart est devenue une vraie mélomane. Si bien que son beau-père lui a proposé de se perfectionner en prenant des cours.

Bon, le terme "obligé" serait plus approprié. Quand son beau-père lui a annoncé que les cours commencent le week-end prochain, elle a refusé tout net d'y aller. Claquer de l'argent pour de simples leçons de musique alors qu'elle en prend seule depuis des années ? Très peu pour elle. Mais son beau-père, lui, est persuadé que prendre des cours à plusieurs pourrait l'aider à s'ouvrir de nouveau.

S'ouvrir de nouveau. Comme si ça allait changer quoi que ce soit. Ce n'est pas ça qui ramènerait sa mère, ou qui ferait disparaître les hommes l'ont fait souffrir. Sauf que son beau-père peut être très obstiné lorsqu'il a une idée en tête. Et n'ayant pas envie de se prendre encore plus la tête avec lui, elle a fini par baisser les armes.

Ses pensées défilent, alors que sa cigarette se consume d'elle-même sans qu'elle n'y ait toucher. La lecture de ses messages avec Frock est également abandonnée.

Son téléphone vibre dans sa main, la sortant de sa rêverie. Une de ses amies, Hitch Dreyse, vient d'envoyer un message sur le groupe en commun qu'elles ont avec Pieck Finger.