Annie a l'occasion de voir ses camarades de musique le mercredi et le samedi. Le mercredi, c'est surtout un peu après les cours, alors qu'on est en pleine semaine où l'on a mille et une chose à faire. Voilà pourquoi elle préfère les cours du samedi.
Après avoir pris un rapide petit-déjeuner, elle enfile son sac en bandoulière contenant son portefeuille et des partitions. Elle a la main posée sur la poignée de la porte d'entrée lorsqu'elle entend une voix l'interpeller:
-Annie ! Tu peux attendre deux secondes ?
Quand on est poli, on dit "s'il te plaît", pense la jeune fille qui songeait sérieusement à dire cette phrase à voix haute avant de s'abstenir.
Elle se retourne pour mieux faire face à son beau-père. Il tient une tasse de café fumante à la main, et Annie se demande quand il a pu avoir le temps de la préparer. Peut-être était-elle si plongée dans ses pensées qu'elle n'a pas fait plus attention que ça.
Annie a toujours une relation particulière avec son beau-père. Elle trouve qu'il la couve trop tout en étant assez distant. Improbable, mais vrai. Il n'empêche que la jeune fille préfère largement sa compagnie à celle du fumier ambulant qui lui sert de géniteur. Et surtout, elle comprend ce que sa défunte mère lui trouvait. Sa silhouette trapue et bien bâtie lui donne un côté rassurant, comme si on devinait qu'il n'hésiterait pas à défendre les personnes qui lui sont chères. Sûr que ça change de l'autre abruti dont la mère d'Annie a divorcé.
Quand cette dernière est morte, son beau-père était effondré. Pendant les premiers jours, il n'a presque pas parlé à Annie, car elle lui rappelait sa bien-aimée. Puis, se sentant sûrement coupable, il a commencé à vouloir la surprotéger. Ça a ses avantages comme ses inconvénients. Par exemple, il l'oblige à prendre des cours de piano avec d'autres jeunes dans l'espoir de l'aider à se sociabiliser de nouveau.
Son beau-père la fixe avec un air difficile à déchiffrer. Au bout d'un moment, il dit:
-Amuse-toi bien.
Voilà. C'est tout. Annie est tentée de lui demander s'il l'a vraiment retenue pour lui dire une chose aussi banale, mais le ton de voix qu'il a employé l'en empêche. Il avait l'air légèrement plus doux et triste.
La remarque acerbe qu'elle s'apprêtait à faire lui reste dans la gorge.
-Ouais... merci, dit-elle à la place.
L'esprit d'Annie reste songeur alors qu'elle quitte son domicile. Préoccupée par le rapide échange qu'elle a eu avec son père, elle faillit ne pas entendre qu'on l'appelle.
-Hé, Annie !
Du coin de la rue, Armin s'avance vers elle avec un sourire aux lèvres. Il a toujours l'air enchanté de la voir quand ils sont en cours de musique. Par contre, c'est la première fois que leurs chemins se croisent alors qu'ils s'y rendent.
-Tiens, salut Joli Cœur, répond-elle de sa voix pince-sans-rire.
"Joli Cœur", c'est le surnom qu'elle a commencé à lui donner depuis qu'elle l'a vu en train d'aider Mina Carolina à retrouver ses notes de partition. Annie s'est un peu moquée de lui en disant qu'il ne pouvait vraiment pas s'empêcher de venir en aide à des demoiselles en détresse.
Depuis, elle l'appelle Joli Cœur dès qu'elle en a l'occasion, c'est-à-dire presque à chaque fois qu'ils se voient.
Et comme à chaque fois qu'elle l'appelle ainsi, Armin la regarde avec un air gêné presque trop adorable. On croirait voir un bébé chiot.
-Je savais pas que tu passais par là, toi aussi, dit le jeune blond pour ne pas s'embarrasser davantage.
-Je te retourne le compliment.
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𝚂𝚊𝚕𝚞𝚝 𝚍'𝙰𝚖𝚘𝚞𝚛 ˢⁿᵏ
FanfictionAnnie Leonhart a perdu sa joie de vivre. Entre le divorce de ses parents, la mort de sa mère et de nombreuses déceptions amoureuses, la jeune fille se replie de plus en plus sur elle-même, malgré les tentatives de son beau-père et de ses amies, Hitc...