Chapitre 5 : Aveux

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Jeudi 27 juin 2024.

Gabriel avait beau y réfléchir, il ne comprenait pas.
Pourquoi lui proposer un rendez-vous chez lui ?
Leurs... Débats privés n'étaient que charnels pourtant. Certes, leur rivalité rendait tout ça plus précieux. Ils avaient trouvé un moyen de se défouler, voilà tout. Une rivalité entretenue par deux personnes qui étaient fortement attirées l'une par l'autre. Ni plus, ni moins.
Ce rendez-vous était inapproprié. Il pourrait bien... Lui faire espérer plus.

Voilà l'état d'esprit dans lequel était Gabriel Attal en pénétrant l'enceinte de france 2.

Jordan Bardella, quant à lui, était confus.
Suite à sa requête, Gaby lui avait répondu un vieux "On verra ça plus tard".
Comment pouvait-on refuser les avances de l'homme le plus beau de France (autoproclamé) ?
Enfin... Techniquement il n'avait pas dit non, mais le facho commençait à bien connaître le macroniste.

Avait-il peur à ce point-là du scandale qui planait au-dessus d'eux ? Pourtant ils étaient si discrets (non).
Enfin peut-être qu'avoir fait une vidéo notifiant qu'il savait que des gens (des génies) faisaient des édits sur eux deux n'était pas très perspicace. Ou le fait de regarder constamment son crush avec des yeux clairement amoureux sous les caméras.

"... Amoureux ?" pensa-t-il "mais non jsuis pas gay moi"

Réalisant l'absurdité de ce raisonnement (ils avaient pas dit no homo avant de le faire et s'étaient clairement regardés dans les yeux), il eût soudainement une révélation : Attal était homosexuel.

Et lui aussi, éventuellement. Mais rien qu'un peu. Il n'avait pas envie de se faire agresser par des étrangers homophobes, tout de même.

Et c'est ainsi qu'une nouvelle confrontation télévisée eût lieu.

Les deux hommes, frustrés et déboussolés, se chamaillèrent tout du long. Ils se disputaient aussi avec le mec du Front populaire, mais il avait trop de charisme pour eux. Attal était si ronchon qu'il utilisa même à plusieurs reprises le deadname du parti. (Le front populaire tenait tellement la chandelle qu'ils auraient pu faire tout le parcours de la flamme olympique avec.)

Puis, vers la fin du débat, quand vint le sujet de l'homophobie, Gabriel prit la parole :

"... Et moi je pense à tous les français qui subissent l'homophobie ou qui N'OSENT PAS S'ASSUMER..."

Il appuya bien sur ces derniers mots en regardant Jordan droit dans les yeux.

Ah.

C'était donc ça.

Après avoir répondu comme il pouvait (en activant sa carte spéciale racisme), le débat prit fin.
Ils prirent leurs affaires et se dirigèrent vers les loges.
Bardella se précipita vers Attal.

"Gabriel..." il se rendit compte qu'ils n'étaient pas encore seuls "euhhh Attal.

-Quoi, tu veux encore me rappeler que j'ai endetté la France ?

-Alors non, y a plus de caméras donc c'est moins marrant. Mais plus sérieusement, j'aimerais vraiment beaucoup qu'on puisse parler.

-Vas-y. 𝘈𝘴𝘴𝘶𝘮𝘦.

-En privé.

-Parce qu'on peut se parler en privé sans que ça ne dégénère ?

-S'il te plaît."

Face à ses yeux suppliants, Gabriel se résigna et ils entrèrent tous deux dans la loge d'extrême droite.

"T'es faché mon Gaby ?

-... Je suis pas ton Gaby

-Et si j'ai envie que tu le sois ?

-Tu vois c'est ça le problème avec toi : t'es super ambiguë en ce moment...

-Je peux pas être ambiguë, je t'ai déjà baisé deux fois."

Attal faillit s'étouffer en entendant ces mots. Jordan retenait à peine son sourire, fier de sa punchline :

"Tu vois, j'assume ce qu'on a fait.

-C'est pas ça le problème ! Je veux dire... Je suis quoi pour toi ? Si c'était juste physique tu m'aurais pas invité"

Un lourd silence plomba la loge. À présent, Bordella regardait le sol, honteux, rougissant.
Il allait falloir être honnête s'il ne voulait pas le perdre. Ou peut-être que justement, s'il en disait trop ça le ferait fuir ?
Dans tous les cas il fallait briser ce silence. Il releva la tête, planta ses yeux dans ceux de son rival.

"Écoute, je pourrais pas te donner de réponse satisfaisante" il marque une pause, prenant une grande inspiration.

"Tout ce que je sais, c'est que j'ai toujours aimé nos débats. Tu as une manière de me défier que personne n'égale. Récemment, je me suis surpris à penser trop souvent à toi... J'ai envie de passer du temps avec toi, d'apprendre à te connaître en dehors de la politique. J'ai pas encore de mot à mettre dessus mais, si tu es d'accord, j'aimerais explorer plus en profondeur ce qui s'offre à nous.
J'imagine bien qu'être le seul politicien ouvertement gay te fais souffrir, mais je suis même pas sûr de ce que je suis moi-même.
Peut-être qu'au final je suis juste gay pour toi mon Gaby."

Bardella tremblait, n'étant pas habitué à ouvrir son coeur.
Attal l'avait écouté tout du long, les yeux mouillés. C'était les mots qu'il avait toujours voulu entendre, sans le savoir. Ce n'était pas parfait, mais ça avait suffit à l'apaiser. Leur coeurs battaient à tout rompre, dans un silence plus confortable.

"Donc, on va se faire agresser par de méchants migrants maintenant ?

-Oh gâche pas tout c'était bien jusque là. Ferme la et embrasse moi plutôt."

Il s'exécuta sur-le-champ, lui offrant un doux et langoureux baiser.
Gabibou posa son front sur celui de son ami :

"C'est d'accord.

-De?

(Trois)

-Allons chez toi ce soir."

Tensions et d'ébatsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant