Chapitre 7 : Interludes

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En attendant les résultats des élections, les tourtereaux s'envoyaient désormais régulièrement des messages, profitant du calme avant la tempête. Ils savaient que les résultats allaient forcément influer sur leur relation, mais ils avaient une sorte d'accord tacite : ils ne redeviendraient ennemis qu'au moment voulu, devant les caméras.

Les deux camps remarquaient bien qu'il y avait quelque chose d'étrange avec leurs représentants : que ce soit l'un ou l'autre, ils avaient l'air ailleurs, souvent sur leurs téléphones. Était-ce dû au stress de l'attente jusqu'à dimanche soir ? Pourtant ils avaient l'air si heureux... Ils devaient être confiants dans leurs campagnes.

Mais il n'y avait qu'eux qui savaient. C'était leur jardin secret.

Le samedi, les deux équipes avaient organisé une dernière réunion avant les législatives.
Sachant cela, Gabriel, un sourire en coin, saisit son téléphone.

G : "On dirait bien que nos équipes sont dans le même bâtiment."

J : "Je te manque déjà ?"

G : "Je dis juste que je vais à la machine à café du 1er"

J : "Coquin va"

Attal s'excusa donc auprès de ses collègues, prétextant un manque de caféine, pour filer.
Il arriva au premier étage, surpris de voir que Bardella était déjà devant la machine à café.
C'était la première fois qu'ils se revoyaient depuis qu'il avait pris conscience de ses sentiments. Avait-il toujours été aussi beau ? Est-ce qu'il sentait aussi bon depuis le début ?
En tout cas, le fait de le voir étira largement ses lèvres vers le haut.

"Dites donc, vous avez été rapide, Monsieur Bardella.

-C'est la moindre des choses quand le premier ministre vous invite à prendre un café."

Jordan vérifia que la salle était bien vide et déroba un baiser rapide à Gabriel.
Ils s'échangèrent un long regard amoureux.

"Tu sais, tu peux revenir chez moi demain, après avoir voté. On attendra les résultats ensemble.

-Tu deviendrais pas accro mon Jojo ?

-Comment ne pas l'être ?"

Avec un grand sourire, il attrapa son amant par la taille et embrassa son front, ses joues, son nez, sa bouche.
Gabriel avait l'impression de retourner à l'époque de ses premières amours. Il avait des papillons dans le ventre (et plus bas), et vu la manière d'agir de son grand brun, il avait bien l'impression que c'était réciproque.

Le son de la machine à café les fit revenir à eux. Les deux cafés étaient prêts, ils n'avaient donc plus d'excuse pour rester ici sans que ça n'alerte leurs équipes respectives.
Avant de quitter la pièce, Gabriel lança malicieusement :

"On se reverra au prochain café, la journée est encore longue"

Quand Jordan Bardella revint en salle de réunion, Marine lui demanda ce qui le mettait d'aussi bonne humeur. Se rendant compte de l'expression ultra niaise sur son visage, il répondit simplement "Je suis juste content d'avoir du bon café". Bon sang, il avait vraiment Gaby dans la peau !

Ils réitèrèrent leur petit manège plusieurs fois dans la journée, rendant leurs échanges un peu plus intenses à chaque fois.

Marine finit par se demander ce que ce café avait de si spécial, et demanda à Jojo de lui en ramener un. Verdict : pas si ouf. Elle s'étonna même qu'un homme avec des gènes italiens puisse aimer à ce point ce café.

Le soir venu, alors que leurs collègues commençaient à rentrer chez eux, les amants interdits restèrent plus tard que tout le monde. " J'ai bu trop de café, je vais attendre que ça redescende avant de rentrer chez moi." L'excuse parfaite.

Ils finirent donc par être les seuls restants de tout le bâtiment.

Zut alors. Quel dommage.

Ils se rejoignirent. Jordan lui adressa un clin d'oeil.

"T'as jamais eu envie d'explorer toutes les salles de ce bâtiment ?

-C'est vrai qu'on ne m'a jamais fait faire la visite complète, ça a toujours été un énooorme regret"

Et c'est ainsi qu'ils inaugurèrent toutes les pièces du bâtiment. Et les couloirs. Et l'ascenseur. Et la cage d'escalier, aussi. Le café rendait apparemment Barredella indébandable.

Une fois leur quête achevée, à bout de souffle, il était temps qu'ils rentrent chez eux.

"T'es sûr que tu veux pas passer la nuit à la maison ?

-Alors, premièrement, si demain matin ce n'est pas de chez moi que je sors pour aller voter, tu peux être sûr qu'on fera le scandale de l'année.

-T'as pas tort, ça ne passera pas inaperçu.

-... Et deuxièmement, je suis pas sûr de pouvoir m'asseoir avant quelques jours. Laisse-moi juste un peu de répit s'il-te-plaît.

-Tu sais, moi je voulais juste qu'on dorme ensemble, hein. C'est toi qui a les idées mal placées.

-Bref, on se reverra quand les résultats du premier tour tomberont. En plus, il faudra probablement prendre la parole publiquement.

-Ouais le temps que ton petit cul se remette quoi.

-... Restez élégant Monsieur Bardella !"

Tensions et d'ébatsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant