Chapitre 11 : Rendez-vous

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La loge de Jordan s'était métamorphosée : la lumière était tamisée, des pétales de roses étaient dispersées un peu partout, et il y avait sur la table des bougies parfumées avec des carbonara.

Gabriel n'en croyait pas ses yeux : personne n'avait jamais fait quelque chose d'aussi mignon pour lui.

Il pénétra dans la loge, prenant bien soin de verrouiller la porte à double tour.

"Tu t'es donné tellement de mal !

-J'avais envie de t'offrir un moment spécial.

-C'est que t'es romantique, sous tes airs de mâle alpha !"

Ils dinèrent donc dans une atmosphère particulièrement fleur bleue. S'ils sortaient ensemble depuis plus longtemps, on aurait même pu croire que ça donnerait lieu à une demande en mariage ! Mais impossible de se marier, quand on vit un amour caché.

"Tu sais, j'ai toujours rêvé de faire un rendez-vous parmi la plèbe.

-Oh, un date avec les gueux ? Je vois que tu aimes le risque mon Gaby. Il faudrait qu'on se déguise en pauvres, mais ça peut être marrant, je note l'idée.

-Oh si tu savais, j'ai pas mal d'idées pour nous deux. Au fait, tu as prévu un dessert ?

-Il est en face de moi le dessert."

Gargaby se mordit la lèvre, retenant un sourire. Jorcaca se leva pour donner un baiser à son compagnon, qui le lui rendit à coeur joie.

"Tes lèvres ont le goût des lardons...

-C'est normal, je deviens un vrai cochon dès que je t'approche.

-Je vois ça, t'as une banane dans la poche ou t'es content d'être là ?"

Baracudella baissa les yeux, constatant qu'en effet, il était content d'être là. Il arqua un sourcil et chuchota :

"Toi qui voulais un dessert... Tu dois aimer les fruits, non ?"

Pour toutes réponses, Gabouille saisit sa banane, la caressa puis la secoua (sans doute pour faire un smoothie), ce qui arracha un gémissement à son propriétaire.

"Ah oui carrément, t'y vas pas de main morte...

-Je dois finir le travail, je te rappelle"

Il s'exécuta donc, et Jordy lui aggripa les cheveux pour l'appuyer contre lui, dans un long râle de plaisir.
Attal avait bien eu du dessert au final, puisqu'il but tout le smoothie de Jojo.

"Tu me rends complètement fou Gabriel...

-Parce que tu l'es pas déjà de base ?

-Tais-toi et laisse-moi te rendre la pareille.

-Je n'accepte que si tu me laisses te guider.

-J'ai été si mauvais que ça la dernière fois ? (Dit-il avec un air vexé)

-Disons juste que tu as besoin d'un bon professeur."

Jojo s'agenouilla, sous la pression exercée sur sa tête.
Il suivit les indications de son maître avec attention, jouant de sa langue entre banane et cerises. Une belle salade de fruits. Au bout de 30 minutes d'acharnement intense, il obtint à son tour un délicieux smoothie.

Tous deux en sueur, ils finirent par nettoyer la loge du facho et se poser en face à face sur les canapés.

"Tu mérites une bonne note, je dois bien l'avouer.

-Aah enfin un peu de reconnaissance !

-Si les gens de tiktok savaient ce qu'on vient de faire...

-Tiens ça fait longtemps que j'ai pas regardé d'edits d'ailleurs..."

Il sortit son téléphone, et commença à scroller. Amusé, Gabriel commença à filmer ses réactions. Jordalou surjoua dès qu'il se rendit compte qu'il était filmé.

"Nan mais c'est vrai qu'on est cramés là... Envoie-moi la vidéo pour voir ?

-Pourquoi ? Tu veux la publier ? Ce serait ton troisième post sur le sujet, c'est pas très prudent...

-Non mais justement, ça fait genre j'en rigole mais y a rien tu vois. Et puis si un jour ça se sait, au moins personne ne sera surpris.

-Mouais... Tu serais pas en train de te faire de la notoriété sur mon dos par hasard ?

-Il y a bien des choses que j'aime faire dans ton dos, mais ça je n'oserais pas...

-Eh notre histoire est sérieuse, ne la met pas en jeu pour avoir plus d'électeurs, surtout que tu sais que je ne soutiens pas du tout ton parti.

-Oui bon, c'est bon enfant, y a rien de grave"

Alors que Jojo esquivait le sujet, Gaby était vraiment mitigé par rapport à tout cela. Il ne voulait pas non plus gâcher le bon moment qu'ils passaient ensemble, alors il prit sur lui, lui laissant le bénéfice du doute.

"Au fait, moi aussi je pourrais en faire, des choses agréables dans ton dos..."

Jordan eût un grand frisson. Cette phrase avait été dite sur un ton aussi sexy que menaçant.

"...Comment ça mon reuf ?

-Eh bien, il y a des plaisirs que tu n'as jamais exploré, et je suis sûr que tu prendrais ton pied...

-J'aime pas trop ce que tu sous-entends, là...

-J'aimerais bien passer par la porte de derrière la prochaine fois...

-C'est mon statut de mâle alpha que tu remets en cause là.

-T'as pas dit non... Et en plus, ça n'a rien à voir.

-J'ai pas dit oui non plus !

-On en reparlera en temps voulu. On se reverra jeudi soir à france 2 de toutes façons. Je compte sur toi pour ne rien laisser paraître de notre relation, surtout.

-Je serais irréprochable mon Gaby."

Mais il fût très loin d'être irréprochable.

Les soupçons de Gabriel Attal se confirmaient : d'une manière ou d'une autre, son amant se servait de lui.

Il savait que la politique fonctionnait comme ça. Il aurait dû s'y attendre en s'engageant avec cet homme. Bardella restait ce qu'il était, après tout. Un facho à l'ego monstrueux. Et ça, personne ne pouvait le changer.

Il avait tellement de sentiments contradictoires, il n'en dormait plus la nuit.

Et Jordan le sentait s'éloigner. Mais que pouvait-il y faire ?

Tensions et d'ébatsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant