⎮ 𝟐 ⎮ 𝟕 𝐦𝐢𝐧 𝐚𝐮 𝐏𝐚𝐫𝐚𝐝𝐢𝐬

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Ma journée de cours est terminée depuis deux bonnes heures et j'ai profité de cette fin d'après-midi pour aller faire un peu de shopping. J'ai acheté quelques robes de soirée au cas où je vais en avoir besoin pour ce soir, mais plus le temps avance et moins j'ai envie d'y aller.

J'aime bien les fêtes, mais j'ai une batterie sociale très aléatoire et si j'ai eu envie de m'y rendre une heure plus tôt, à présent, je n'en ai plus envie. Je pense donc rester à la maison avec mon grand-père et faire notre partie de Go comme on en a l'habitude tous les lundis soirs.

Je m'empresse d'ailleurs de rentrer afin de le voir. Les mains étant encombrées de sacs qui m'empêchent de correctement passer dans le couloir, je pose le tout au sol en retirant mes chaussures avant de me diriger vers la cuisine où une bonne odeur de soupe miso mijote. Humant l'air, je ferme les yeux pour apprécier l'odeur alors que je m'avance vers mon grand-père.

Tu as encore fait du shopping, constate-t-il sans lever les yeux de sa marmite, la voix un peu éraillée.

À quoi me sert l'héritage de papa et maman si ce n'est pas pour m'acheter des vêtements ? lui demandé-je de manière sarcastique.

Il ricane légèrement, faisant bouger ses frêles épaules et il se tourne vers moi avec un beau sourire. Ses cheveux blancs étaient autrefois de la même couleur que les miens. Un roux foncé qui fait penser aux feuilles d'automne. Seuls nos yeux sont différents. Là où je les ai gris, lui les a presque noir. Les mêmes que ceux de mon père. De son fils.

Les roux au Japon sont pratiquement inexistants, mis à part ceux qui font des couleurs. Mais la maman de mon grand-père avait un roux naturel dans ses cheveux et l'avait transmise à son seul fils.

Quand, en grandissant, il a remarqué mes cheveux roux, il a décrété que j'étais sa petite fille préférée. Moi, je pense surtout que c'est parce que je suis la seule.

Fils et fille unique de génération en génération. J'espère un jour briser cette tradition. J'aurais tellement aimé avoir un frère ou une sœur. Même si ma vie n'a jamais été ennuyante, j'ai toujours pensé qu'avoir une autre personne qui se trouve dans la même position que toi est plus agréable à vivre au quotidien. Il y a moins de solitude.

Mais mes parents n'ont jamais voulu d'autre enfant que moi. Je m'y suis faite.

Peut-être à payer ton permis, non ? s'enquit-il en me tendant la cuillère remplie de soupe.

On est à Tokyo, grand-père.

Je prends la cuillère dans ma bouche et avale le contenu.

J'ai pas besoin de voiture.

Je pince mes lèvres et récupère une goutte au coin de la bouche avec ma langue. Le goût délicieux de cette soupe miso aux légumes émoustille mes papilles et je hoche rapidement la tête.

Trop bon.

Mmh, fait-il en prenant lui aussi une cuillère. Je devrais peut-être rajouter un peu de sel.

Fais comme tu le sens, je mangerais quand même.

J'en doute pas une seconde, ricane-t-il. Va ranger tes affaires et te laver les mains.

Oui, chef !

Alors que je récupère mes sacs dans le couloir, j'entends vaguement un "sale gosse" sortir de la bouche de mon grand-père. Cela me fait sourire pendant que je monte jusqu'à ma chambre.

Aussi loin que je me souvienne, mon grand-père — Eikichi — a toujours été présent. Je suis née à Shibuya et mon père avait toujours été proche de son papa alors cela est très souvent arrivé que mon grand-père me garde. Et étant donné que j'ai toujours été — et suis toujours — sa petite princesse, j'ai eu tout ce que je voulais avec lui. C'est souvent que mon père lui disait qu'il me gâtait trop. Et c'est vrai. Mais il m'a aussi appris à ne pas être capricieuse alors je suis restée humble en grandissant.

𝐋𝐈𝐆𝐇𝐓 & 𝐒𝐇𝐀𝐃𝐎𝐖 ━ 𝐌𝐞𝐠𝐮𝐦𝐢 𝐅𝐮𝐬𝐡𝐢𝐠𝐮𝐫𝐨Où les histoires vivent. Découvrez maintenant