— Creuse plus profond, ma puce.
— C'est ce que j'essaie de faire, mais il y a des putain de cailloux partout ! m'exclamé-je avec rage, enfonçant ma petite pelle dans la terre pour retirer les intrus.
— Ton langage, Évangéline, me gronde-t-il en me menaçant de son mini râteau bizarre.
Ça fait cinq ans que je fais du jardinage avec mon grand-père et je ne sais toujours pas comment ces outils s'appellent.
Néanmoins, je fais une moue boudeuse en fronçant les sourcils et marmonne un simple "Pardon". Mais ce n'est pas pour autant que ma colère descend. Je peux me montrer patiente, mais quand les choses ne se passent pas comme je le veux, je peux devenir folle de rage.
Et après la glace de vendredi soir, aujourd'hui, en ce magnifique dimanche après-midi, c'est les cailloux que je veux rayer de la carte. Qu'est-ce qu'ils foutent à l'endroit où je dois creuser pour planter mes belles tulipes ?! Vraiment, ces cailloux vont me rendre dingue s'ils continuent de se mettre sur mon chemin.
C'est d'ailleurs dans un grognement rageur et très exagéré que j'attrape les deux gros cailloux qui me soûlent et que je les jette au loin avant de m'étaler sur le sol.
Un gros soupir retentit près de moi. Mon grand-père est assez désespéré de mon comportement, mais je n'arrive pas à faire autrement : le jardinage ne me détend pas du tout.
— La patience est une vertue, Ange. Et toi... tu n'en as vraiment aucune.
— J'ai plein d'autres qualités, lui dis-je en écartant les bras sur l'herbe, les yeux rivés sur le ciel.
— Ça, je le sais. Mais tu as les mêmes défauts que ton père.
— C'est pas vrai, m'indigné-je.
— En voilà un : la mauvaise foi.
Offusquée, je me redresse sur mes coudes. Il continue de ratisser les autres trous que j'ai déjà fait afin de planter les tulipes que j'ai choisi.
— T'es mon grand-père. T'es censé m'aimer et me trouver parfaite.
— Tu seras toujours parfaite à mes yeux. T'es ma petite princesse, sourit-il en me lançant un coup d'œil.
— Et pourtant, tu viens de me donner un défaut.
Un autre soupir sort de sa gorge alors qu'il lève les yeux vers le ciel comme s'il réclame une aide divine.
— Pourquoi faut-il que ma petite-fille cherche toujours à avoir le dernier mot ? demande-t-il en se tournant vers moi.
— Parce que je suis ta petite-fille, rétorqué-je avec un grand sourire.
Il s'esclaffe de bon cœur et c'est en continuant de planter les tulipes que son rire s'évanouit doucement dans l'air. Je replace mon petit chapeau vert sur ma tête quand les rayons du soleil attaque mes yeux gris.
— Au fait, tes tantes, Constance et Victoria, viennent manger à la maison samedi prochain.
Mes poils se dressent sur ma peau à la seule entente de leurs prénoms. Les sœurs jumelles de ma mère sont celles de la famille que je déteste le plus au monde. Elles sont très vieille école et surtout très ancrées dans la vieille bourgeoisie française. À chaque fois qu'elles me voient, elles passent leur temps à me pourrir de remarques passives-agressives.
À leurs yeux, il faut que je sois parfaite. Que je sois la première de la classe, que j'ai un petit copain que je prévois d'épouser et que je tombe enceinte rapidement pour ne pas finir vieille fille. J'entends déjà leurs réflexions acerbes disant que je dois me dépêcher de me trouver un mari sinon tous les bons partis seront déjà pris. Elles sont toutes les deux pleines aux as grâce à leurs maris millionnaires. Elles les ont épousés quand elles avaient mon âge et sont tombées enceinte quelques mois plus tard. Elles veulent à tout prix que je suive le même chemin.
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𝐋𝐈𝐆𝐇𝐓 & 𝐒𝐇𝐀𝐃𝐎𝐖 ━ 𝐌𝐞𝐠𝐮𝐦𝐢 𝐅𝐮𝐬𝐡𝐢𝐠𝐮𝐫𝐨
FanfictionL'université est l'endroit où tout est possible. Où tout peut se produire. Les bons comme les mauvais moments. Les rires et les larmes. Les expériences enrichissantes ou bien, les plus dures à vivre. Évangéline Katsura rêve de cet endroit depuis qu'...