PROLOGUE

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- Vous ne dites rien depuis tout à l'heure. Fait remarquer Grisha qui note sur son calepin les réactions d'Harry.

- C'est parce que je n'ai rien à dire. Il répond du tac-au-tac sans quitter des yeux ses chaussures dépareillées.

Le silence est pesant. La psychologue croise à nouveau ses jambes, son pied s'agite. Elle pose enfin le calepin sur son bureau. Harry fixe la pendule qui fait un bruit assourdissant. La bibliothèque lui paraît immense et poussiéreuse. Chaque détail de la pièce lui semble être un échappatoire face au regard brun de la jeune femme. La blonde le regarde, elle semble fatiguée. Elle retire ses lunettes rondes et les pose à côté du calepin, sur le bureau en chêne sculpté. Il brille sous le luminaire ancien. 

- Est-ce que vous pensez que Monsieur Tomlinson ait pu faire quoi-que-ce soit en rapport avec l'affaire ? Elle demande en levant un sourcil. Ses doigts s'entremêlent, elle a l'air sérieuse. 

Elle sait qu'Harry pourrait mentir mais elle souhaite laisser le bénéfice du doute au jeune homme qui reste muet. Il se raidit, déglutit. Il sait que Louis est innocent, il ne peut pas en être autrement, alors pourquoi est-ce qu'il ne peut pas être convaincant lorsqu'on lui pose cette question ?

- Vous m'avez dit qu'il était très proche de vous.

- C'est mon meilleur ami. Harry coupe la parole à la psychologue qui fait 'non' de la tête. Il ment, à nouveau. Elle fait un très léger sourire, réconfortant sans doute. Les épaules du bouclé se détendent. Elle sait, elle a lu le dossier. Elle le voit paniquer comme si c'était lui le coupable. 

- C'est votre petit-ami que vous essayez de protéger, ce qui est compréhensible. Elle poursuit. Mais rester muet ne va pas l'aider, accélérons la procédure, j'ai cru comprendre qu'il ne restait plus beaucoup de temps à votre ami. Elle dit d'une voix un peu plus douce.

Le brun aux yeux verts hoche la tête. Ses yeux tremblants se posent sur le bois brillant. Il paraît vouloir se déchirer la peau. Qui sait ce qui peut bien lui passer par la tête à cet instant ?

- Faites-moi sortir... Il dit d'une petite voix suppliante. Il est à bout. Cette confrontation est trop dure à affronter pour lui. 

- Je ne peux pas. Elle dit, compatissante. Vous êtes là depuis trente minutes, seulement. Dites-moi ce que vous savez, et je vous fait sortir. Elle chuchote doucement. Grisha est attendrit par Harry qui n'est pas beaucoup plus vieux que son fils à elle. Elle s'imagine comment elle réagirait à sa place. Sûrement qu'elle serait terrorisée à l'idée que sa vie et celle de celui qu'elle aime puissent basculer en laissant échapper le mot de trop. 

Elle prend des pincettes, bien que ce ne soit pas dans ses habitudes. Les traits serrés se desserrent. Elle essaye de s'adoucir.  

Grisha se rapproche du brun dont les mains commencent à trembler. Elle les saisit. Harry est effrayé à l'idée de condamner Louis. Et si tout ceci était sa faute ? Et s'il était devenu fou ? Et si tout le monde était devenu fou ? Il n'est plus sûr de rien.

- Je ne sais pas quoi vous dire, peut-être qu'il l'a vraiment fait ou peut-être pas. Je n'y crois pas une seule seconde, moi. Il inspire pour reprendre une respiration calme et posée. Il était furieux... Je l'avais jamais vu comme ça avant. Il m'a paru être quelqu'un d'autre. Louis n'est pas comme ça, il n'est pas violent. Il ne faut pas lire ce qu'ils disent dans la presse, c'est des conneries. Il ne m'a rien avoué, et je sais qu'il est innocent, vous ne pourrez jamais me faire douter à ce sujet. 

TÊTE DE CALAMAR [LARRY STYLINSON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant