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Gabriel n'avait que peu dormi cette nuit, et bien que le manque de sommeil soit une certaine habitude qu'il avait appris à supporter depuis sa prise de fonction, la fatigue n'en restait pas moins forte.
Son esprit avait passé une bonne partie de la nuit à ressasser les mêmes scènes en boucle, envahissant Gabriel d'images en tout genre, ces scénarios incluant la même personne à chaque fois.

L'homme qu'il haïssait si profondément, celui envers qui il ressentait un dégoût intense, était pourtant le fantôme hantant ses rêves lorsqu'il parvenait enfin à trouver le sommeil.

Gabriel se retourna une énième fois dans son lit, un bruyant soupir quittant ses lèvres avant qu'il ne se redresse, comprenant qu'il ne parviendrait plus à retrouver le sommeil quand bien même le soleil ne s'était pas encore levé et que la ville de Paris était encore plongée dans le silence de la nuit.
Un seul coup d'œil en direction de l'horloge lui suffit pour se lever définitivement de son lit.

5h36.

Il était bien trop tôt et pourtant Gabriel ne voulait plus essayer de se rendormir, préférant mettre à profit ce temps précieux en se mettant directement au travail plutôt que de laisser son esprit sombrer dans la folie des hallucinations qu'il créait en compagnie d'un certain politicien arrogant et méprisable.
Gabriel se déshabilla et posa un pied dans la douche, sentant l'eau froide lui couler sur le corps, calmant très rapidement ses ardeurs.

Il lui suffit de quelques minutes de plus pour être prêt à partir, enfilant simplement sa veste de costume avant de sortir de son appartement et de se mettre en route.
Certains pourraient le considérer fou d'aller travailler aussi tôt dans la matinée, mais pour Gabriel, se plonger dans le travail était la seule solution efficace pour faire taire son esprit et faire disparaître toutes ces images qui lui apparaissaient sans arrêt.
C'était le seul moyen de l'éloigner de ses propres désirs et sentiments.

Gabriel s'installa à son bureau calmement, déposant ses affaires sur le bois du meuble en lâchant un léger soupir et en se frottant les yeux.
Certes, il ne pouvait nier la fatigue qu'il ressentait alors que ses yeux se fermaient presque tout seuls à certains moments, mais Gabriel ne pouvait pas dormir, du moins plus maintenant.

Il ouvrit son ordinateur et l'alluma, consultant rapidement son emploi du temps de la journée qu'il connaissait en réalité presque par cœur et il ne fut même pas surpris de voir à quel point il était rempli, comme à son habitude.

En réalité, la seule chose qui lui sautait aux yeux et lui donnait envie d'envoyer valser l'appareil contre le mur le plus proche était la rencontre avec les agriculteurs prévue dans l'après-midi.
Ce n'était bien sûr pas la rencontre en elle-même qui lui fit avaler sa salive bruyamment, puisque la fonction de Premier Ministre avait habitué Gabriel aux rencontres en tout genres, mais le problème était bien la personne avec qui cette rencontre était prévue.

Et Gabriel ouvrit la bouche pour pester, prêt à s'indigner et à insulter la personne qui avait osé le mettre dans cette situation, se demandant comment leurs activités avaient bien pu se rejoindre, avant de soudainement se rappeler qu'il était celui qui en avait lui-même fait la demande.

Et ainsi, Gabriel se rappela très bien avoir précisément demandé au président de l'envoyer comme représentant à cette fameuse rencontre, quelques semaines plus tôt, en prenant soin de stipuler qu'il serait bien plus à la hauteur que le collègue prévu à sa place, qui lui ne connaissait absolument rien à l'agriculture.
Et Gabriel se souvenait même avoir cité le nom de celui avec qui il partagerait le terrain durant cette rencontre :

"Si j'y vais, je pourrais montrer mes connaissances et ne pas nous ridiculiser devant le Rassemblement National et les journalistes. Je ne veux pas que cet insolent de Jordan Bardella me passe devant sur ce sujet alors que je travaille sur ça depuis des mois."

le poids du monde (EN RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant