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"C'est totalement absurde et vous le savez tout aussi bien que moi."

Quand est-ce que tout cela avait commencé ? Même eux ne n'auraient pu le dire.

"Mes idées sont loin d'être absurdes, et je vous incite à rester respectueux, monsieur Attal."

Était-ce d'abord l'adversité qui avait créé ce climat entre les deux hommes ?
Cette manière que seul eux avaient de se toiser, le poids qui reposant sur chacune de leurs épaules.
Le parallèle qu'il incarnaient, tous deux représentant l'avenir et l'héritage de leurs partis respectifs.

"Comment pouvez vous parler de respect ?"

Les jeux de regards, ces légers sourires qu'ils s'échangeaient, la manière dont ils s'adressaient l'un à l'autre si formellement et à la fois si intimement, comme s'ils se connaissaient depuis des décennies, étaient finalement le pilier de leur relation.
Une relation qui c'était créée sans qu'aucun des deux ne s'en rende compte, aussi naturellement que la création de l'univers, et sans qu'ils ne puissent émettre une quelconque opposition.

"Bien, c'est terminé messieurs, je vous félicite tous les deux pour ce débat, et merci à tous ceux qui nous ont écoutés depuis le début."

Durant de longues secondes, les deux hommes ne se quittèrent pas des yeux, chacun plongeant son regard dans celui de l'autre, aucun des deux ne semblant pas prêter attention aux paroles du présentateur.

Ils se toisaient avec une adversité si tranquille qu'aux yeux du monde, ils pourraient presque apparaître comme des amis, deux personnes qui s'appréciaient et se côtoyaient régulièrement.

Ce fut Jordan qui fit le premier pas, celui-ci s'avançant lentement en direction de son adversaire avant d'arriver en face de lui.
Jordan dominait entièrement son aîné de par sa taille, et cela lui donnait une prestance inégalable alors qu'il tendait sa main à Gabriel.

"Bravo, monsieur Attal."

Gabriel jeta un coup d'œil rapide à la main de l'homme, hésitant quelques secondes avant de tendre la sienne pour la serrer en retour.

"Je vous retourne le compliment, monsieur Bardella."

Une atmosphère étrange régnait entre les deux hommes, les yeux de Jordan ne quittant pas une seule seconde ceux que Gabriel.
Tandis qu'il s'apprêtait à lâcher la main de Jordan, la poigne de celui-ci se resserra autour de la main de Gabriel, ses doigts remontant légèrement sur son poignet sous la manche de sa chemise, de manière si discrète que Gabriel aurait pu croire que ce n'était pas intentionnel, si Jordan n'abordait pas un léger sourire en coin, trahissant sa satisfaction de voir Gabriel perdre ses moyens ne serait-ce qu'une seule seconde.

Il attira ensuite Gabriel à lui, légèrement seulement, de manière à rapprocher ses lèvres de l'oreille de son aîné afin d'y chuchoter si doucement que Gabriel aurait pu ne pas l'entendre :

"À la prochaine fois, Gabriel."

Gabriel se figea, sentant un frisson parcourir sa colonne vertébrale contre sa volonté, tandis que l'autre homme se redressait, avant de passer juste à côté de lui sans un regard de plus pour rejoindre le personnel.
Jordan arborait à nouveau ce masque impassible, comme s'il ne venait pas de briser la base du code de conduite en omettant les honorifiques lorsqu'il s'était adressé à Gabriel.

Il fallut quelques longues secondes à Gabriel pour se remettre de ce qui pouvait sembler futile pour la majorité de la population, mais qui, au vue de son statut et de sa relation avec Jordan Bardella, constituait un irrespect total.

Gabriel avait beau tenter encore et encore de se répéter que son esprit lui jouait des tours, qu'il voyait des signes là où il n'y en avait pas, mais le ton que Jordan avait utilisé, la manière dont sa voix était descendue de plusieurs octaves lorsqu'il s'était adressé à lui ainsi que le sourire qu'il avait pu apercevoir au coin de ses lèvres pendant tout juste une seconde, tout cela n'était pas futile, pas à ses yeux.

le poids du monde (EN RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant