Gabriel observa son reflet dans le miroir d'un œil absent, son regard descendant lentement sur les vêtements qu'il avait préparé spécialement pour cette rencontre.
Il savait parfaitement pourquoi il avait décidé de troquer le costume bleu marine contre une simple chemise en lin de couleur crème, accompagnée d'un pantalon fluide de la même couleur : les apparences, encore une fois.Tout était question d'apparence dans ce milieu, rien ne pouvait être laissé au hasard, et Gabriel —mieux que quiconque — savait comment se faire passer pour ce qu'il n'était pas.
Certainement que voir le Premier Ministre quitter le costume durant cette après-midi allait plaire aux journalistes et, Gabriel l'espérait, au citoyens également.
Après tout, quand bien même la majorité présidentielle était bien placée dans les sondages et avait l'avantage du pouvoir actuel, Gabriel savait qu'il serait stupide de baisser sa garde."Monsieur Attal, êtes-vous prêt ? Nous devons y aller si nous ne voulons pas arriver en retard."
La voix de son assistant retentit dans le hall de son appartement, et Gabriel ne put retenir un sursaut alors qu'il fut brutalement tiré de ses pensées.
Il détacha son regard de son reflet après avoir replacé ses vêtements correctement une énième fois et se retourna, sortant de sa chambre pour rejoindre l'homme qui l'attendait patiemment."Je suis là, nous pouvons y aller."
Les deux hommes sortirent de l'appartement pour rejoindre la voiture qui les attendait juste en bas de l'immeuble.
Gabriel monta en premier, suivit de son assistant qui referma la portière derrière eux avant de se lancer dans un monologue que Gabriel n'écouta qu'à moitié.Des consignes envoyées par Emmanuel, des conseils sur sa manière de s'exprimer, des paroles que Gabriel avait entendues milles et une fois, si fréquemment qu'il se pensait même capable de répéter le monologue de l'homme de sa propre bouche.
Gabriel jeta un coup d'œil à la montre à son poignet, serrant la mâchoire lorsqu'il se rendit compte qu'ils étaient partis avec plusieurs minutes de retard.
La ponctualité était l'une des choses auxquelles Gabriel aimait se tenir, non seulement parce que cela ne donnait pas une bonne image de lui s'il arrivait en retard, mais également parce qu'être à l'heure signifiait avoir la possibilité d'anticiper n'importe quel imprévu qui se présenterait une fois sur place.Et aujourd'hui d'autant plus, Gabriel était particulièrement irrité à l'idée d'arriver après Jordan Bardella, spécialement lorsqu'il l'imaginait l'attendre au point de rendez-vous, ce même sourire arrogant qu'il portait sur le visage à chaque fois qu'il parvenait à coincer Gabriel dans un coin.
Un soupir s'échappa de ses lèvres et Gabriel se passa une main sur le visage avant de sortir les petites fiches qu'il avait préparés de sa poche.
S'il devait arriver en retard, alors il ne donnerait pas la possibilité à Bardella de le coincer sur quoique ce soit durant l'après-midi.
Il ne laisserait aucun autre avantage au plus jeune.Gabriel se demanda — comme depuis maintenant plusieurs semaines — pourquoi tout semblait le ramener à cet homme, encore et encore.
Peu importe où il allait, ce qu'il regardait sur son téléphone, ce qu'il écoutait à la radio, le nom de Jordan Bardella semblait suivre Gabriel comme la peste, et ce regard perçant qui donnait l'impression de connaître ses pires secrets apparaissait dans ses cauchemars.
Il soupira, laissant sa tête pencher légèrement en arrière et reposer sur l'appui tête du siège de voiture.
Jordan Bardella était quelqu'un de dangereux, et ça Gabriel le savait parfaitement.
La manière dont il avait grimpé les échelons de la scène politique si rapidement, et cette assurance qu'il portait qu'importe l'heure où l'endroit, le rendait à la fois intéressant et désirable aux yeux des médias.
Et cela était sans compter sur son apparence, le parfait apollon, toujours propre sur lui, il savait prendre soin de son image et avait un certain charme inné, même Gabriel ne pouvait nier cela.

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le poids du monde (EN RÉÉCRITURE)
Roman d'amourLa haine et l'amour sont deux sentiments séparés par un simple voile, si fin qu'il peut être brisé d'un coup de vent. La sphère politique est une arène dans laquelle les plus puissants règnent, réduisant ceux qui apparaissent faibles à néant. Les se...