II-) Cris amères

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Izel

16 Juillet 2043, 8h 36 du matin - heure terrestre

Izel s'était à nouveau réveillée une dizaine d'heures plus tard. On lui avait demandé si ça allait, si elle souhaitait quoi que ce soit, ce à quoi elle avait simplement répondu qu'elle voulait rentrer chez elle. Par la suite, elle s'enferma dans un mutisme que personne, ni les gardes, ni les médecins ni Jaromir ne pût briser. "Peut-être que s'ils me trouvent ennuyante, ils me renverront", espérait elle"

Elle accepta uniquement un verre d'eau, sa gorge desséchée brulait de déshydratation. Déterminée à ne rien manger, elle restait allongée sur ce lit médicale en regardant dans le vide. la porte s'ouvrit, laissant entrer Jaromir. Dans ses bras étaient empilées des boites, qu'il posa par terre près de l'entrée.

Cela ne provoqua en apparence aucune réaction à la jeune fille, mais son être tout entier était crispé. Le moindre son qui arrivait à ses oreilles la remplissait d'une détresse effroyable, que le médecin pouvait sentir.

-"Izel...je sais bien que tu ne veux probablement rien entendre et que tout cela te semble invraisemblable - il commença, ce qui laissa échapper un hoquet à Izel, mais nous ne sommes pas tous méchants ici... "

Il attendit une réponse qui ne vient pas, alors il soupira. "Si tu veux, nous avons pensé à ramener quelques affaires à toi, elles sont dans ces boites.

-Pourquoi ? Sa voix était terne et sans aucune force. Jaromir haussa les épaules, et lui tourna le dos en se dirigeant vers la sortie.

-Je ne peux pas-

-Pourquoi ?! Elle s'était soudainement redressée en voyant que même obtenir des explications ne lui serait pas autorisée. Je n'aurais même pas le droit d'avoir une réponse alors ?

-Ce n'est pas à moi de te le dire. Mais je te demande de bien vouloir coopéré, ou du moins faire le nécessaire pour ne pas te laisser mourir de négligence, ajoute-t-il en le son expression indignée.

- À quoi bon ? En restant dans l'ignorance, ma vie ne sert rien. Elle tourne le dos à l'être derrière elle, et ajoute dans un gémissement : je ne sais même pas si ma famille va bien...

À ces mots, Jaromir se saisit d'une des boites et l'apporte à Izel en l'ouvrant sous son nez. Dedans, des photos, pour la pluspart celles qui étaient accrochées à ses murs d'appartement. Voyant ses yeux se remplirent d'eau, il pince ses lèvres avant de reculer vers le seuil d'entrée.

Seule face à ces bouts de papiers glacés, Izel a l'impression d'être si seule dans cette boite de métal extraterrestre. Ses photos ont toujours été si importantes pour elle, car Izel avait toujours été cette personne à mitrailler la gâchette de son appareil lors d'événements. Depuis son premier téléphone portable, un Samsung A3 2016 qu'elle avait eu pour ses 13 ans et qui avait remplacé l'immortel appareil Nokia, elle avait toujours adorée capturer ces moments précieux avec ses amies. Au début avec cette application Snapchat, et ses filtres mignons comme difformes. Puis pour poster sur Instagram, alimenter ses stories. Ou depuis 2 ans avec son précieux canon, qu'elle emmenait absolument partout.

Si prendre des photos était si important pour Izel, c'est tout simplement car l'oubli était sa plus grande angoisse. Alors, oui, Izel était toujours au bord de la crise cardiaque en voyant une araignée. Mais, oublié son passé, des personnes importantes, son enfance, ou pire encore être oubliée de ses proches, cela lui faisait réellement peur. Elle a toujours ressenti avec une grande puissance les importants changements de sa vie qui marquent une nouvelle page de son histoire. La fin des différents cycles scolaire, sa première rupture, la perte de son premier chat, une amitié brisée...

Âmes miroirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant