Après le débat

Chapitre 9

Jordan

"On a fait n'importe quoi."

Gabriel regarde le plafond, de retour à la réalité.

"Je ne crois pas, je réponds en déposant un baiser sur sa tempe. J'ai même trouvé ça très bien.

-Je te parle de nous, de nos carrières politiques.

-Est-ce qu'on peut profiter de l'instant présent et en parler plus tard ?"

Gabriel s'assoit, la tête dans les mains.

"Gabriel..."

Je me redresse et attrape doucement son menton pour le forcer à me regarder dans les yeux.

"Je ne regrette absolument pas ce qu'il vient de se passer.

-Moi non plus c'est juste que...

-Personne ne le saura.

-Ça ne doit pas se reproduire. C'est trop risqué."

Je soupire, déçu, mais je comprends ses réticences.

"Disons qu'on laissera les choses se faire. Si ça n'arrive plus jamais, c'est ok. Si ça doit arriver à nouveau, je dis en déposant de légers baiser sur son épaule nue, alors j'en serai le premier ravi."

Gabriel esquisse un sourire en coin.

"On laisse faire les choses."

Je consulte ma montre. Il est presque deux heures du matin.

"Je devrais rentrer. Même si le personnel a signé un accord de confidentialité, je n'ai pas envie de te mettre dans une situation compliquée."

Je me redresse et enfile mon caleçon.

"Tu es sûr que tu ne regrettes pas ?"

Je me penche vers Gabriel et l'embrasse doucement.

"Certain."

Mon amant tente de dissimuler son sourire, mais échoue lamentablement. Je souris à mon tour, comblé. Jamais je n'aurai pû espérer meilleur dénouement pour ma soirée. Je dois me retenir de ne pas retourner auprès de lui et lancer un deuxième round.

Gabriel se lève à son tour et s'habille de son côté. Je le rejoins, lui prends sa chemise des mains, et l'aide à l'enfiler. Il se laisse faire malgré l'incompréhension dans ses yeux.

"J'ai toujours trouvé bizarre que l'on déshabille l'autre avant le sexe, mais qu'une fois fini chacun reste dans son coin pour se rhabiller seul.

-Je ne m'étais jamais fait la remarque, me dit-il en me laissant refermer les boutons.

-C'est mon côté galant."

Gabriel rit, et je grave ce son dans mon esprit. C'est sûrement le plus doux qu'il m'ait été donné d'entendre.

Nous nous aidons mutuellement à nous habiller, puis je passe quelques secondes devant un miroir pour vérifier que tout est en ordre.

"On se voit bientôt ?

-On laisse faire les choses, Jordan.

-C'est vrai", je réponds tristement.

Gabriel semble lui aussi à moitié satisfait de cette décision. Je quitte le salon avec un dernier regard vers lui.

A vrai dire, j'entre à peine dans ma voiture que je meurs déjà d'envie de remonter le trouver. 

Je suis vraiment dans la merde.