Chapitre 12

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Gabriel

Comment lui dire ? Quels mots je pourrais mettre sur ce qui me bouffe l’esprit depuis hier ?
Je prends mon courage à deux mains.
“Je… je te dois des excuses.”
Jordan est immobile, me fixe avec intensité, peur.
“Hier, quand les résultats sont tombés, j’ai été incapable de voir autre chose que ma défaite. J'étais en colère, déçu, et je n’ai pas respecté la promesse que je t’avais faite de faire des efforts. Quand tu m'as écris j’ai été si froid… j'ai passé la nuit et toute la journée à me demander si je ne t’avais pas vexé, blessé. Je voulais sincèrement me réjouir pour toi, mais hier j’en étais incapable. Alors pardon. Je suis content pour toi.”
Jordan vide ses poumons en s’effondrant sur le canapé, la tête dans les mains. Je m’assois à côté de lui, mais à distance dans le cas où j'aurais brisé ce qui commençait entre nous. Il relève les yeux vers moi, soupire une fois de plus.
“Putain j’ai eu peur…
-Peur ?
-J’ai cru que tu m'en voulais.
-Pourquoi je t’en voudrais ? je demande, abasourdi.
-Pour… ma victoire, mon discours.”
Je le regarde et esquisse un sourire en coin.
“La démocratie a parlé, et tu n’as fait que ton travail. Sauf erreur de ma part, ce n’est pas personnel.
-Non ! Bien sûr que non !
-Tu m’en veux, toi ?
-Absolument pas, répond-il en posant ses mains sur mes épaules, tu as eu une réaction tout à fait normale, je ne t’en voudrais jamais. On savait que ce ne serait pas facile. Nous sommes dans deux camps opposés.
-Tu me rassure. Alors tout va bien ?
-Tout. Va. Bien.”
Il ponctue chaque mot d’un baiser sur mes joues et mon nez. J’aime découvrir son côté tactile et câlin. Je crois que j’en avais besoin sans le savoir.
“Et si nous passions au repas ? Qu’est-ce qu’on mange ?
-Toi.”
Je ris et me relève pour m'éloigner de lui.
“À table d’abord, j’ai faim et j'ai hâte de savoir ce que tu m’as cuisiné.”
Jordan ronchonne mais se lève à son tour pour aller dans sa cuisine. Je le suis et le dévore des yeux à chaque geste qu’il fait. Ce t-shirt blanc et ce jean le rendent encore plus sexy que ses costumes. J’espère lui faire le même effet.
Il s’affaire à sortir le repas, mettre une dernière touche à chaque plat, assaisonner le contenu d’une casserole, tandis que je sirote mon verre en matant son corps.
Le repas se passe dans une ambiance légère, on discute, on rit, on passe un bon moment. Un moment simple.
Lorsqu’il découvre enfin le contenu de la boîte en carton blanc que j’ai ramené pour le dessert, je vois ses yeux s’illuminer.
“Une tarte aux pommes ?
-J’ai pû observer que tu avais toujours des pommes pour grignoter, j’en ai déduis que tu aimais.
-J’adore.”
Son regard se fait affamé, mais pas que de la pâtisserie qu’il découpe. L’ambiance passe de détendue à tension sexuelle palpable en deux secondes. J’ai l’impression d'être conscient de chacune de ses respirations, de chaque vibration de sa voix lorsqu’il me parle, de chaque battement de cœur qui résonne dans mes oreilles. Le silence s’installe, étirant cette tension électrique. Mon souffle se fait plus profond, mes yeux sont ancrés aux siens, mon pantalon devient plus étroit. Aucun de nous ne parle, tout est dans l’attitude, les non-dits, les regards, les gestes.
Jordan glisse sa main vers mes doigts, lentement, doucement, et il les effleure. Je regarde son pouce caresser chacune de mes phalanges, partant moi aussi à la recherche de son contact. Jordan se lève, vient à côté de moi et s'accroupit pour être à ma hauteur. Mes yeux passent de sa bouche à ses prunelles chocolat.
“Tu as encore faim ?
-Oui.
-Il reste encore…
-Je ne parle pas de nourriture.”
Jordan semble surpris et satisfait de ma réponse.
“Et de quoi parles-tu ?”
Un sourire en coin se dessine malgré moi sur mon visage, tandis que je me lève de ma chaise. Jordan se redresse, me surplombant de nos quinze centimètres d'écart. Je pose mes mains sur ses épaules et les laisse glisser sur ton torse puis son ventre, où je passe mes doigts sous son t-shirt. Je caresse sa peau chaude, l’entend retenir son souffle. Je continue ma douce torture, remontant sur son corps tout en retirant son vêtement. Il se laisse faire, en proie à cette tension qui ne cesse de grandir.
Une fois torse nu, vêtu seulement de son jean, je le trouve divin.
Je laisse mes doigts poursuivre leur course de ses épaules à ses bras, ses avants bras, ses mains. Je finis par laisser tomber la douceur et attrape les pans de son jean pour le coller contre moi.
“Tu es trop habillé, me dit-il en passant ses doigts sous mon t-shirt.
-Je te laisse gérer ce problème.”
Jordan s’accroupit pour embrasser mon ventre nu et remonte ainsi jusqu’à mon cou en enlevant mon haut au passage. Maintenant nous sommes à égalité.
“Tu es… très sexy avec ce jean, murmure-t-il dans mon oreille.
-Prouve-le.”
Jordan sourit doucement avant de m’embrasser. Le contact de nos lèvres fait céder toutes nos barrières. Toute la tension cumulée se déverse dans nos gestes brusques et hâtifs. Je m'accroche à lui et il me presse toujours plus fort contre lui. Je sens chaque courbe de son corps se mouler au mien. C'est délicieux.
Nos vêtements se perdent un à un sur le chemin qui mène à sa chambre, tout comme je me perds dans chacun de ses baisers.
Je crois que je suis accro aux émotions qui me submergent quand je suis avec lui, contre lui. Je veux être à lui et je veux qu’il soit à moi.

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