Un date ?
Réfléchir n'était définitivement pas dans ses cordes, aujourd'hui. Sa tête lui faisait un mal de chien et lui donnait l'impression qu'un marteau y jouait du tambour. Cependant, Taylor savait qu'elle n'avait pas d'autres choix que d'essayer d'en faire abstraction. L'angine qui l'avait clouée au lit pendant quasiment une semaine lui avait fait louper de nombreuses heures de cours et de stage. Résultat : elle avait accumulé un retard considérable qu'elle devait absolument rattraper avant de rentrer chez ses parents pour Thanksgiving. Heureusement, l'annulation de son cours de psychopathologie, en cette veille de week-end prolongé, lui offrait l'opportunité de travailler un peu sur ce qu'elle avait manqué, installée à la bibliothèque.
Mae et Marcus, qui s'étaient réconcilié pour de bon pendant son absence, lui avaient transmis leurs notes sans qu'elle ait eu à leur demander. Elle avait conscience d'avoir des amis en or. Entre ses deux acolytes de cours et Jessie qui avait pris soin d'elle comme la plus douce des mamans, elle se savait extrêmement chanceuse. Ce fut donc avec le sourire aux lèvres, qu'elle se mit sérieusement au travail.
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Liv entra dans le bâtiment abritant la bibliothèque au pas de course. Elle voulait profiter des deux heures de libre à sa disposition avant le cours de soutien qu'elle devait donner pour avancer sur sa thèse. Ces derniers jours, elle n'avait pas du tout été productive, et avec ce terrible week-end qui se profilait, ce n'était pas près de s'améliorer. Comme tous les ans depuis qu'elle était en âge de s'en souvenir, ses parents organisaient une immense réception dans leur résidence des Hamptons pour Thanksgiving, et bien sûr, il était hors de question pour elle de se défiler. La seule chose qui la réconfortait à l'idée de passer une journée complète enfermée avec toute la bourgeoisie de New-York était la présence d'Andrea, qui avec son père, était conviée à la fête.
A l'instar des Lawry, la famille Castillo était bien connue dans le pays. Juan-Carlos, le père, incarnait le rêve américain à la perfection. Arrivé aux Etats-Unis à l'âge de dix-sept ans, il avait quitté le Mexique, déterminé à faire fortune au pays de l'Oncle Sam. Sa ténacité et son ambition avaient payé et lui avaient permis de monter une des plus grandes chaines d'hôtels de luxe des Etats-Unis. Son succès était une véritable source d'inspiration pour de nombreuses personnes, y compris pour sa fille unique. Andrea n'avait pas hésité longtemps avant de vouloir s'impliquer dans l'entreprise de son paternel. La jeune femme avait brillamment réussi ses études en management, et lorsque Liv avait décidé de partir faire son doctorat à l'UCLA, Andrea avait demandé à Juan-Carlos un poste au sein du palace qu'il possédait à L.A. Ce dernier, parce qu'il avait toujours cru en sa fille, lui en avait confié la direction sans jamais douter de sa réussite. A vingt-quatre ans, Andrea était devenue la plus jeune dirigeante d'hôtel du pays, et si les parents de Liv ne l'avaient jamais appréciée avant cette promotion, son père et elle, étaient depuis les bienvenus à chacun des évènements qu'ils organisaient.
Liv secoua doucement la tête à cette pensée. C'était typique de ses parents. Ils n'avaient aucun scrupule à se servir de la popularité des gens qu'ils côtoyaient pour flatter leur image. Elle savait qu'il en était de même pour les Castillo : fréquenter les Lawry et leurs proches était bon pour leurs affaires. C'était un échange de bon procédé, un genre d'accord tacite entre leurs deux familles, mais Liv devait avouer que ça l'arrangeait. Depuis quatre ans, elle n'avait plus à endurer tous ses rassemblements mondains planifiés par ses parents, sans sa meilleure-amie.
Liv chassa l'épreuve qui l'attendait de son esprit et franchit les lourdes portes séparant le hall d'entrée des rayonnages de livres. Elle fut accueillie par le silence. L'endroit était quasiment désert, seuls quelques téméraires étaient en train de réviser alors que la plupart des étudiants avaient déjà fui le campus pour rentrer dans leur famille. Liv avait l'embarras du choix. Pourtant, lorsque ses yeux se posèrent avec surprise sur Taylor, assise seule à une table, elle sut qu'elle ne pouvait aller s'installer nulle part ailleurs qu'auprès d'elle. Comme beaucoup de ses collègues, elle avait entendu parler du cours annulé du professeur Anderson, parti en « vacances » un peu plus tôt, mais à aucun moment elle n'avait osé espérer trouver la jeune McAllister à la bibliothèque. Ça relevait du miracle, et Liv n'était pas prête à laisser passer cette opportunité.
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La théorie de l'arc-en-ciel
Любовные романыTaylor est ce qu'on pourrait appeler une amoureuse de l'amour. Elle aime avec passion et sans restriction. Pour Liv, l'amour est un concept abstrait qui se résume principalement à des réactions chimiques et des prises de tête inutiles. Toutes ses c...