CHAPITRE 27 - Isabella

466 25 11
                                    

Si je m'écoutais, je courrais aux toilettes et déverserais le contenu de mon estomac dans la cuvette. La scène est atroce. Même d'ici, je peux constater tout le sang qui macule les touffes d'herbe, provenant à la fois de la cheville de Kristen, et de sa chatte dégueulasse. Et puis, Dan invente toujours de nouvelles idées toutes plus tordues les unes que les autres : des engins de torture du Moyen-âge, des plugs, des chapelets, des chaînes, des sextoys tellement puissants qu'ils en bousillent les clitoris, des saignées sans visée scientifique, de la torture psychologique... Mais ce qu'il a entrepris là, c'était réellement du grand art.

Quand je pense qu'il a enfoncé le flingue dans la chatte de la jeune femme, j'en viendrais presque à la plaindre. Elle a dû ressentir une douleur atroce et si froide qu'elle a dû lui glacer le sang. Plus encore, le pire a dû être au moment où elle a senti la bouche du canon heurter son col de l'utérus. Je n'aurais pas aimé être à sa place, mais peu importe, puisque dorénavant, elle n'est plus de ce monde pour en parler.

Cela dit...

Il reste encore une fille.

Willow.

Et je ferai le nécessaire pour qu'elle disparaisse à son tour !

Elle a beau être une jeune femme innocente, je désire néanmoins sa mort. Tout comme Kristen, ou même les anciennes captives telles qu'Alexandra ou Eleanor, elle n'aurait jamais dû se retrouver dans ce sous-sol. J'aurais dû être seule. Je suis persuadée que le jour où cette pièce juste en-dessous de nous ne sera plus utilisée, le cœur de Dan sera mien.

En attendant, je prends patience.

Tout à coup, j'entends la porte de ma chambre crisser dans ses gonds. Je pince les lèvres, tout en me retournant pour faire face à celui qui fait irruption dans mon antre comme un monstre tout droit sorti d'un film d'horreur.

— Tiens, un revenant... Le provoqué-je, comme à mon habitude, sans la moindre peur.

Dan ne me quitte pas du regard, comme si ses yeux étaient verrouillés dans les miens, incapables de s'en défaire. Comme si une force supérieure lui ordonnait de surveiller tous mes faits et gestes, et même jusqu'à la cadence de ma respiration. Il tend un bras en arrière et referme la porte derrière lui. Il prend même le temps de tourner la clé dans la serrure pour nous enfermer. Toutefois, il ne prononce pas un seul mot.

— Bon, j'ai pas la journée, annoncé-je d'un ton condescendant, en croisant les bras sur la poitrine. Qu'est-ce que tu veux ?!

— Mmh mmh mmh, pouffe ce dernier.

Il plonge ses mains dans ses poches et il me semble qu'il n'a pas de flingue. Oui, sans doute l'a-t-il laissé dans le jardin aux bons soins de Victor. Toutefois, même s'il a l'air d'un calme olympien à l'instant présent, je suis persuadée qu'il vient pour me faire payer le fait d'avoir laissé Kristen s'échapper. Je suis certaine qu'il le sait, ou tout du moins, qu'il s'en doute.

C'est certain...

Je n'ai jamais rien pu lui cacher.

Ou du moins, il a toujours fini par découvrir ce qu'il se tramait dans mon esprit.

— Tu vas m'emmener dans la Dark Room, c'est ça ?! Continué-je, face à son silence. Allons-y, qu'on en finisse ! Sors tes meilleurs objets et fais-moi mal comme tu aimes le faire !

Il ressemble à une statue, là, à quelques mètres de moi. Malgré tout ce que je peux lui dire, il ne m'adresse pas un seul mot. Ça m'en rend malade. Je ne vis que pour entendre sa voix, admirer son visage et son corps, mais c'est pénétrer par son regard. Je reste plantée devant lui, fière. Je ne compte pas m'abaisser, cette fois-ci. De toute manière, il ne me fera pas la peau. Tout ce qu'il peut faire, c'est, dans le pire des cas...

BOURREAU DES COEURS - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant