BOURREAU DES COEURS - TOME 2

CHAPITRE 13 - Isabella, entretemps

Clap. Clap. Clap.

— Mmh...

Clap. Clap. Clap.

— Mmh... Dan...? L'appelé-je doucement, la voix encore faible.

Clap. Clap. Clap.

Je reprends peu à peu mes esprits et, tout à coup, une étrange sensation me cisaille le visage. Ma mâchoire me brûle comme si je me consumais déjà dans les flammes crépitantes de l'Enfer. Je suis complètement désorientée. Je gigote légèrement mais ne parviens pas à me redresser.

— Tiens ! Tu reviens enfin à toi ? S'esclaffe une voix familière.

Celle-ci n'est pas claire. Elle me semble si lointaine que je me demande si je ne vais pas bientôt me rendormir, pour ne plus jamais me réveiller. Je suis épuisée, à bout de forces.

Clap. Clap. Clap.

— Tu... Tu m'as... Dr...

— Non, je ne t'ai pas droguée, princesse. Pas besoin. Une bonne claque suffit.

J'ouvre les yeux lentement, en clignant des paupières à maintes reprises pour ne pas m'éblouir. Je suis encore sonnée. J'ai la tête qui tourne à un point que je n'aurais jamais imaginé. Lorsque mes paupières daignent bien s'exécuter, je ne perçois que des formes indistinctes, mais ce qui est certain, c'est qu'en face de moi, il n'y a que le sol. Je me sens ballottée d'avant en arrière et en ai presque la nausée. Tous mes sens reprennent vie également et je sens la moitié de mon visage me lancer de nouveau, de la tempe au menton. Il a dû me frapper avec une telle violence que je me suis évanouie.

— Mmh... Gémis-je pour m'aider à reprendre conscience, en portant difficilement une main à mon crâne.

— C'est ça, réveille-toi, mon poussin. Je te veux pleinement consciente pour ce qui va suivre.

Cette voix.

Son timbre est si sombre que je prie intérieurement pour ne pas qu'il me fasse encore du mal. Mon cul me brûle encore, comme si j'avais mangé épicé pendant toute une semaine. Et soudain, avant même que je n'aie le temps de reprendre complètement mes esprits, Dan m'envoie une immense claque sur les fesses. Celle-ci me réveille de manière instantanée.

— Aïe ! Grogné-je.

— Oh tu ne vas pas te plaindre, toi, la petite amatrice de SM ! Me provoque mon bourreau.

— Pauvre con.

Je réalise. Calée sur son épaule, Dan me porte comme un sac à patates dans le long couloir victorien du premier étage. Je suis encore nue, et de l'eau coule même sur son costume. Des courants d'air glacés parcourent mon échine, au point de m'en faire frissonner. Mes cheveux pendant par mèches sur les côtés de mon visage et, eux aussi, dégoulinent contre le tissu. Mais ce n'est pas cela le pire. Le pire, c'est que je ne sais pas où il m'emmène. Ainsi, lorsque je me sens capable de m'adresser à lui, je soulève la question à ma manière :

— Oh, Dan, comme c'est gentil de me ramener dans ma chambre... Suggéré-je dans un murmure.

— Mmh mmh, oui, crois-le, Isabella.

À ces mots, j'aperçois la porte de ma chambre sur la droite. Mon cœur se met à battre plus fort contre son épaule, il le sent certainement.

— Attends... Réalisé-je. On va où, là ?

— Je t'offrirais bien la même réponse que tout à l'heure, mais je risque de devoir t'emmener à l'hôpital.

— Dan... Pas la Dark Room... Je t'en supplie...