CHAPITRE 6 - Isabella

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— MAIS, T'ES MALADE ?!

— Oui.

— Ouais ! Je confirme, ouais ! Râlé-je encore, comme depuis une bonne dizaine de minutes.

Je gueule dans la pièce en donnant les meilleurs arguments possibles pour ne pas me coltiner cette mission. Mais rien n'y fait. Il ne fait que rire aux éclats devant mon désarroi, comme d'habitude. Il n'a même pas bougé d'un pouce, comme si ma douleur et ma tristesse n'avaient aucune once d'importance.

Il y a des jours comme ça, où j'ai envie de l'étrangler !

Et ce con serait encore foutu d'aimer ça !

Finalement, tentant le tout pour le tout, je me plante devant Dan, les bras tendus le long de mon corps. Il est paisible, les mains dans les poches de son éternel pantalon de costume noir. Son visage n'exprime rien. Il est complètement fermé, comme un robot mis en mode off. Si je ne percevais pas cet éclat pervers dans son regard, je jurerais qu'il n'est pas réel.

Dan a toujours beaucoup de charisme et je serais prête à m'agenouiller devant lui pour avoir le privilège de sucer son membre, mais là, il y a urgence. Il me toise de ses grands yeux bleus en amandes, ce qui me ferait presque regretter d'être née tant il me fiche la frousse. Les poils de mon corps se dressent, avant même que je n'ai eu l'occasion d'en placer une. Néanmoins, je me lance. Je vis avec lui depuis un an. S'il m'a laissée en vie, c'est forcément pour une raison. J'ai donc mon mot à dire :

— Il est HORS DE QUESTION que je lèche la chatte de cette traînée, Hadrian.

— Une traînée ? Qui en est réellement une, ici ?

— Je ne te permets pas ! M'offusqué-je.

— Et moi, je me permets, chérie.

— Ne m'appelle pas « chérie » ! Tonné-je, les poings serrés.

— Quoi qu'il en soit, il ne me semble pas t'avoir laissé le choix, réplique l'homme, d'une voix beaucoup trop grave qui me donne des frissons tout le long de la colonne vertébrale.

— Tu ne peux pas m'y obliger, moi !

— Vraiment ?

— Parfaitement ! Assuré-je, même si au fond, je ne suis jamais sûre de ce que j'avance avec ce psychopathe.

— Donc, tu refuses ?

— Je refuse, oui, confirmé-je fermement.

Sans rétorquer, Dan approche lentement de moi et relève une main dans ma direction. Je fronce les sourcils dans un mouvement de recul, et clos les paupières le plus fort possible, m'attendant à une immense claque pour me faire payer mon affront.

Ça va piquer.

Les secondes passent, et je ne sens pas la brûlure de son coup. À ma grande surprise, je sens la pulpe de ses doigts caresser ma joue tendrement. Sa chaleur m'envahit à tel point que je crois presque pouvoir sentir le sang bouillant qui circule dans ses veines. J'en suis toute émoustillée.

Quoi ?

— Rassure-toi, princesse, murmure-t-il, ses lippes pleines maintenant positionnées à quelques centimètres des miennes. Tu n'en as pas envie. J'entends.

Son souffle m'envahit. Son haleine fraîche et boisée pénètre ma bouche avec une telle intensité que si je m'écoutais, je sauterais dans ses bras pour l'embrasser et prendre d'assaut sa langue. Je rouvre les paupières et croise son regard austral qui envoie des chocs électriques dans mon estomac.

— Tu... Tu es sérieux, Hadrian...? Le questionné-je, sceptique.

Je ne sais pas si je peux avoir confiance en lui. Il m'a prouvé plus d'une fois que je ne pouvais pas. Je sais où je me trouve. Dans une pièce où nul espoir ne saurait prendre vie. Or, ai-je réellement le choix ? Puis-je hésiter ?

BOURREAU DES COEURS - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant