CHAPITRE 16 - Isabella

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Il continue de me fixer comme s'il allait me dévorer. Ses prunelles sont à la fois des trésors, et des malédictions. Ils fascinent, ils repoussent. Ils mettent mes sens en alerte, ils me font fuir. Dan me fait mourir de terreur lorsqu'il se tait et que ses orbes tentent de pénétrer mon âme, mise à nue par un simple mot, un simple mouvement, une simple respiration.

Oui, cet homme est le plus terrifiant que je n'ai jamais rencontré. À côté de lui, les pires psychopathes de l'histoire sont des amateurs. Oui, il me dévore du regard. Il se nourrit de ma peur, s'abreuve de mes battements de cœur affolés. Et avec tous les travers que j'ai pu voir chez lui depuis notre rencontre, je me demande encore comment il est possible qu'il ne soit pas cannibale.

— Tu as peur ? Me demande-t-il.

— C'est une question rhétorique ?

— Je veux l'entendre de ta propre bouche. Princesse.

— Laissez-la, Monsieur Campbell... Je vous en prie ! Supplie Victor dans son dos.

Le jeune homme est toujours affalé sur le sol et moi, je me sens portée dans un autre monde. Je n'ai qu'entendu ce qu'il faisait au cadavre de Billie, plus tôt, mais ses gémissements, ainsi que les bruits de succion de son pénis dans sa cavité mutilée me restent en tête, à tel point que j'en ai encore la nausée. Dan fait tout pour nous pousser à bout. Et je crois qu'il va bientôt y parvenir : je ne me sens plus capable d'endurer ces visions d'horreur.

— Tiens donc... S'esclaffe tout à coup notre bourreau en tournant les talons en direction de Victor. Étonnant que tu aies si peur que je lui fasse du mal...

— N-n-n-non, C'est juste q-q-q-que...

Dan l'approche de plus près, puis s'accroupit devant lui pour se mettre à son niveau en posant un genou à terre. Il lui caresse doucement les cheveux comme s'il n'était plus qu'un animal. Un chien galeux. Un chat errant. Une erreur de la nature. L'homme ne parvient presque plus à se tenir à genoux sur la moquette. L'épreuve qu'il a dû passer était insoutenable. De tout ce que j'aurais pu imaginer, je n'aurais jamais pu croire que Dan l'obligerait à baiser un cadavre.

— Bon. Étant donné que tu ne comprends toujours pas pourquoi tu es là... Autant d'expliquer, mon cher Victor, annonce alors le bourreau avant de se redresser devant lui.

Victor gît aux pieds de son maître comme un soumis. Cela me rappelle vaguement toutes ces fois où il a considéré les captives, dont moi, comme des mois que rien. Comme de vulgaires animaux ou pire, des objets. Aujourd'hui, dans cette pièce, nous sommes au même niveau.

— Victor, tu te souviens du jour où je t'ai demandé de capturer Isabella, dans cette ruelle sombre ? Le questionne-t-il comme s'il se trouvait dans une réelle salle d'interrogatoire.

— M-m-m-m-m...

— RÉPONDS !

— O-o-o-ui... Gémit le jeune homme, envahi par la crainte et l'angoisse.

Il tremble comme une feuille balancée par le vent et moi, je ne peux pas bouger. Quelque chose me dit que Dan n'est pas au bout de tout ce qu'il nous réserve. Il a beaucoup plus de ressources que n'importe quel être humain.

— J'ai tout de suite su qu'elle te plaisait.

J'écarquille les yeux à ces paroles insensées. Je ne comprends absolument rien à ce qu'il se déroule sous mes yeux, ni aux phrases de mon bourreau auxquelles je ne trouve plus aucun sens. C'est à croire que j'ai reçu un immense coup sur le crâne. Je suis anesthésiée.

Non, ce n'est pas possible...

Victor voulait juste me baiser !

— À l'époque, même lorsqu'elle était évanouie, tu avais déjà les mains baladeuses... N'est-ce pas ? Lui demande-t-il, ce qui me force à sortir de ma transe.

BOURREAU DES COEURS - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant