7 : Une ruelle à deux

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Le matin du mardi 23 juillet 2024, Jordan Bardella avait décidé de se promener dans les rues de Paris, pour voir les différentes installations des JO qui ne cessaient de compliquer la vie des citadins. Il avait écouté beaucoup de plaintes lorsque certains le reconnaissaient, le plus souvent pour lui demander comment il comptait aménager la ville, avec plus ou moins de sarcasmes selon les citoyens curieux. Le jeune président du Rassemblement National rappelait qu'il n'était pas maire de Paris et que tant que le Président ne l'investissait pas officiellement comme Premier ministre, son champ d'action politique était restreint, particulièrement dans le cas de l'organisation de la sécurité des parisiens et des visiteurs.

Cette réponse ne plaisait pas à grand monde, mais elle permettait de mettre en exergue la défiance grandissante des citoyens envers Emmanuel Macron. Sans lui souhaiter du mal, il était assez commun dans l'opinion publique que le Président jouait avec le gouvernement, et qu'il aurait intérêt à quitter la politique une fois son mandat fini.

Il existait toujours une possibilité redoutée par tous les autres partis. Que l'homme se présente de nouveau, lors des élections présidentielles de 2032.

À son âge, il était certain que ce ne serait pas la vieillesse ou la sénilité qui empêcherait le politicien de persévérer dans sa carrière en politique. L'ancien banquier parviendrait facilement à retourner dans le monde de la finance, une fois son mandat terminé en 2027, se faisant discret lorsque Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon s'affronteraient, et reviendrait ensuite quand il le pourrait en prétextant être une alternative aux extrêmes. 

Certainement que l'homme devait s'imaginer que le pays si sombrait en l'espace de 5 ans, il arriverait à être élu de nouveau comme un faux sauveur de la France.

Plutôt occupé par ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite qu'un homme en jogging le fixait avec méfiance de loin, jusqu'à ce qu'un groupe de jeunes adultes gloussent en le pointant lui et l'autre personne du doigt.

— Alors c'est vrai, le Attal x Bardella, rigola une demoiselle, ils voulaient un rendez-vous secret peut-être.

— Un clash ça serait cool aussi, rétorqua un ado en sortant son téléphone.

D'un commun accord, les deux hommes politiques partirent de la zone en se mêlant à une foule de touristes, avant de se retrouver par hasard à l'angle d'une rue étroite qui leur évitait les regards indiscrets.

— Encore vous, maugréa Jordan en se tournant vers Gabriel Attal.

— Est-ce si étonnant ? Nous sommes proches de Matignon et j'y travaille.

— Vous êtes en jogging quand vous travaillez ?

— Je fais de la course à pied deux fois par semaine, c'est un excellent moyen de se détendre et de maintenir mon physique. Vous devez vous aussi pratiquer un sport, il est facile de prendre de l'embonpoint en politique.

Jordan se demanda un instant s'il s'agissait là d'un compliment, avant d'estimer que c'était plus probablement une remarque dite de manière anodine pour amorcer une nouvelle discussion.

— J'avais surtout entendu la rumeur que la politique avait tendance à faire vieillir, et non à faire grossir, contredit-il, et vos cheveux blancs ont de quoi me faire craindre pour les miens.

Gabriel Attal pinça ses lèvres comme si la remarque l'avait affectée. Peut-être était-ce le cas, l'homme n'avait jamais répondu aux rumeurs à ce sujet, qui tentaient de savoir si ses cheveux se paraient d'eux-mêmes de reflets argentés ou bien si le Premier ministre les faisait teindre pour tenter de gagner en crédibilité. Son jeune âge au moment de devenir le second plus haut politique du pays lui avait valu des critiques, et une chevelure légèrement grisonnante avait de quoi ajouter une fausse ancienneté, donc une fausse expérience, au trentenaire.

Pour mon pays (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant