Gabriel Attal avait tenté de joindre Damien Maudet dès le vendredi 26 juillet 2024, ne réussissant que le lundi 29, obtenant une rencontre avec le membre de LFI pour le vendredi 2 août au soir. S'il avait eu son mot à dire, le Premier ministre aurait choisi une autre date, ayant plutôt prévu de passer une partie de sa soirée devant les compétitions sportives des JO. Ceux-ci avaient démarré sur les chapeaux de roue pour les athlètes français, avec presque une trentaine de médailles pour l'heure. Seuls les États-Unis en avaient davantage, mais ils étaient plus bas dans le classement, loin devant le rayonnement de la France qui savourait ces victoires.
Néanmoins, le bras droit d'Emmanuel Macron n'était pas là où il l'aurait voulu, mais il avait veillé à être bien remarqué de quelques journalistes en invitant Damien Maudet à Matignon. Il grimaçait à la pensée que son homosexualité serait le prétexte inventé par certains pour justifier cette réunion, mais cela lui semblait mieux qu'être l'objet de rumeur sur une relation entre lui et Bardella.
— Vous connaissez la position de mon parti sur la régulation des médecins, amorça Damien Maudet. Et votre parti a toujours été contre l'opinion de la gauche à ce sujet, alors pourquoi m'avoir fait venir pour en discuter ?
Gabriel grimaça, se tendant déjà malgré sa préparation à ce face-à-face pourtant privé, comme si les dernières heures à répéter ses arguments et à disséquer ceux de l'autre homme ne le sauveraient pas d'une discussion ardue.
Mais était-ce sa faute au fond ? La santé restait un droit public, et participait à creuser le déficit de la France. N'importe qui aurait trouvé inhumain de restreindre ce droit pour des raisons budgétaires, mais n'importe qui aurait pu trouver odieux d'obliger de jeunes médecins à aller dans les déserts médicaux. Un étudiant médecin passait une décennie dans ses études, dont une moitié avec une pratique constante en hôpitaux, jusqu'à l'écœurement. Était-ce si mal de refuser que ces jeunes diplômés soient forcés à s'installer dans des villages isolés, sans aucune attractivité et aucun avenir pour eux en dehors du plan professionnel ? Dans des lieux où il n'y avait pas d'école, pas d'assistant médical, pas de pharmacie, pas de commerces, pas de transports en communs... rien qui ne puisse inciter une personne ayant sacrifié une décennie pour l'avenir de tous à s'installer dans un trou paumé où il était impossible d'espérer le moindre épanouissement personnel.
Même la notion de confort y était absente. Personne n'aurait envie de passer dix ans à se saigner dans les hôpitaux pour atterrir dans un patelin paumé où il ne serait même pas possible de vivre une vie décente.
Pour autant, il était certain qu'admettre à minima un compromis serait bénéfique pour le besoin du Premier ministre de sortir de Matignon avec un Damien Maudet compréhensif, voire même souriant. C'est pourquoi il joua une carte qu'il aurait pu estimer méprisable, mais nécessaire dans l'immédiat :
— Eh bien, je ne serai plus Premier ministre très bientôt, alors mon opinion personnelle ne concernera plus les français autant qu'à l'heure actuelle. Et vos positions au sujet de la santé n'ont jamais été absurdes, nous avons juste des visions différentes, tout en admettant que la santé publique et privée ne peut être ignorée et bafouée éternellement.
— Vous admettez que le parti présidentielle n'a rien fait pour les soignants et l'hôpital ? attaqua Damien.
Gabriel Attal se figea alors qu'un membre du service venait pour leur proposer différentes boissons. Dans sa détermination à ne pas relancer avec une remarque impolie tout en choisissant soigneusement ses prochains mots, il n'écouta pas la question posée les deux premières fois, s'excusant à la troisième en acceptant un café. Damien Maudet ne l'imita pas, acceptant un thé, dardant un regard désapprobateur face à la boisson du Premier ministre. À cette heure-ci, Gabriel savait qu'il aurait des difficultés à s'endormir, mais il préférait cela à risquer de paraître fatigué face à son interlocuteur.
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Pour mon pays (Attal x Bardella)
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