14 : Le besoin d'explications

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Le palais de l'Elysée n'était pas plus resplendissant ou plus sombre le vendredi 16 août 2024 alors que Gabriel Attal posait une nouvelle fois ses pieds sur le tapis luxueux au sol. Pourtant, il avait l'impression que le léger soleil qui éclairait les lieux était supportable, les températures ayant baissé un peu par rapport à la canicule qu'il y avait eu le week-end précédent.

Le Premier ministre avait plusieurs dossiers en main, certains sur quelles lois pouvaient encore être menées, sinon améliorées, suite aux changements de députés à l'Assemblée. Le président ne semblait pas particulièrement ennuyé par la situation, alors même que tous les yeux se tournaient de plus en plus vers lui pour le critiquer.

Le RN commençait à faire entendre sa voix, les Jeux Olympiques étant finis depuis déjà 5 jours, et même si les Jeux Paralympiques allaient bientôt commencer, ils n'avaient pas le même retentissement auprès du public. D'autant que contrairement à ce que l'expression Panem et circenses, du pain et des jeux, prétendait, ce n'était pas avec les spectacles qu'on éteignait les grondements du peuple. Les français n'étaient pas dupes de la manœuvre de leur président pour gagner du temps sur la nomination d'un nouveau Premier ministre, d'autant plus alors que les paralympiques devaient démarrer presque deux semaines plus tard.

Ce qui laissait plus qu'assez de temps aux partis et aux électeurs de sortir de l'ambiance plus festive et conviviale que les Jeux Olympiques avaient apportés, pour rappeler le président à l'ordre.

— L'ordre du jour, c'est... ah, Elizabeth, vous vous faites discrète ces derniers temps, remarqua Emmanuel Macron en se coupant lui-même.

— Monsieur le président, je pense avoir beaucoup donné de mon temps auprès de l'Assemblée, et j'ai affronté plus d'une critique, même lorsque c'est mon successeur qui a pris la relève comme Premier ministre, fit remarquer la sexagénaire. Quel est l'ordre du jour ?

La séance concernait la gestion budgétaire à venir. Une partie de leurs actions avait été fortement ralentie suite à la dissolution de l'Assemblée, et la plupart des députés n'étaient pas tranquilles en sachant que leur travail serait plus que remanié par le Rassemblement National.

Plus d'un avait l'impression d'être présent juste pour dire qu'ils étaient présents, et sous la table ancienne, Gabriel se retenait de taper du pied d'impatience, ses questions ayant de plus en plus besoin de réponses. Il attendit néanmoins le soir et le départ de ses collègues, trainant à ranger ses documents jusqu'à ce qu'il soit le dernier présent avec Emmanuel Macron.

— Monsieur le président ?

— Gabriel, mon cher collègue, vous restez en retrait, quelque chose vous dérange-t-il ?

Collègue, et non ami ? Le trentenaire songea qu'il avait vraiment perdu le légère affection que le président avait eu à son égard, mais cela ne l'affectait plus. La rancœur entre eux avait été repérée par les journalistes en premiers, d'abord sur la base de suspicions inutiles, et pour une fois, ces suppositions hâtives s'étaient révélées avant-gardistes.

Une situation peu surprenante, puisque le président l'avait trahi, vendant ses intentions à un journaliste médiocre à la botte de l'extrême droite avant même de le lui en informer.

— Monsieur, je pense qu'il est plus que temps d'éclaircir... les raisons qui vous ont poussé à dissoudre l'Assemblée, ainsi que vos intentions réelles à l'égard de notre parti, mais aussi de notre patrie.

— Voyons Gabriel, vous n'allez pas me faire croire que vous n'avez pas compris, d'autant que tout le monde sait pourquoi j'agis de la sorte, plaisanta le président en riant. Vous me prenez au dépourvu avec cette demande, j'ai l'impression que la fatigue des dernières semaines vous déroute... J'ai encore besoin de vous jusqu'à ce que Bardella soit Premier ministre.

Pour mon pays (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant