12 : Personne ne savait

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La chaleur du samedi 9 août 2024 avait pris plus d'une personne par surprise, quand bien même il était normal qu'un été soit chaud. Pour autant, l'atmosphère semblait lourde, électrique, dans l'attente de quelques orages ou feux de forêts. Depuis Matignon, Gabriel Attal les regardait de loin, davantage préoccupé au sujet de Volta. La petite chienne noire ne buvait pas assez à son goût, et la chaleur écrasante n'était pas pour le rassurer sur le bien-être de sa petite protégée.

Il avait décidé de la promener dans les grands jardins de Matignon, faisant un footing à ses côtés pour rattraper la longue course qu'il avait initialement prévu la veille avant de subir un contretemps. Il s'en occupait à présent avec diligence, tandis que Volta courrait comme une pile électrique dans l'herbe, à l'ombre des arbres pour se préserver du soleil écrasant.

Si bien que lorsque Yaël Braun-Pivet l'appela sur son portable en le prévenant qu'elle allait arriver, le Premier ministre était couvert de sueur et il eut à peine le temps de se doucher avant de devoir accueillir sa collègue dans des vêtements propres.

— J'ai vu que Volta était de sortie, elle était plutôt discrète ces dernières semaines, fit remarquer la quinquagénaire.

— Avec les derniers évènements, j'ai eu moins de temps pour m'occuper d'elle, confia Gabriel, je l'ai laissé avec les employés de cet endroit pour pouvoir me concentrer sur le reste. Moi qui pensait lui faire passer de bonnes vacances cet été... Je l'ai négligée mais elle n'a pas l'air trop rancunière.

Il l'appela depuis une porte-fenêtre, la petite chow-chow accourant vers lui et son invitée qui la félicita pour son obéissance et lui offrit quelques caresses bien méritées.

— Mes enfants voudraient un chien, les plus jeunes je veux dire, mais je n'ose pas franchir le pas, je manquerai de temps et mes enfants sont parfois négligents envers eux-mêmes.

— Les animaux sont toujours une responsabilité, ce n'est pas évident de choisir le bon moment ni le bon animal, ça exige toujours une certaine préparation, reconnut le plus jeune. Ce sont mes sœurs qui me l'ont offerte pour ma nomination, elle va bientôt avoir un an... 

Il songea avec regret que c'était presque injuste pour la petite chienne d'avoir vécu avec lui, à Matignon, d'avoir connu les grands bâtiments et les immenses jardins, les caresses de plusieurs occupants des lieux, et de savoir qu'elle devrait se contenter de bien moins une fois que Jordan Bardella prendrait sa place dans ces lieux.

— Tu ne m'as pas dit pourquoi tu comptais venir, fit-il remarquer pour changer de sujet.

— Je venais vérifier si tu allais bien après cette affaire avec Bardella... Les médias se sont calmés et c'est presque du passé, mais c'était les JO, alors les yeux sont surtout rivés sur les athlètes, pas sur nous... Et le Président se doute que dès que ce sera fini, après les Jeux paralympiques, il aura à rendre des comptes, et nous avec. Et Damien Maudet ? J'ai cru comprendre que tu avais jeté ton dévolu sur lui.

Le Premier ministre sentit ses joues s'enflammer quelques instants avant de comprendre que sa collègue n'évoquait pas ses relations amoureuses. Il accorda avec un ton calme :

— Il ne m'avait pas fait mauvaise impression jusque là. Il est chez LFI, c'est un fait, mais il ne cause pas un grabuge terrible pendant les séances à l'Assemblée.

— Dire qu'elles vont bientôt reprendre... soupira Yaël, je n'ai pas envie d'avoir encore à vous gérer. Ne le prends pas personnellement, mais depuis que je suis élue députée, j'ai l'impression que les choses se dégradent chaque année. Encore un peu et j'aurai affaire à un groupe d'ados pré-pubères.

Pour mon pays (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant