CHAPITRE 5 - Et d'un rayon de soleil

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Skuma

Skuma promena sa main le long de sa robe bleu nuit. Elle agrippa une poignée de tissu soyeux, avant de le relâcher aussitôt. Inutile de froisser sa robe pour soulager sa nervosité.

Tu es ravissante.

Elle se retint de passer une main sur ses cheveux noirs que Stjerna avait mis tant de cœur à tresser, puis à relever en chignon sur sa nuque. Son amie avait même réussi à les entrelacer avec de minuscules fils argentés, qui faisaient écho au fard à paupière saupoudrant ses yeux. Le résultat dans le miroir avait été plus que satisfaisant. Avec sa peau blanche, ses cheveux noirs et les touches d'argent, elle ressemblait à une étoile au milieu de la nuit.

Sa robe, cintrée à la taille, s'écoulait jusqu'à ses pieds. Élégante et simple, comme le voulait sa mère. Skuma avait malgré tout réussir à obtenir qu'on lui dénude les épaules, grâce à de fines bretelles au lieu de manches.

Et avec la chaleur qui régnait sur la place, elle était bien heureuse d'avoir remporté ce point de la négociation. Elle n'osait imaginer ce que devait ressentir ceux qui se déhanchaient sur la piste de danse. Pour la énième fois depuis qu'elle était arrivée avec les élèves de l'Académie, elle parcourut les danseurs du regard : aucune trace de Marm.

Elle retint un léger soupir. L'attente la rendait folle ! Mais il était hors de question qu'elle s'approche de la piste, sauf en cas d'extrême nécessité.

Par exemple, si c'était Marm qui l'invitait.

Par contre, son regard se posa à plusieurs reprises sur Kunnias et Stjerna, qui tournoyaient avec grâce non loin des Hémériens. Chacun n'avait d'yeux que pour l'autre. Ils semblaient seuls au monde, dans une bulle invisible que personne ne pouvait éclater. Son cœur se réchauffa à mesure qu'elle les contemplait. Elle se prit à rêver qu'un jour, quelqu'un la regarderait avec autant d'amour que celui qu'elle devinait dans leurs yeux. Qu'elle-même le regarderait parce qu'elle ne pourrait s'en empêcher, parce qu'il brillerait comme le soleil.

Elle déclina l'une après l'autre les invitations à danser qu'elle reçut, ses yeux acérés continuant à parcourir la foule de Noxains. De temps en temps, elle jetait quelques coups d'œil du côté des Hémériens. Leur danse la fascinait. Leur manière de se mouvoir, leurs couleurs chatoyantes, les chevelures des femmes qui volaient librement dans le vent, les hommes en chemise dépourvus de veste...

Soudain, elle aperçut enfin Marm de l'autre côté de la piste. Une vague d'excitation mêlée de nervosité tordit son estomac, mais elle se força à entamer quelques pas pour se rapprocher de lui.

Bien évidemment, ce fut ce moment que choisit le préfet pour entamer son discours.

Elle regarda avec curiosité le couple d'Hémériens débuter le cercle, puis son cousin les rejoindre accompagné de Stjerna. La tension qui flottait entre Kunnias et l'Hémérien était indéniable. Si les regards avaient pu tuer, ce dernier aurait été à terre depuis plusieurs minutes.

Noxains et Hémériens complétèrent le cercle. Skuma vérifia que Marm restait parmi les spectateurs. Il ne bougea pas. Parfait.

Puis la musique retentit, et comme il fallait s'y attendre, rien ne se passa comme prévu. Enfin, rien ne se passa comme le préfet l'avait prévu. Skuma l'avait vu venir à des kilomètres, comme sûrement la quasi-totalité des gens sur cette place.

Une Noxaine eut un mouvement de recul face à l'Hémérien devant lequel elle s'était arrêtée. Ce dernier la dédaigna alors pour récupérer sa cavalière d'origine, et à partir de là, le centre de la piste ne fut qu'un grand bazar où tout le monde se bousculait pour retrouver son partenaire et son côté de piste. Puis, sans tenir compte des protestations du préfet, Hémériens et Noxains se mirent à danser les uns face aux autres avec une vigueur inédite.

Le Champ de lys - PRÉQUELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant