Les Insoumis : A Star Wars Story

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Anna et Bowie se remirent donc en route, le cœur de la jeune fille gonflé malgré les jours passants d'une bulle à la fois brûlante et glacée, qui lui laissait autant l'estomac dans les talons qu'elle semblait lui donner des ailes. Un espoir aussi fort que ce dernier avait encore un goût inconnu pour elle, mais l'idée, peut-être folle, sans doute idéaliste, de retrouver sa famille dans ce camp de réfugiés la rendait plus forte. Et peu importait cette étincelle de doute qu'elle ressentait malgré tout face au brasier de son manque et de son besoin impérieux de retrouver ceux qu'elle aimait.

Ils étaient là-bas. Elle voulait et devait y croire !

La brûlure désagréable de son estomac vide la fit un soir grimacer plus encore que de coutume. Qu'elle la détestait, cette compagne à présent constante ! Il lui semblait que quoi qu'elle puisse se mettre sous la dent, rien ne pouvait la satisfaire. Le pantalon d'Anna lui flottait désormais sur des hanches saillantes là où, sans être particulièrement ronde, elle remplissait auparavant ses vêtements de façon saine. Les traits de son visage s'étaient également légèrement accentués, ses pommettes plus marquées tirant sur la peau tendre de sa cicatrice et leur faisant perdre les dernières rondeurs de l'enfance et de l'innocence. L'adolescente avait eu un coup au cœur quelques jours plus tôt en constatant le poids qu'elle avait perdu à force de ne pas manger à sa faim.

À côté d'elle, Bowie émit un gémissement sourd, tirant la langue en haletant et la regardant avec l'air de comprendre ce qui lui pesait sur le cœur.

— Oui, je sais, mon grand, je sais..., marmonna la jeune fille en passant une main aux ongles cassés dans ses cheveux sales.

Elle eut un frisson à ce geste, sentant les mèches glisser entre ses doigts. Ça aussi, elle allait devoir y remédier... Avoir les cheveux gras faisait clairement partie des choses qu'elle n'appréciait pas de façon générale, mais après, on ne pouvait pas dire que l'hygiène corporelle ait récemment fait partie de ses priorités. À moins que cela ne concerne ses blessures, dont la plus importante cicatrisait toujours.

Avec un soupir, encouragée par les jappements de Bowie, Anna remonta les bretelles de son sac sur son dos et se résolut à reprendre la route, avec pour objectif immédiat de trouver de la nourriture. Il ne lui restait à nouveau plus grand-chose et elle voulait éviter d'avoir à se coltiner des haricots en conserve et des biscottes pour le dîner...

La chance parut néanmoins tourner en leur faveur : l'adolescente et son chien arrivèrent en effet environ une heure plus tard à une bifurcation sur la route principale qu'ils étaient jusque-là occupés à suivre. Une boîte aux lettres indiquait qu'il s'agissait là de l'entrée d'une propriété, mais le portail défoncé qu'on apercevait quelques dizaines de mètres plus loin, ses barreaux en métal tordus par ce qui semblait être un véhicule imposant, était une invitation lugubre à s'aventurer dans la vieille maison de campagne que l'on entrevoyait entre les arbres dénudés pour y chercher quelque chose à se mettre sous la dent.

Le cœur d'Anna se serra à cette pensée sans qu'elle ne sache trop pourquoi, mais son estomac vide et le regard luisant de Bowie, l'animal collé contre sa jambe tout en la fixant de ses yeux caramel, ne la laissèrent pas éprouver plus de scrupules que ça à l'idée d'entrer de nouveau chez des inconnus à la recherche de nourriture. Ce n'était pas la première fois, et ce ne serait certainement pas la dernière.

Le jardin, laissé à l'abandon, commençait à reprendre ses droits malgré le froid de la fin d'automne, même si l'on y devinait encore une splendeur paisible témoignant de l'amour que les maîtres des lieux avaient accordés à ces derniers. Les hautes herbes caressèrent les genoux d'Anna en bruissant lorsqu'elle s'approcha de la maison. Bowie avait le museau plongé dans l'allée de gravier retourné réservée aux voitures, évitant les touffes d'herbe d'un gris jaune ayant percé ici et là à la recherche de lumière et en l'absence de regards attentifs à leur apparition.