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Un silence terrifiant tomba à l'intérieur du café, seulement troublé par la musique en sourdine diffusée par les discrets haut-parleurs... Jusqu'à ce qu'un bruit assourdissant ne fasse vibrer les vitres dans un vacarme de fin du monde. On aurait dit les réacteurs d'un avion multiplié par mille. Anna sentit ses entrailles se tordre douloureusement et se mit à trembler de façon incontrôlable. À côté d'elle, Claire lui agrippa brusquement la main et la serra plus fort qu'elle ne l'avait jamais fait.

Dans la rue, les filles pouvaient voir les passants complètement figés sur place, comme frappés par la foudre, bien que certains d'entre eux sortent déjà leurs téléphones pour immortaliser l'événement incroyable. Parce que l'instant était effectivement incroyable, inattendu, bouleversant...

Déstabilisant ?

— Je..., finit par souffler Claire d'un ton quasi-inaudible. J'y crois pas... Tu vois bien ce que je vois ?

— C'est pas comme s'il était invisible, ce vaisseau, répondit Anna en suivant des yeux les lignes dures de l'engin spatial, le cœur battant à tout rompre. ... Je te jure que je vais me mettre à hurler dans trois secondes si...

Anna ne termina pas sa phrase, parce que Claire lui plaqua sa main sur la bouche sans pour autant quitter le vaisseau des yeux, un air à la fois abasourdi, émerveillé et quelque peu inquiet sur le visage. Mr Judan se pencha davantage pour voir le titan de métal avec plus de précision, et Anna crut l'entendre marmonner quelque chose comme « ... quoi encore, ces conneries ? ... ».

Sous leurs yeux ébahis, le gigantesque vaisseau se mit soudain à tourner sur lui-même avec une majestueuse lenteur, les rayons du soleil couchant frappant ses flancs étonnement droits. Son mouvement permit à Anna de visionner la forme générale du mastodonte, qui arborait une étrange silhouette triangulaire.

Sa main tâtonna vers son sac à la recherche de son propre téléphone, la jeune fille éprouvant une envie de plus en plus pressante d'appeler ses parents pour les prévenir de la tournure pour le moins inattendue des événements. Après, peut-être qu'ils étaient déjà au courant. Ce vaisseau – l'utilisation de ce mot paraissait tellement impensable quelques minutes plus tôt – était tellement énorme qu'ils devaient sûrement l'avoir vu. Mais Anna ne pouvait s'empêcher de ressentir un terrifiant malaise...

Une impression de déjà-vu.

Elle trouva enfin son téléphone et le déverrouilla, réussissant finalement à quitter le géant de métal des yeux. Elle avait le cœur qui battait si vite que ses mains en tremblaient. En fait, son corps entier frissonnait, comme si elle avait froid. Mais ce n'était pas un froid habituel, qui survient quand le vent souffle brusquement en s'engouffrant dans les pans de votre manteau lors d'un matin d'hiver.

C'était différent.

— Anna...

— Claire, la coupa-t-elle en regardant l'écran de son téléphone, les sourcils froncés, une désagréable boule au ventre. ... Tu as du réseau sur ton téléphone ?

Mais Claire s'en préoccupait comme de sa première chaussette trouée. Elle avait toujours les yeux rivés vers le ciel, et elle était si tendue qu'Anna avait l'impression d'avoir un bloc de béton à côté d'elle à la place de son amie.

— Claire ?

— Tu vois ça ? la coupa la blonde en tendant d'un coup le doigt vers la vitre.

Anna leva de nouveau les yeux de son téléphone pour les poser sur la forme énorme qui avait investi le ciel. De là où elles se trouvaient, elles pouvaient voir ce qui paraissait être une fenêtre de lumière sous le ventre du géant vomir des éclats de soleil, comme une nuée de mouches noires dérangées alors qu'elles se repaissaient d'une carcasse.

Les Insoumis : A Star Wars StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant