Les Insoumis : A Star Wars Story

.14.

Anna pinça les lèvres en resserrant encore davantage les doigts sur le manche de sa seule arme, à l'affût du moindre intrus susceptible de surgir dans son champ de vision...

Sauf qu'elle ne s'attendait pas à ce que l'attaque provienne des placards-mêmes.

Certains parmi eux étaient suffisamment grands pour y dissimuler quelqu'un si la personne en question s'abstenait de tout mouvement. Et Anna, trop préoccupée par sa recherche de nourriture, n'avait pas prêté immédiatement attention aux placards dont les portes étaient complètement fermées en pénétrant dans la cuisine.

Grossière erreur.

La jeune fille poussa un glapissement de surprise lorsqu'un poids lui tomba sur le dos et que l'on recouvrit son visage d'un tissu sombre et épais, qui l'étouffa à moitié. Prise de panique, elle en lâcha son bâton, qui tomba au sol en claquant bruyamment et porta les deux mains à sa gorge, où un bras noueux mais puissant s'était glissé pour raffermir sa prise sur elle. Anna tituba, ses repères complètement disparus, le souffle chaud et effréné de son agresseur emplissant ses oreilles d'une cacophonie terrifiante. Elle pouvait vaguement entendre Bowie aboyer comme un fou furieux à l'entrée de la maison en la sentant en danger, mais la seule chose qui parvenait à l'esprit affolé d'Anna était qu'elle avait besoin de voir, et surtout de respirer ! Déjà, elle pouvait sentir les prémices du manque d'air assaillir ses sens aveugles, tandis qu'elle luttait pour rester debout sous le poids de son adversaire, de toute évidence plus lourd qu'elle.

Au désespoir, l'adolescente se mit à ruer aussi fort que possible, tentant de distribuer à tout-va des coups de pieds pour se débarrasser de la personne qui la tenait et qui refusait catégoriquement de la lâcher, à en juger par ses propres efforts redoublés et ses grognements pour tenir bon.

Jusqu'à ce qu'Anna parvienne, elle ne sut trop comment, à faire partir son pied en arrière dans le bon angle pour que son talon vienne heurter violemment sa cible. Elle entendit un couinement étouffé, brutalement interrompu lorsque, la pression sur sa gorge malmenée s'allégeant enfin un chouia, elle put retrouver suffisamment de liberté de mouvement pour rajouter un coup de boule en envoyant sa tête en arrière.

Le geste lui fit voir des étoiles, mais il remplit son objectif.

De plus légère, la pression sur son cou disparut complètement tandis que son assaillant roulait au sol dans un cri de douleur nasillard, entraînant avec lui ce qui aveuglait Anna jusque-là.

A moitié sonnée elle-même, Anna bascula en avant, les poumons en feu sous le brusque afflux d'air, et crut bien qu'elle allait les recracher sur le carrelage poussiéreux d'une cuisine ouverte à tous les vents, dans la maison de parfaits inconnus, sous les hurlements de son chien. Lorsque ses doigts effleurèrent le bois de son arme tombée au sol et que son cerveau capta les gémissements de douleur lâchés par son agresseur, l'adolescente se releva tant bien que mal, le visage rouge à force de tousser, son bâton brandi à deux bras, prêt à être abattu sur celui qui, de toute évidence, avait essayé de la tuer...

— Non !

Tout parut se figer autour d'Anna sous le coup retentissant de cette voix d'enfant, claquant dans l'air ambiant tel le tonnerre en été. Les bras encore levés au-dessus de sa tête, les jambes flageolantes, Anna tourna la tête vers la source de la voix...

Et posa les yeux sur une gamine.

Elle était plus jeune que son frère Benji d'au moins quelques années, et était vêtue de vêtements qui semblaient un peu trop grands pour elle, sales et troués par endroits. Son visage juvénile un peu trop fin, aux joues légèrement creusées, était encadré par la plus belle crinière de cheveux noirs qu'Anna ait jamais vue, et ses yeux sombres et écarquillés étincelaient sous le coup des émotions qui l'assaillaient.