.2.

88 9 5
                                    

Le soir commençait à peine à tomber lorsqu'Anna se laissa choir sur une banquette à l'intérieur du café du Bord de l'Eau, sa carte de transport encore coincée entre les dents pour avoir eu la malchance de la tenir à la main alors que son téléphone était en train de sonner. N'ayant pas réussi à répondre à temps à cause de ses mains prises, Anna avait néanmoins pu lire le SMS que Claire lui avait envoyé après coup indiquant qu'elle était en route. Arrivée la première, il ne lui restait plus qu'à attendre que mademoiselle Malbec daigne lui faire l'insigne honneur de sa présence. Anna eut un sourire à cette pensée, et s'étira comme un chat sur sa banquette rehaussée de cuir craquelé par le temps.

 Anna eut un sourire à cette pensée, et s'étira comme un chat sur sa banquette rehaussée de cuir craquelé par le temps

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Ce café était le refuge des deux amies depuis des années. Il était plus petit que la plupart des bistrots que l'on pouvait trouver à Paris, mais disposait d'un charme indéniable qui le rendait confortable et chaleureux. A moins que ce ne soit la décoration très inspirée Belle Époque qui n'aide à attirer les clients ; le propriétaire, s'il était un as pour faire d'excellents cafés, chocolats chauds et cocktails, n'était étonnamment pas la personne la plus agréable au monde, ayant tendance à offrir un visage constamment renfrogné et peu avenant. Mais les visites répétitives d'Anna et Claire avaient contribué à le rendre moins antipathique envers les deux filles. Après, Anna se demandait de temps à autre si son comportement n'était pas dû à une vie plutôt morose : Mr Judan portait sur son visage et ses mains les marques d'une vie qui n'avait visiblement pas été de tout repos, voire difficile. Peut-être son caractère et sa façon de se comporter n'étaient-ils qu'un moyen pour lui de faire face à ce qu'il avait vécu. Mais la jeune fille n'aurait jamais osé lui poser la question. S'il était un peu plus avenant avec Claire et elle, elle doutait qu'il soit prêt à leur raconter sa vie. Elle l'avait par ailleurs déjà vu s'énerver après des ivrognes qui étaient entrés dans le café, un jour, et ce qui en avait résulté ne l'encourageait certainement pas à tenter le diable. Non... Il les laissait tranquilles quand elles venaient, et elles ne l'embêtaient pas plus en retour. Et cela convenait à tout le monde.

Et quand on parlait du loup...

— Un latté, s'il vous plaît, Mr Judan, demanda Anna lorsque le propriétaire lui fit un signe derrière son comptoir.

Sa seule réponse fut un hochement de tête laconique, mais non accompagné de la moitié de grimace dont il gratifiait ceux qu'il ne connaissait pas et qui entraient dans son café. Franchement, c'était à se demander comment il pouvait encore avoir des clients, parfois...

Anna n'était pas encore servie quand Claire entra à son tour dans le café. Son sac, relativement bombé, fit un bruit invraisemblable lorsqu'elle le lâcha sur le siège à côté du sien avant qu'elle ne s'asseye avec un soupir. Anna cligna des yeux d'un air perplexe.

— Tu transportes quoi, dans ton sac ? demanda-t-elle d'un ton légèrement surpris.

— Je passe la nuit chez ma tante. Je dois garder mon cousin, ce soir.

Les Insoumis : A Star Wars StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant