Les Fragments de Nous

Prologue Mara 2021-Montréal

La ville était recouverte d'une neige immaculée, transformant le paysage urbain en un tableau d'un calme trompeur. Mais, derrière les rideaux tirés de ma chambre, le silence extérieur était une ironie douloureuse. Mon esprit était en proie à un cauchemar si intense qu'il semblait plus réel que la réalité elle-même.

Dans cette nuit trouble, Thorn n'était pas l'homme que je connaissais. Il était devenu une présence obscure, une silhouette menaçante qui se déplaçait avec une détermination glaciale. L'espace autour de moi était devenu un dédale de métal froid et de lumière vacillante. Les murs de la pièce semblaient se resserrer, leurs surfaces réfléchissant des ombres déformées qui me déstabilisaient encore plus.

Thorn était là, se tenant près de moi, ses yeux remplis d'une froideur implacable. Je voulais crier, mais ma voix restait coincée dans ma gorge, ne laissant échapper qu'un souffle tremblant.

- Tu sais pourquoi tu es ici ? demanda-t-il, sa voix résonnant comme un écho dans la pièce sombre.

Il avançait vers moi avec une lenteur calculée, chaque pas amplifiant ma peur.

- Tu as toujours voulu comprendre. Alors, comprends maintenant.

Je tentais de reculer, mais mes jambes semblaient ancrées au sol, comme si la gravité elle-même me retenait.

- Thorn... s'il te plaît, arrête. Ce n'est pas réel, ce n'est pas toi.

Il s'arrêta juste devant moi, son visage se déformant en un sourire cruel.

"Ce n'est pas moi ?" Il leva une main, la tendant vers moi.

- Regarde bien, Mara. C'est exactement moi. Tout ce que tu as voulu ignorer, tout ce que tu as essayé d'oublier.

Ses mots étaient des lames tranchantes, chaque syllabe taillant plus profondément dans mon esprit. Les souvenirs de moments heureux se mêlaient à ses actions violentes, se transformant en un spectacle grotesque de douleur et de contrôle. La pièce devenait plus sombre à chaque instant, comme si elle absorbait toute la lumière, tout l'espoir.

- Pourquoi fais-tu ça ? demandai-je, ma voix brisée par la peur et la confusion. Qu'est-ce que tu veux de moi ?

Il éclata de rire, un rire froid et dénué de chaleur.

- Ce que je veux ? Je veux que tu comprennes enfin la vérité. Que tu vois la réalité derrière le masque, la façade que tu as choisie d'ignorer.

Ses mains se tendirent vers moi, attrapant mes bras avec une force implacable. Je me débattais, essayant de me libérer, mais chaque mouvement semblait renforcer son emprise.

- Lâche-moi ! hurlai-je, mais le son se perdait dans le tourbillon de mon désespoir.

- Tu penses que c'est facile ? murmura-t-il, son souffle glacial contre ma peau. Chaque fois que tu regardes ailleurs, chaque fois que tu détournes le regard, je suis là, attendant, patient. Tu as joué à un jeu dangereux, Mara, et maintenant il est temps de payer.

Je fermai les yeux, essayant de fuir cette réalité cauchemardesque, mais l'obscurité semblait se refermer autour de moi. Les souvenirs de notre relation, autrefois réconfortants, se déformaient sous le poids de cette violence nouvelle. Les moments tendres se transformaient en pièges, les éclats de rire en cris de douleur.

Puis, tout s'arrêta soudainement. Le silence était devenu oppressant, un calme lourd de signification. Je sentais une présence étrange, presque invisible, m'observant dans l'obscurité. Je rouvrirai les yeux pour voir Thorn se détacher de moi, ses traits devenant flous alors que l'obscurité s'intensifiait. Il recula lentement, disparaissant dans une brume d'ombre.

- Tu n'as pas fini, Mara, dit-il avant de disparaître complètement. Ce n'est que le début.

Je me réveillai en sursaut, le cœur battant à tout rompre, les draps trempés de sueur froide. Le calme de ma chambre était un contraste cruel avec le chaos de mon rêve. Je levai les yeux vers le plafond, cherchant des réponses dans les ombres mouvantes.

Le rêve n'était pas simplement une manifestation de ma peur nocturne. Il semblait porter un message, une vérité cachée ou un avertissement dont je devais prendre conscience. La neige continuait de tomber doucement à l'extérieur, une ironie douce-amère face à la tempête intérieure que je ressentais.

Le calme apparent du matin était trompeur, comme si la véritable tempête se préparait à l'intérieur de moi. Thorn avait peut-être plus à dire que ce que j'étais prête à admettre. Peut-être était-ce le début d'une vérité enfouie ou un avertissement d'un danger imminent.

Je savais que je devais me préparer à faire face à Thorn, à confronter non seulement les ombres de la nuit, mais aussi les vérités enfouies sous la surface de notre relation. La journée promettait d'être un défi, et je devais plonger au cœur de cette obscurité pour y chercher la lumière.

La neige continuait de tomber, paisible et froide, tandis que je m'apprêtais à affronter les ombres de mon propre esprit, à chercher des réponses et à comprendre les vérités cachées derrière le voile de la peur.