Les Fragments de Nous

Chapitre 18 Mara 2024 - Montréal

Je me réveille, les rayons du soleil filtrant à travers les rideaux. Je sens la chaleur d'un corps à côté de moi et, lentement, les événements de la nuit précédente me reviennent en mémoire. Gabriel. Je tourne la tête et je le vois, endormi, paisible. Mon cœur se serre immédiatement, une vague de culpabilité et de colère contre moi-même m'envahit.

- Qu'est-ce que tu as encore fait, Mara ? me murmure-je à moi-même, remplie de remords.

Je me lève doucement, essayant de ne pas le réveiller, et ramasse mes vêtements éparpillés sur le sol. Alors que je m'habille, les pensées tourbillonnent dans ma tête. Pourquoi ai-je encore succombé ? Pourquoi utilise-t-il Gabriel de cette manière, sachant combien il tient à moi ? Je sais que ce n'est pas juste, que ce n'est pas ce dont j'ai réellement besoin.

Je jette un dernier coup d'œil à Gabriel, encore endormi sur le canapé. Mon cœur se serre encore plus fort. Il mérite tellement mieux. Je prends un morceau de papier sur la table et griffonne rapidement un mot.

"Désolé Gabriel, j'ai fait n'importe quoi. On oublie ?"

Je pose le mot sur la table basse et quitte l'appartement en silence. L'air frais du matin me frappe en plein visage, mais cela ne parvient pas à apaiser ma conscience lourde. Je regarde ma montre et réalise avec horreur que je suis en retard pour mon premier client de la journée. Elio. Mon cœur s'emballe à l'idée de le faire attendre, surtout avec tout ce qu'il traverse.

Je hâte le pas, me dirigeant vers le métro le plus proche. Chaque pas semble lourd, chaque pensée un rappel de ma propre faiblesse. Gabriel a été là pour moi, encore et encore, et je l'ai encore une fois utilisé comme un refuge temporaire, un moyen d'échapper à mes propres démons.

- Tu dois faire mieux, Mara, me répète-je en boucle, tentant de me motiver à changer, à être plus forte.

Le trajet en métro me semble interminable, chaque station passant trop lentement à mon goût. Mon esprit est une tempête de regrets et de résolutions non tenues. Finalement, j'arrive à mon arrêt et je me précipite vers mon cabinet. Mon téléphone vibre dans ma poche, mais je l'ignore, sachant que cela ne fera qu'ajouter à mon stress.

Je pousse la porte de mon bureau et vois Elio attendre dans la salle d'attente. Son visage s'illumine d'un sourire lorsque nos regards se croisent, mais je peux lire l'inquiétude dans ses yeux.

- Désolée pour le retard, Elio, dis-je en m'approchant. La matinée a été un peu chaotique. Tutoyons-nous maintenant si ça ne te dérange pas évidemment.

- Ça me va parfaitement. Ce n'est rien, Mara. Je suis juste content de te voir, répond-il avec une gentillesse qui ne fait qu'accentuer ma culpabilité.

Nous nous installons dans mon bureau et je tente de me concentrer sur lui, sur ses besoins. Mais une partie de mon esprit reste accrochée à Gabriel, à la douleur que je lui ai infligée une fois de plus. Elio commence à parler de ses angoisses, de ses luttes, et je me force à être présente, à écouter vraiment.

- Mara, tu sembles un peu distraite aujourd'hui. Est-ce que tout va bien ? demande-t-il soudainement, brisant le flux de ses pensées.

Je prends une profonde inspiration, essayant de chasser mes propres soucis.

- Oui, je suis juste un peu fatiguée. Mais je suis ici pour toi, Elio. Continuons, dis-je avec un sourire rassurant.

Nous passons l'heure suivante à travailler sur ses problèmes, à explorer ses peurs et à trouver des moyens de les gérer. C'est dans ces moments que je me rappelle pourquoi j'aime ce travail, pourquoi j'ai choisi cette voie. Aider les autres à trouver leur chemin me donne un sens, un but.