Les Fragments de Nous

Chapitre 11 Thorn 2024 - Montréal

L'air mordant de l'hiver de Montréal était glacé, mais il ne pouvait rivaliser avec la froideur qui me serrait le cœur en ce moment précis. Les rues étaient silencieuses, presque désertes, comme si la ville elle-même avait décidé de se retirer, me laissant face à ma propre torpeur. La nuit, enveloppée d'un voile d'obscurité et de solitude, était devenue mon complice silencieux. Je me tenais là, tapi dans l'ombre, les yeux rivés sur l'immeuble où Gabriel résidait, attendant comme un prédateur qui guette sa proie.

Ma frustration s'était accumulée tout au long de la journée, un torrent de sentiments contradictoires se bousculant dans ma tête. La vision de Mara, se tenant aux côtés de Gabriel, avait déclenché une cascade de pensées obsédantes et destructrices. C'était comme si le monde avait basculé dans une dimension parallèle, où tout ce que j'avais cru comprendre et contrôler avait disparu, laissant place à une réalité déformée et cruelle. Le souvenir de leur entrée dans l'appartement de Gabriel était une marque brûlante dans ma mémoire, une image douloureuse que je ne pouvais pas effacer, même si je le voulais.

Chaque instant que j'avais observé Mara et Gabriel avait été une torture. Leurs gestes complices, leurs rires échangés, et ce regard de Mara, si serein et plein de bonheur, étaient devenus une source de douleur insupportable. C'était comme si chaque rire, chaque sourire qu'ils partageaient était une arme, un poignard qui se plantait dans mes entrailles. Gabriel semblait tout ce que je n'étais pas : accessible, sûr de lui, et capable de donner à Mara ce que je ne pouvais pas lui offrir. La jalousie et la haine se mélangeaient en moi, créant une tempête interne qui menaçait de tout engloutir.

Je me sentais comme un fou, perdu dans un tourbillon de pensées obsédantes. La rationalité semblait m'échapper, remplacée par une obsession dévorante qui me poussait à surveiller chaque mouvement, chaque interaction. La nuit était devenue mon refuge, un lieu où je pouvais me perdre dans mes propres démons sans interruption. L'obsession de voir Mara avec quelqu'un d'autre, de la voir heureuse avec un autre homme, me déchirait de l'intérieur. Il y avait quelque chose de profondément dérangeant dans cette situation, quelque chose qui me poussait à me poser des questions sur ma propre santé mentale.

Chaque pensée, chaque souvenir était teinté d'une couleur sombre et perverse. La passion que j'avais partagée avec Mara semblait maintenant une chimère, un mirage lointain qui s'évanouissait devant mes yeux. La douleur que je ressentais était comme une brûlure constante, une flamme qui ne s'éteignait jamais. J'avais toujours cru que notre relation était unique, que notre connexion était inaltérable, mais voir Mara avec Gabriel avait détruit cette illusion. La réalité était devenue une cruauté, un jeu cruel orchestré par le destin pour me torturer.

Les souvenirs heureux que j'avais d'elle, les moments que nous avions partagés, semblaient maintenant des fragments d'un rêve brisé. Le contraste entre ce que nous avions et ce que je voyais maintenant était insupportable. La jalousie, la colère et le ressentiment s'entremêlaient dans un tourbillon de folie, me poussant à la limite de ce que je pouvais supporter. Je me demandais combien de temps je pourrais endurer cette torture psychologique avant que la folie ne prenne complètement le dessus.

La présence de Gabriel dans la vie de Mara était comme une trahison supplémentaire, une insulte à tout ce que nous avions partagé. Chaque mouvement de Gabriel, chaque sourire échangé, me semblait une provocation directe. Il n'avait pas connu les moments intenses que nous avions partagés, et pourtant, il avait ce que je ne pouvais plus avoir : l'attention, le dévouement, et la présence de Mara. C'était comme si le destin se moquait de moi, se réjouissant de voir ce que j'avais perdu.

Je me sentais piégé dans ma propre obsession, incapable de trouver une échappatoire à la folie qui me rongeait. Mes pensées se tournaient en boucle, comme un disque rayé, chaque image de Mara avec Gabriel renforçant ma douleur. Je voyais la scène de leur arrivée dans l'appartement de Gabriel comme une scène répétée sans fin, une danse macabre que je ne pouvais pas quitter. La haine et le dégoût que je ressentais envers Gabriel étaient presque insurmontables, comme si tout ce que j'avais vécu avec Mara était maintenant une parodie.

L'obsession que j'éprouvais était une prison, un enfer que je construisais pour moi-même. La rationalité semblait une notion lointaine et inatteignable, remplacée par une spirale de sentiments dévastateurs. La folie me guettait, me menaçant à chaque instant de me consumer complètement. Je savais que mes actions pourraient être dangereuses, que ma colère pourrait me pousser à commettre des actes irréparables, mais la rationalité semblait si lointaine que je ne pouvais pas l'atteindre.

Je restais là, observant l'immeuble de Gabriel, me perdant dans un tourbillon de pensées et de sentiments. La douleur était une compagne constante, une force qui m'entraînait vers des profondeurs que je ne pouvais pas explorer. Les heures passèrent, chaque minute une éternité de tourments, et je me retrouvais à regarder le monde à travers un prisme de douleur et de désespoir. La présence de Gabriel était une taquinerie cruelle, un rappel constant de ce que j'avais perdu et de ce que je ne pouvais plus avoir.

Chaque pensée, chaque souvenir, était une forme de poison, une douleur qui se répandait lentement dans mes veines. Je me demandais si je pourrais un jour trouver une échappatoire à cette douleur ou si je serais condamné à vivre avec cette torture psychologique jusqu'à ce qu'elle me consume entièrement. La folie semblait une issue possible, une manière de fuir cette douleur insupportable, mais même cela semblait une ironie cruelle. En fin de compte, je restais là, perdu dans la nuit, obsédé par ce que je ne pouvais pas avoir, consumé par une obsession dévorante qui me poussait vers des limites que je n'avais jamais imaginées.