Chapitre 2 Mara 2024 - Montréal

4 0 0
                                    

Le lendemain matin à Montréal était toujours aussi gris, la pluie tombant par intermittence et enveloppant la ville d'un voile humide. En me réveillant, j'avais la sensation que le poids de la journée qui m'attendait était déjà en train de se poser sur mes épaules. Les rêves de la nuit précédente semblaient s'attarder, laissant une trace d'anxiété et de fatigue.

Je me préparai rapidement, me forçant à entrer dans la routine habituelle avec un petit-déjeuner léger – un bol de flocons d'avoine agrémenté de baies fraîches. La journée promettait d'être longue, avec un emploi du temps chargé au cabinet. Mon premier patient était Elio Sunshine, un nom qui, malgré ma concentration, éveillait déjà en moi un mélange de curiosité et d'appréhension.

Arrivée au cabinet, je vérifiai les dossiers, puis me préparai pour la séance. Elio était un nouveau patient recommandé par un collègue, et je savais que son cas nécessiterait une attention particulière en raison de ses problèmes d'anxiété et de dépression. En jetant un coup d'œil aux notes, je pris note de ses symptômes mais restai concentrée sur la façon dont je pourrais l'aider de manière efficace.

À 9 heures, la porte du bureau s'ouvrit, révélant Elio. Il était grand, avec des cheveux bruns légèrement ondulés qui tombaient autour de son visage. Ses yeux verts brillaient d'une vivacité surprenante, et malgré le poids de son anxiété, il dégageait une aura de lumière et de chaleur. Sa présence avait quelque chose d'immédiatement captivant, une énergie solaire qui contrastait avec les gris de la journée.

- Bonjour, Elio.

Je lui offris un sourire chaleureux en me levant pour l'accueillir.

- Merci d'être venu aujourd'hui.

Il me rendit mon sourire avec un éclat qui, pour un instant, sembla illuminer la pièce.

- Bonjour, Mara. Merci à vous de me recevoir. Je suis un peu nerveux, mais je suis impatient de commencer.

Je l'invitai à s'asseoir dans le fauteuil en face de moi, et je pris place à mon bureau, prête à débuter la séance.

- Je comprends tout à fait. C'est souvent le cas lors d'une première rencontre. Parlez-moi un peu de ce qui vous amène ici.

Elio sembla prendre une profonde inspiration, comme s'il se préparait à dévoiler quelque chose de profondément personnel.

- Eh bien, j'ai toujours lutté contre l'anxiété, mais cela s'est intensifié ces derniers temps. Mon travail en design graphique est une passion, mais il devient de plus en plus stressant. Je me sens souvent dépassé, et cela affecte aussi ma vie personnelle. J'ai du mal à me détendre le soir, et mon esprit est constamment en ébullition.

Je l'écoutai attentivement, prenant des notes pour mieux comprendre ses défis. Sa manière de parler était empreinte de sincérité, et ses yeux verts, pleins de profondeur, semblaient scruter l'intérieur même de mon être. Il y avait quelque chose d'assez troublant dans la façon dont il s'exprimait, comme s'il me voyait à travers son propre prisme d'angoisse et de lumière.

- Pouvez-vous me parler un peu plus des moments où vous vous sentez dépassé ? demandai-je, essayant de me concentrer sur la discussion et d'éloigner les sentiments complexes que sa présence suscitait en moi.

Elio réfléchit un instant.

- Ça commence souvent par une petite tâche qui s'accumule, et avant que je m'en rende compte, je suis complètement paralysé. La pression au travail est intense, et je ne parviens pas à me déconnecter le soir. Même lorsque je fais des activités que j'aime, comme la musique ou le sport, il y a toujours une part de moi qui reste tendue.

Les Fragments de NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant