Les Fragments de Nous

Chapitre 13 Elio 2024 - Montréal

Les jours suivants furent un calvaire. Mes pensées étaient constamment tournées vers Mara. J'étais inquiet pour elle, tourmenté par ce que j'avais vu. Le mystérieux homme à l'extérieur de l'immeuble de Gabriel hantait mes rêves, son visage menaçant se superposant à celui de Mara en détresse. J'avais besoin de la voir, de lui parler, de lui dire ce que je ressentais.

Ce matin-là, je me posais devant son cabinet bien avant l'ouverture. L'air était frais, et je respirai profondément pour calmer mon anxiété. Lorsque Mara arriva enfin, je sentis mon cœur s'accélérer. Elle me vit immédiatement, une expression de surprise et de confusion traversant son visage.

- Elio ? Que fais-tu ici si tôt ? Tu n'as pas rendez-vous aujourd'hui.

Je pris une profonde inspiration, cherchant les mots justes.

- Mara, je... je devais te parler. C'est important. S'il te plaît, écoute-moi.

Elle hésita un instant, puis hocha la tête.

- Très bien, entrons.

Nous nous sommes installés dans son bureau. L'atmosphère était chargée de tension. Je pouvais sentir la proximité de nos corps, la chaleur de sa présence. Mes mains tremblaient légèrement alors que je tentais de formuler mes pensées.

- Mara, depuis la dernière séance, je ne peux pas arrêter de penser à vous. Ce que j'ai ressenti... c'était plus fort que tout ce que j'ai jamais connu. Quand je vous ai vue vous effondrer, ça m'a dévasté. Je sais que ce n'est pas professionnel de dire ça, mais je me sens tellement connecté à vous. Je ne comprends pas tout ce que je ressens, c'est tellement confus et intense. Je suis perdu, Mara.

Elle me regarda, les yeux pleins de compassion et de compréhension.

- Elio, je...

Je la coupai, mes émotions débordant.

- Non, laissez-moi finir. Je suis prêt à tout pour vous, à être là pour vous. Je veux vous protéger, vous soutenir. Je ne peux pas supporter l'idée de vous voir souffrir. Quand je vous ai vue avec Gabriel... j'ai ressenti une jalousie que je n'avais jamais connue. Et cet homme, dehors... je ne sais pas qui il est, mais il me fait peur pour vous.

Mara semblait bouleversée par mes mots. Nous étions si proches maintenant que je pouvais sentir son souffle, voir chaque nuance dans ses yeux. Mon cœur battait à tout rompre, et je savais que ce moment était crucial.

- Elio, vous êtes un patient, mais aussi quelqu'un de spécial pour moi. Vos sentiments me touchent profondément, et je...

Nos visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre. L'intensité de l'instant était presque insupportable. Mes yeux fixaient les siens, et tout ce que je voulais, c'était l'embrasser, sentir ses lèvres contre les miennes.

Je me penchai lentement, nos lèvres sur le point de se toucher.

- Mara, je rêve de vous. La nuit, je vous vois, et je veux vous toucher, être complètement à vous.

Elle frissonna légèrement, son regard plongé dans le mien. La tension entre nous était palpable, chaque fibre de mon être criant de désir.

- Elio, ce n'est pas... ce n'est pas approprié, murmura-t-elle, mais sa voix manquait de conviction.

Je ne pouvais plus me retenir. Ma main se leva, effleurant doucement sa joue, traçant une ligne brûlante le long de sa peau.

- Mara, je veux vous faire sentir spéciale, comme vous le faites pour moi. Je veux être celui qui vous protège, qui vous soutient, qui vous aime.

Elle ferma les yeux un instant, comme pour savourer ce contact interdit, puis les rouvrit, brillant de quelque chose de plus profond que la simple compassion.