Les Fragments de Nous

Chapitre 8 Thorn 2024 - Montréal

Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi certaines personnes se laissent toujours entraîner dans des jeux dangereux. Elles se croient invincibles, comme si elles avaient un contrôle total sur leur destinée. Mais moi, je le sais mieux que quiconque. J'ai appris depuis longtemps que la véritable puissance réside dans la manipulation subtile, dans l'art de contrôler les autres sans qu'ils en aient la moindre idée. Mara, elle, était une pièce maîtresse dans ce jeu complexe. Et maintenant, elle était à moi.

La soirée de l'altercation chez elle avait été une révélation. Mara était un mystère fascinant, une énigme que je voulais résoudre, et une proie que je voulais posséder. Chaque mouvement, chaque regard, chaque mot qu'elle avait prononcé ne faisait qu'accroître mon obsession pour elle. Elle avait ce mélange parfait de force et de vulnérabilité, ce qui la rendait encore plus attirante. Elle était mi-ange, mi-démon, et cela m'attirait irrésistiblement.

Je n'avais pas réussi à pénétrer ses défenses ce soir-là, mais ce n'était pas une défaite, juste un défi à relever. Ma colère était palpable, mais plus que cela, une détermination froide et calculatrice. Mara allait comprendre qu'il n'y avait pas de répit, qu'elle n'était pas libre de m'échapper. Je savais qu'elle allait céder, que sa résistance était vouée à l'échec. Tout ce qu'il me restait à faire, c'était de jouer les pièces correctement.

Les jours suivants, j'observais Mara à distance. J'avais des informateurs, des personnes dans son entourage, et une simple intervention suffisait à obtenir les informations dont j'avais besoin. Gabriel, ce prétentieux architecte, était une pièce que je devais absolument déplacer sur le plateau. Il était clair qu'il avait une fascination pour Mara. Je l'avais vu le jour où elle me l'avait présenté comme son meilleur ami – mais il avait toujours ce regard protecteur, ce désir de l'aider, de la sauver de mes griffes. Cette image était insupportable pour moi. Gabriel avait ce regard envieux, cette fascination inavouée pour Mara qui me dégoûtait. Mais il ne comprenait pas que Mara était déjà en ma possession. Elle m'appartenait et il n'avait aucun droit de s'en approcher.

J'ai décidé de le confronter. Il me fallait absolument le faire. Ce n'était pas seulement une question de vengeance, c'était une nécessité de prouver ma domination. Je me rendis au bureau de Gabriel en fin de journée. Il travaillait tard, ce qui me facilita la tâche. Mon approche était discrète, méthodique. J'entrai dans son bureau sans frapper, le trouvant absorbé par des plans d'architecture.

- Gabriel, je vois que tu as l'air bien occupé, dis-je d'une voix glaciale.

Il leva les yeux, visiblement surpris et agacé par mon intrusion. Je pouvais lire l'irritation sur son visage, mais cela ne m'importait pas. Ce qui comptait, c'était de le mettre à sa place.

- Thorn. Que fais-tu ici ? demanda-t-il d'un ton sec. Je suppose que ce n'est pas juste pour admirer mes plans.

Je m'approchai de son bureau, m'asseyant sur le coin d'une chaise. Mon attitude était délibérément décontractée, mais ma présence était une menace sous-jacente.

- Oh, je ne suis pas ici pour admirer quoi que ce soit. Je suis ici pour parler de Mara.

Son visage se durcit immédiatement. Il savait exactement où je voulais en venir.

- Écoute, je n'ai rien à te dire sur Mara. Ce n'est pas ton affaire.

- Vraiment ? Parce que j'ai des raisons de croire que c'est tout à fait ton affaire, répliquai-je. Tu te crois peut-être le protecteur, mais tu ne comprends pas les règles du jeu. Mara m'appartient, Gabriel. Tu as peut-être tes fantasmes et tes désirs, mais elle n'est pas à ta portée.

Il se leva brusquement, les poings serrés, mais il savait qu'une confrontation physique ne m'effrayait pas. Je le regardai droit dans les yeux, ne montrant aucune faiblesse.