Chapitre 21

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Je me souviens de ce jour d'hiver où je me suis assis pour jouer aux échecs avec lui. La maison était ancienne, remplie de livres et de souvenirs, et le feu crépitait doucement dans la cheminée. Je me sentais petit et insignifiant face à cet homme imposant, avec ses mains calleuses et son regard perçant.

Il a ouvert la partie en avançant son pion de roi de deux cases, levant les yeux vers moi comme pour m'évaluer. J'ai répondu en silence, avançant mon propre pion avec précaution.

-La vie,  a-t-il commencé, sa voix grave résonnant dans la pièce, est une série de décisions. Certaines sont simples, comme déplacer un pion. D'autres, bien plus complexes. 

Je n'ai rien dit, fixant l'échiquier et absorbant chacun de ses mots. Je savais que ce n'était pas seulement une partie d'échecs. Il y avait des leçons cachées dans chaque mouvement. J'ai avancé mon cavalier, une ouverture prudente.

-Les pions sont comme les choix faciles,  a-t-il continué. Ils peuvent être nombreux, mais leur impact est souvent limité. C'est lorsque tu commences à déplacer les pièces majeures que les vraies conséquences se font sentir. 

Il a déplacé sa dame en diagonale, posant une menace subtile. Je me suis concentré, cherchant à protéger mes pièces. Je me sentais petit mais déterminé, comme si chaque mouvement de pièce était une affirmation de ma volonté.

-La dame est une pièce puissante,  a-t-il dit,  mais sa force la rend vulnérable. Plus tu as de pouvoir, plus tu deviens une cible. 

Je restais silencieux, mes yeux fixés sur l'échiquier, absorbant chaque parole. J'ai avancé un autre pion, cherchant à protéger mes pièces.

-La vie te mettra des obstacles sur ton chemin, a-t-il continué, avançant un fou pour menacer mon cavalier. 

-Les fous sont ces obstacles, souvent inattendus et dangereux. Il faut savoir les anticiper et les éviter. 

Je réfléchis un instant avant de déplacer mon cavalier hors de danger, préparant une contre-attaque. Il m'a regardé avec une lueur de fierté dans les yeux.

-Bien joué. Mais n'oublie pas, la vie ne te félicitera pas toujours pour tes bons coups. Parfois, tu seras récompensé par le silence, et parfois, par la critique. 

La partie continuait, chaque coup étant une leçon déguisée. Il utilisa ses tours pour verrouiller mes mouvements, m'enseignant la notion de restriction et de contrôle. 

-Les tours représentent les règles et les limites imposées par la société. Elles peuvent te protéger, mais aussi te contraindre. Il faut apprendre à les utiliser à ton avantage. 

Je savais que chaque mouvement était crucial. Je devais rester concentré et réfléchir à plusieurs coups à l'avance. J'ai déplacé mes pièces avec précaution, cherchant une ouverture.

-La prévoyance est une qualité essentielle,  a-t-il dit en avançant un pion. Anticiper les actions de tes adversaires te donne un avantage. Mais la prévoyance ne garantit pas la victoire, elle augmente seulement tes chances. 

Je l'écoutais attentivement, absorbant chaque mot. Le jeu d'échecs était une métaphore de la vie, chaque pièce représentant un aspect différent de l'existence.

Il a poussé un pion vers l'avant, provoquant une réaction de ma part. 

-La provocation peut être une tactique efficace, mais elle comporte des risques. Dans la vie, provoquer les autres peut entraîner des conséquences imprévues. Utilise-la avec prudence. 

J'ai répondu avec une attaque bien planifiée, déplaçant mon fou pour menacer sa dame. Il a hoché la tête avec approbation. 

-L'audace peut mener loin. Il faut parfois prendre des risques pour saisir des opportunités. Mais n'oublie jamais de mesurer ces risques. Une audace mal calculée peut mener à la ruine. 

PALOMINOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant