Attends, quoi ?!!

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J'étais allongée sur le dos. Mes larmes ne cessaient de couler le long de mes tempes. Je fixais le plafond. Mes yeux s'alourdissaient petit à petit et je finis par m'endormir.

La faim me réveilla aux alentours de 9h. Personne n'était encore levé. Mes jambes me portèrent jusqu'à la cuisine où je me servis deux tartines de confiture à l'abricot ainsi qu'un yaourt à boire. J'engloutis mon petit déjeuner en moins de qu'il n'en faut pour le dire.

Je ne voulais voir personne alors je m'empressai de retourner dans ma chambre avant que quiconque daigne se lever. J'emportais mon ordinateur portable au passage, ainsi que deux paquets de chips, des bâtonnets de saucisson et une boite de tomates cerises. Arrivée dans ma chambre je déposai mes victuailles avant de prendre un post-it et d'y inscrire « Je ne veux voir personne, je me suis pris de quoi manger ! Bisous. À demain. Prune » puis je le collai sur la rampe d'escalier. Ainsi j'étais sûre qu'on ne me dérangerait pas. Ma mère savait très bien que, lorsque je faisait ça, il valait mieux me laisser tranquille.

Lorsque je me sentais mal, j'écrivais des poèmes. Court ou long, avec rîmes ou sans, peu importe ! Ils venaient du cœur.

« Une rivière de sang

S'écoulait lentement

Le long de ma peau blême.

J'avais préparé les chrysanthèmes

Mes proches pourraient les déposer

Sur la pierre grise et neuve,

Certains feraient semblant de pleurer

D'autres traverseraient une dure épreuve.

Pourquoi rester

sur cette terre en flammes

Lorsque l'on pouvait

Mettre au repos son âme.

Mes deux poignets ouverts

Allongée sur le sol,

Qui de lettres était couvert,

Mon âme s'envola, frivole. »

Ma journée se résuma à écrire quelques poèmes de ce style, manger et regarder des films sur mon ordinateur portable. Rien d'extraordinaire mais j'avais besoin de me retrouver seule avec moi même.

J'eus plusieurs fois l'envie de reprendre cette lame. De me faire du mal. De ressentir le plaisir que j'éprouvais à me faire souffrir. De voir les gouttes de sang couler le long de mon bras avant de violemment heurter le parquet. Mais je me contenus. Je pris sur moi pour ne pas être tenter de recommencer. Je savais que ce n'était pas bien et pourtant j'en mourrais d'envie.

Je ne sortis de ma chambre qu'une fois, après avoir entendu Anthony, ma mère et Lou. Il fallait que je soulage ma vessie et que je remplisse ma gourde ma gourde.

Je ne les entendis même pas rentrés, c'était comme si mon casque avait fusionné avec mes oreilles.

Je m'endormis finalement un peu après 2h devant un film, tant pathétique que je n'ai jamais pris le temps de le terminer.

Lorsque je me réveillai, il était déjà 12h45. J'enfilai mon pull et me résignai à sortir de la grotte qui me servait de chambre. Je devais ressembler à un cadavre.

Je descendis les escaliers, encore ensommeillée. Lou me vit et me courra dans les bras.

- Pruuuuuuuuuune !! hurlait-elle.

- Laisse ta sœur se réveiller tranquillement ! dit ma mère qui arrivait à son tour dans l'entrée. Ça va toi ? me demanda-t-elle.

Elle semblait inquiète.

- Oui, ne t'en fais pas pour moi ! lui répondis-je avec un sourire que j'essayais de rendre le plus rassurant possible.

- On devrait avoir une petite conversation dans la journée ! Mais pour le moment, je vais chercher du pain pour le repas !

Elle m'avait dit la seule chose que je ne voulais pas entendre... « avoir une petite conversation » je m'étais clamée et elle allait remettre de l'huile sur le feu...

Elle sortis de la maison et Lou en profita :

- Pourquoi que t'es pas sortis de ta chambre hier ?

- Je voulais rester un peu toute seule... et on dit « pourquoi tu es » pas « pourquoi que t'es » dis-je, un léger rictus moqueur sur mon visage.

Apparemment satisfaite de ma réponse, elle retourna dans sa chambre.

Je déjeunai rapidement avant de remonter à l'étage. Il fallait absolument que je range ma chambre. Ma pile de vêtements sales était presque aussi haute que moi, des éclats de chips était éparpillés sur le sol. Le mur avait était aspergé de jus de tomate cerise et les pépins qui allaient avec y était accrochés comme des moules à leur rocher. Ma coiffeuse était étouffée par une montagne de produits de beauté. Et, la cerise sur le gâteau, neige avait fait pipi sur le tapis qui était tellement gigantesque que je fus, par la suite, obligée de nettoyer à la main.

Je passa une grande partie de la journée (qui était déjà bien avancée) à ranger et laver ma chambre de fond en comble, j'avais bien évidement manger entre deux coups de balais ! Et contre toute attente, ma mère ne me rappela la « petite conversation » que l'on devait avoir. Mais bon je ne me réjouissais pas trop vite, elle n'avait sûrement juste pas eu le temps ou quelque chose comme ça... ce qui est sûr c'est qu'elle n'avait pas oublié, loin de là !

Comme je l'avais deviné, la conversation eut lieu le lendemain, dans la matinée...

- Prune, est-ce qu'on peut aller discuter dans le bureau s'il te plaît ?

Cette question n'en était, en réalité, pas une... je ne pouvais pas refuser alors je répondis :

- Oui ! avec un sourire plus que faux mais qui, apparemment, paraissait vrai car ma mère semblait l'avoir cru...

Nous nous assîmes chacune sur un pouf, face à face.

- Tu voulais qu'on parle quoi ?

- Tu sais très bien de quoi je veux qu'on parle Prune ! Ta petite crise de lundi ! Rester enfermée dans sa chambre toute la journée tu crois réellement que c'est une solution ? elle avait déjà un ton énervé...

- Alors, déjà calme toi, je...

- Ne me dis pas de ma clamer non ! Tu veux faire la grande mais tu n'es qu'une enfant capricieuse !

- Laisse moi parle m'man ! rétorquai-je sur un ton plus froid que le premier.

Elle eut un air légèrement ahuri mais se tut.

- Pour commencer, non je ne suis pas une fille capricieuse ! Ensuite ce « caprice » comme tu l'appelles m'a fait du bien. Ce que tu m'as dit dimanche soir m'a blessée, je sais que tu ne voulais pas que Lou apprenne ce qui est arrivé à papa mais il reste son père.

- Non son père c'est Anthony.

- Attends, attends quoi ?!!

Ma respiration se faisait de plus en plus saccader, je sentais la crise d'angoisse arrivée mais je me calmai... je ne sus pas comment mais je réussi à résister pour donner à ma mère l'occasion de s'expliquer.

PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant