Comme je l'avais prévu, sur le chemin du retour je dus manger le reste de le glace de Lou car elle n'avait plus faim...
- Les filles vous êtes enfin rentrées ! Je me suis inquiétée Prune ! cria ma mère tandis je passais le pas de la porte.
- Oui... pardon maman je... je voulais juste l'amener manger une glace et je me suis rendue compte là-bas que je n'avais pas mon téléphone... je suis désolée !
- C'est bon pour cette fois mais ne me refais pas vivre une frayeur pareille !
- Maman, j'ai mangé de la glaaace ! répétait ma sœur, enjouée.
- C'est bien ma puce !
- Il est pas là Anthony ? demanda-t-elle.
- Non il est resté à l'hôpital, Marie le ramènera toute à l'heure !
- Lou, monte un peu dans ta chambre je voudrais parler à maman ! dis-je alors.
- Pfffff... ok...
Elle monta, déçue de ne pas pouvoir prendre part à la conversation.
- Tu veux me parler ?
- Oui... quand Lou est rentrée, d'ailleurs tu aurais dû m'appeler que je vienne la chercher elle n'aurait pas du rentrer seule...
- Mais non ! rit ma mère. Je l'ai juste laissé au bout de la rue ! Je ne l'aurais pas laissé faire toute la route toute seule quand même !!
- Ah... ça me rassure !
- Donc quand elle est rentrée...
- Oui euh... elle m'a demandé pourquoi on n'avait pas de père comme tout les autres enfants...
- Et tu lui as répondu quoi ?
- Et ben... je lui ai tout raconté... je n'ai pas pu lui mentir...
- Prune ! cria ma mère les sourcils froncés. Je te l'ai déjà dit, on doit préserver ta sœur !
- Oui m'man... je sais mais je ne pouvais pas lui mentir sur ça... je suis désolée mais elle a bien le droit de savoir !
J'avais répliqué cette dernière phrase sèchement et ma mère l'avait bien remarqué...
- Ne me parle pas sur ce ton Prune ! Je suis ta mère et je n'ai déjà pas pu te préserver toi mais j'aurais aimé me rattraper avec ta sœur ! Mais tu gâches tout une fois de plus !
Là, ce fut la goutte de trop, je montai à grande enjambé, rentrai dans ma chambre, claquai la porte et m'effondrai en larmes. Je ne méritais pas tout ce que j'avais, ma mère devait avoir raison...
Dans la panique, dans la détresse, je pris un taille crayon que je détruisis à l'aide d'une gourde en ferraille pour en récupérer la lame. Je me l'enfonçai doucement dans la peau de mon avant-bras et la fit glisser tels une surfeuse le long d'une vague, lentement mais avec tant de plaisir... Je ne méritais que ça... Ça me faisait mal, mais ça me faisait du bien. Toutes mes peines se regroupèrent autour de la lame qui s'engouffrait peu à peu dans ma peau. Je la retirai et le sang coula, chaque goutte représentait une larme, un pleur si douloureux qu'il me rongeait de l'intérieur. Je glissai le long de ma porte et lorsque je me vis dans le reflet de la vitre, c'est un monstre qui apparu... le monstre que j'étais... j'avais révélé à la personne que j' aimait le plus au monde, la chose qui avait détruit ma vie... et qui allait probablement détruire la sienne...
J'étais perdue dans le violent flot de mes émotions, un torrent infini dans lequel se confondait anxiété, tristesse, peur, hyper-sensibilité... seulement par moment la tempête se calmait pour laisser place à une éclaircie mais, malheureusement, cette dernière ne durait jamais longtemps... il y avait toujours, une pensée, un geste, un mot qui réveillait l'océan de mal-être qui se cachait en moi et qui me rappelait à la réalité : je ne méritais pas d'être heureuse... du moins c'est ce que je pensais...
Soudain, on frappa à ma porte.
- Ma chérie ? Est ce qu'on peut discuter s'il te plaît ?
Je me racla la gorge avant de répondre en essayant de prendre le ton le plus naturelle possible... c'était la seule chose que je savais à peu près faire : cacher mes émotions et faire comme si tout aller bien...
- Hum... oui, euh attends une minutes...
Je pris un mouchoir afin d'essuyer les larmes de sang qui s'échappaient toujours de mon bras puis je mis le premier pull que j'avais sous la main. Ma mère ne devait pas savoir ce que j'avais fait, JAMAIS !
J'ouvris la porte. Et nous nous assîmes sur le lit. Mes yeux étaient gonflés et ma mère comprit rapidement que j'avais pleurer.
- Ça va Prune ?
- Oui maman, tu viens de me dire que je gâchais toujours tout donc bien évidemment que tout va très bien ! répondis-je du ton le plus sarcastique possible.
- Ecoute... je voulais m'excuser... je sais que ce n'est pas une raison mais je manque de sommeil... ce week-end a été très éprouvant pour nous tous...
- En effet ce n'est pas une raison. Tu as finit ?
- Oui...
- Bien ! Je t'invite donc à sortir de ma chambre, la porte est juste là !
- Mais ?...
- « Mais » quoi maman ! Tu m'as dit quelque chose qui m'a blessé alors, non, ce n'est pas parce que tu es ma mère que je vais te le pardonner sans rien dire. Maintenant laisse moi seule. S'il te plaît.
Ses yeux devinrent brillant, ses joues rouges et ses lèvres tremblaient, signe qu'elle culpabilisait. Et c'est exactement ce que je voulais faire, la faire culpabiliser un bon coup.
J'aimais ma mère, elle m'avait mise au monde, m'avait nourrie, m'avait logée, m'avait élevée. Mais en aucun droit et sous aucun prétexte elle pouvait me parler ainsi en espérant que tout s'arrange avec un simple « pardon ».
Quelque chose que j'avais appris en grandissant, les excuses ne réparent pas les blessures.
Depuis ce jour là... mon besoin de m'entailler le bras devenait de plus en plus grand, de plus en plus puissant, il s'emparait de moi petit à petit et j'étais incapable de faire quoi que ce soit...
J'étais impuissante.
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Père
Fiction généraleSuivez la vie de Prune, à travers ses yeux, qui se voit bouleversée après le décès de son père. ⚠️TW : Violences, automutilation, deuils ⚠️