Nous marchions à la lueur de nos lampes frontales. Neige effectuait des allés-retours au pas de course tout en jappant de joie. Les lampadaire était éteint, nous étions seuls dans Lyon. Nous voyions quelques voitures passer de temps à autres, ou bien leur phares traverser les rues d'en face.
Une goutte tomba sur le bout de mon nez.
- Oh ? lançais-je comme un automatisme en levant la tête vers le ciel étoilé.
- Qu'est qu'il y a ? me demanda Corentin.
- Je crois qu'il pleut...
Une deuxième goutte s'écrasa sur le sommet de mon crâne cette fois ci.
- Il pleut, râlai-je.
Quelques seconde plus tard, la pluie s'abattit sur nous. Une légère pluie ? Non, non, bien sûr que non, une pluie torrentielle s'abattit sur nous !
Ma chienne essayait tant bien que mal de trouver un refuge sur le perron des maisons, sous les buissons, sur le côté des voitures garées, tout était bon à prendre. Nous étions bien trop loin de la maison pour rentrer sous l'eau alors nous trouvâmes un abris, devant la banque si je me souviens bien. Corentin riait aux éclats, Neige ne cessait de s'ébrouer tout près de moi et j'étais donc trempée de la tête aux pieds.
Nous nous assîmes sur les marches de pierre froides. Puis, sans prévenir Corentin lança une musique depuis son téléphone. Une musque de bal, un bal où toutes les dames de la haute cour se réuniraient. Robes bouffantes, froufrous, escarpins et gants de soie seraient au rendez-vous. Il se leva, se mit face à moi et effectua une légère courbette en me tendant sa main. Je la lui pris et il déposa un doux baiser sur la mienne. Soudain je reconnu la musique, c'était celle sur laquelle on avait dansé au mariage. Il commença à m'emporter sous la pluie dans une valse plutôt... étrange.
Nos vêtement dégoulinait, nos chaussure faisaient le bruit des éponges que l'on presse à chaque pas. On aurait pu croire que nous venions de sortir de la douche vu l'état de nos cheveux. Nous riions de bon cœur.
Lorsque la musique s'arrêta, Corentin me bascula en arrière avant de m'embrasser, exactement comme dans les films. J'avais des étoiles dans les yeux. Il me redressa et nous nous regardâmes encore plusieurs seconde sous l'eau. Neige était toujours assise sagement quand nous retournâmes sous notre abris quelques instants après.
Ma tête appuyée sur l'épaule de Corentin, j'écoutais les gouttes s'écraser une à une sur le bitume.
- Co' ?
- Oui princesse ?
- Je t'aime, lui dis-je.
Il abaissa sa tête en ma direction, les yeux brillants. De fatigue ou d'émotivité... peut-être les deux, peu importe.
- Je t'aime aussi, répondit-il.
Mes yeux s'emplirent de larmes et, j'en était certaine, ce n'était pas de la fatigue.
Soudain un éclair illumina le ciel et quelques centièmes de seconde après, le tonnerre s'abattit tel un coups de fusil. Le bruit était sec et tranchant ce qui nous fit sursauter.
- Il est tout proche, chuchotais-je comme si l'orage pouvait m'entendre.
- C'est rien... répondit Corentin sur le même ton.
Neige, prise de peur aboya et je dus me rapprocher d'elle pour la calmer. Elle se faufila sous mes jambes et s'y installa, couinant de terreur. Ma chienne était peureuse, mais ce qu'elle détestait plus que tout, c'était les orages.
Une deuxième fois, la foudre tomba, plus près encore de nous. Les battements de mon cœur s'accélérèrent et ma respiration fut de plus en plus lourde.
Corentin me serra un peu plus fort dans ses bras. Je tremblait de peur et de froid. La pluie ne voulait cessait de tomber et le ciel de grogner.
- Ça va aller princesse, je suis là, tu n'est pas toute seule, répétait-il dans un murmure rassurant.
J'enroulais machinalement les poils de Neige entre mes doigts, autant pour la calmer elle que pour me calmer moi.
J'entendis une voiture arriver au loin, le bruit des pneus dans les flaques se rapprochaient de nous. Nous redressâmes automatiquement la tête. La lueur des phares apparurent. La personne au volant roulait bien trop rapidement sous un temps pareil.
Soudain, un flash m'aveugla. Je ne voyais plus qu'un mur blanc devant mes yeux. Tout alla si vite. Sans même que j'ai pu recouvrer ma vue, un bruit fracassant m'étouffa les tympans. Je crus que je vivait mes derniers instants.
Peu à peu, le mur blanc disparut pour faire place à une scène plus horrifiante encore.
Tremblante, je cherchais le regard de Corentin. Il avait les yeux comme glués à l'accident qui venait de se produire devant nous. Je voulus parler mais les mots s'étranglèrent au fond de ma gorge et aucun son ne sorti. Les larmes dévalaient mes joues, ma chienne gémissait toujours cachée sous mes jambes. Tout a basculé si vite.
Corentin attrapa son téléphone et composa le numéro des pompier. Il posa le téléphone entre nous sur la marche, le haut-parleur activé.
- Bonjour, qu'est ce qu'il se passe ? demanda une voix d'homme.
- Je... je... il y a... eu un... un accident, répondit difficilement Corentin, encore sous le choc.
- Accident de la route ?
- Oui.
- Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Euh... y avait de... euh de l'orage et euh... un flash blanc et...
Un bruit ressemblant à un coup de fusil retentit. Ce n'était pas l'orage non. C'était les pneus de la voiture en feu qui explosaient.
Même un cri de terreur ne voulut sortir de ma bouche.
- Quand j'ai ouvert les yeux la voiture était dans les flammes, poursuivit-il
- D'accord petit. Donne moi l'adresse et ton numéro de téléphone s'il te plaît.
- Euh... je suis devant la banque à Lyon... euh je ne sais pas comment elle s'appelle... répondait Corentin
C'est là que je parvins à articuler :
- LCL.
- La banque LCL, répéta-t-il. Et mon numéro c'est 06 40 79 15 32.
- Combien y a t-il de personne dans la voiture ?
- Euh je sais pas.
- Bien, on envoie une ambulance, tu n'es pas obligé de parler mais reste en ligne jusqu'à ce qu'on arrive d'accord ?
Corentin acquiesça.
VOUS LISEZ
Père
General FictionSuivez la vie de Prune, à travers ses yeux, qui se voit bouleversée après le décès de son père. ⚠️TW : Violences, automutilation, deuils ⚠️